Quin
Je n’arrive pas à croire que Lou m’ait convaincu de faire ça. L’instant précédent, elle dit que mes parties intimes allaient finir par tomber si je ne les utilisais pas. Et, avant que je ne m’en rende compte, je me retrouve en train de lui hurler que ce n’est pas censé être le but de l’université. Elle me dit ensuite que c’est exactement ça, bien au contraire. Et ce qui est encore pire, c’est qu’elle a raison, à mon sujet du moins.
Il m’a fallu longtemps pour décider d’aller à l’université. Ce n’est pas que je ne crois pas en l’éducation supérieure, au contraire, je suis pour. Le problème était que je n’étais pas allée dans un lycée traditionnel. Dans notre école, nous explorions nos centres d’intérêt, les dévorions comme une boite de cookies, puis organisions un cours où nous enseignions ce sujet à ceux qui étaient moins passionnés.
Lorsque j’explique ça aux autres, ils ne parviennent pas à comprendre, mais dans mon école, ça fonctionnait. Il s’agissait d’une école spéciale pour les enfants précoces et j’ai été la première à y obtenir mon diplôme. Lorsque j’ai atteint les 18 ans, j’avais l’équivalent de plusieurs diplômes avancés dans de multiples sujets, donc à quoi est-ce que l’université pourrait bien me servir ?
Après avoir fini le lycée, je suis restée pour donner des cours et en tant qu’assistante-principale. Et l’année suivante, j’ai voyagé. J’ai passé quelques semaines en Afrique et en Asie puis ai fini par voyager à travers l’Europe avec mon sac à dos.
Le voyage m’a aidé à mettre les choses en perspectives. Ouais, j’avais beaucoup d’informations théoriques sur de nombreux sujets. Mais, à sa capacité maximale, mon lycée n’accueillait que 50 élèves. En plus de ça, ils étaient tous comme moi. Nous apprenions tous rapidement et nous venions tous du même milieu new-yorkais vivant dans des penthouses.
J’étais suffisamment intelligente pour savoir que la vie ne se résumait pas à ça. Oui, les trois mois que j’avais passés à voyager m’avaient donné de la perspective. Mais cette perspective était que je ne connaissais rien aux choses qui importaient.
Je n’avais jamais été amoureuse. Je n’avais jamais couché avec qui que ce soit. Je n’avais même jamais eu de meilleure amie. Quel genre de vie avais-je vécu ?
Donc, plutôt que de croire que je pouvais réinventer la roue, j’ai fait ce que tous les autres jeunes de mon âge faisaient, j’ai trouvé une école la plus différente possible de mon lycée et je me suis inscrite. Qu’est-ce qu’il y a de plus différent de New York que le Tennessee. Et, en contraste avec les gratte-ciels de 150 mètres et de la jungle de béton, j’ai choisi l’université de East Tennessee, où la traversée du campus était quasiment une promenade dans la nature.
J’ai même rempli mon questionnaire de compatibilité de colocataire et suis tombé sur Louise, qui préfère qu’on l’appelle Lou et qui est la fille la plus obsédée par les garçons que j’ai rencontré de ma vie. Elle avait eu plus de rencard que je ne connaissais de prénoms masculins. J’ignorais comment elle faisait, elle aurait pu obtenir un rendez-vous dans un bar gay.
De mon côté, j’étais à l’Université d’East Tennessee depuis des mois et personne ne m’avait demandé mon numéro. Lou disait que c’était parce que je ne sortais jamais de notre chambre. Je lui répondais qu’elle tentait de me faire sortir juste pour ramener des garçons chez nous. Elle disait « Évidemment, » puis me renvoyait au visage ce que je lui avais expliqué comme étant la raison de ma présence ici.
« Tu ne peux pas rencontrer de nouvelles personnes en restant enfermé dans cette chambre. Et, j’ai beau t’adorer, Quin, tu n’obtiendras pas ce que tu veux de moi. Ne te méprends pas, si j’aimais les filles je m’empresserais de te passer l’anneau au doigt, mais ce n’est pas le cas. Ce qui signifie que le seul endroit où tu passes chaque minute de ta vie éveillée et l’unique endroit où tu ne devrais pas être. »
« Je vais en cours, » ai-je rétorqué.
« Argh ! Si tu le dis. Écoute, tu veux prouver que tu n’es pas venu ici pour observer les gens du peuple en attendant que ton père te donne un poste dans son entreprise de fabrication de voiture, ou de fusée, ou quoi que ce soit d’autre ? Alors, je veux que tu sortes et que tu t’amuses, jeune fille, » dit-il en me tapotant avec son doigt.
« Ouille, Lou ! »
« Si ce n’est pas vrai alors, va le faire. Mélange-toi aux gens. »
« Arrête ! »
« Prouve-moi que j’ai tort ! Ne te contente pas de dire que tu veux une vie, trouve-t ’en une. »
« Je vais le faire ! » Ai-je dit, furieuse.
« Bien ! »
« Bien ! »
« Et je veux des preuves. Lorsque je reviendrai ici ce soir, je veux voir un homme nu dans ce lit, et je veux voir de la honte, mademoiselle. En quantité. »
« Il y en aura ! Tu en auras tout ton saoul. Parce que tu auras complètement tort… Et tout ça. »
« Bien. »
« Bien. »
« Je suis sérieuse, Quin. »
« Moi aussi. »
Donc me voilà, marchant à travers le campus en direction de la seule fête que mes recherches de dernière minute aient pu trouver. L’équipe de football de l’université d’East Tennessee avait battu l’université de West Tennessee, leur rival local, et la fraternité des joueurs organisait une fête. Rien de tout ça ne me paraissait amusant, mais j’y allais… Parce que Lou m’avait piégé. Et dire que je pensais être la plus intelligente des deux.
Très bien, je vais y aller. J’obtiendrais des preuves de ma présence, puis j’irais dans un coffee shop et lirais un livre sur mon téléphone.
Je savais qu’elle avait parlé de trouver une personne nue dans mon lit, mais il était impossible que ça se produise. Croyez-moi, j’avais essayé. Je ne savais pas ce qu’il y avait chez moi qui faisais que personne ne voulait être avec moi, mais c’était ma situation.
En plus, j’ai tendance à avoir un faible pour les types plus âgés et je ne vais pas trouver ça sur un campus universitaire. À moins d’envisager les professeurs et je ne vais pas me lancer là-dedans. Non. On dirait que je vais devoir accepter de passer le reste de ma vie comme une triste vierge solitaire.
Est-ce que je venais de m’autohumilier ? Je crois que oui. À cet instant, je n’étais vraiment pas d’humeur pour une fête.
Une fois arrivée au coin de la rue, j’ai pu entendre la musique venant de la maison de la fraternité avant de la voir. C’était intimidant. J’ai dû me servir de la colère que je ressentais en repensant aux paroles de Lou pour continuer à aller de l’avant.
Faisant face à mon mort imminente, j’ai failli rester paralysée. J’étais juste mauvaise pour ce genre de choses. Jamais je n’allais pouvoir me mélanger ou me faire des amies ou quoi que ce soit que faisaient les gens de mon âge.
Nouveau plan : je n’allais pas y aller. J’allais obtenir ma preuve par contre. J’allais m’approcher de l’une de la demi-douzaine de personnes se trouvant dehors, demander de prendre un selfie avec elle, puis partir d’ici le plus rapidement possible.
En regardant autour de moi, j’ai vu des gens en train de fumer, de parler en cercle avec des verres rouges et un type qui se tenait tout seul. Cela rendit le choix facile. Tout ce que j’avais à faire c’était de l’aborder, lui demander de prendre un selfie, le faire et partir. Je pouvais faire ça. Je n’étais pas une malade finie, je pouvais parler à une personne.
J’ai serré les lèvres, rassemblé mon courage et me suis approchée rapidement. Je n’allais pas trop réfléchir. J’allais juste le faire et en finir.
« Excuse-moi, je peux faire un selfie avec toi ? » Ai-je demandé à l’homme qui me tournait le dos.
« Tu veux faire un selfie avec moi ? Pourquoi ? » Dit le garçon avec une pointe d’irritation dans la voix alors qu’il se tournait.
Waouh !
Vous voyez cette sensation lorsque vous voyez quelque chose qui vous coupe le souffle ? Des chatouillis chauds commencent dans le dos de vos mains et montent dans vos bras avant de s’installer dans votre visage alors que la chaleur vous fait tourner la tête ? C’est ce qui s’est passé lorsque nos regards se sont croisés. Ce type était magnifique.
Sa peau couleur crème contrastait avec ses cheveux d’un noir de jais et ses yeux bleu océan. Sa mâchoire semblait gravée dans du marbre. Il y avait des fossettes, tellement de fossettes, dans ses joues, sous sa lèvre inférieure, au bout de son menton. Il y en avait partout.
En plus de ça, il était imposant. Il faisait dix centimètres de plus que moi au moins et était deux fois plus large. Ce ne voulait pas dire grand-chose vu à quel point j’étais légère. Et ne me lancez pas sur la radinerie de la fée des seins à mon égard, mais ses muscles saillants semblaient avoir des muscles. Mon Dieu, ce qu’il était beau !
Je ne pouvais pas parler et il attendait clairement que je le fasse. Il m’avait posé une question. Qu’est-ce que c’était ? Ah ouais ! C’était pourquoi je voulais un selfie avec lui, ce qui semblait le contrarier.
Est-ce que je l’avais mis en colère ? Est-ce qu’il était bizarre de demander un selfie à un total inconnu ? C’était probablement le cas ! Merde ! À quoi est-ce que je pensais ?
« Désolée, » ai-je marmonné avant de forcer mes jambes à avancer dans la direction opposée.
J’ai fait deux pas avant qu’il ne reprenne la parole.
« Attends ! Ne pars pas. »
Je me suis arrêtée.
« Je suis désolé. Je ne voulais pas être brusque. Si tu veux un selfie, j’en prendrais un avec toi. »
« Non, ce n’est rien, » ai-je dit, voulant le regarder à nouveau, mais ayant peur d’en perdre le souffle si je le faisais.
« Non vraiment. Ce n’est rien. Tu peux en prendre un. Je ne sais pas pourquoi quiconque en voudrait un. Mais ce n’est rien. Je serais content d’en prendre un avec toi. »
C’est alors que je l’ai regardé à nouveau. Je comprenais ce qu’il disait. Il parlait comme un type qui avait l’habitude que les gens demandent à prendre une photo avec lui. Je savais ce que c’était. C’était en partie pour ça que j’avais choisi une université au milieu de nulle part. Je voulais être quelque part où l’on ne me verrait pas comme Harlequin Toro, la fille étrange de deux des plus grands génies au monde.
Ce n’était que moi ceci dit. Pourquoi est-ce que les gens lui demandaient des selfies ? C’était le plus bel homme que j’avais jamais vu. Est-ce que des inconnus venaient le voir, impressionnés par sa beauté ? Je ne serais pas surprise que ce soit le cas.
« Je, humm, ne demandais pas un selfie parce que je sais qui tu es. Je ne te reconnais pas. Je ne sais pas qui tu es, » ai-je expliqué.
Le type recula la tête, surpris. Alors que je l’ai regardé, sa peau pâle devint rose.
« Oh ! D’accord. Alors… » Il secoua la tête comme s’il essayait de décrocher quelque chose. « Je suis désolé, pourquoi est-ce que tu veux faire un selfie avec moi ? »
« Ce n’était pas toi, c’était avec n’importe qui, » lui ai-je dit.
« Tu voulais un selfie avec n’importe qui ? Pourquoi ? »
J’ai soufflé alors que j’ai repensé à ma situation.
« C’est ma colocataire. Elle m’a dit que je devais sortir et m’amuser. Elle a dit qu’elle voulait une preuve… »
« Et le selfie allait être cette preuve ? »
« Ouais. »
« Donc après que tu aies pris le selfie… Quoi ? Tu allais partir ? »
« Ouais. »
L’homme magnifique me regarda comme si j’étais le monstre que je suis. Un sourire se dessina sur son visage. Cela m’aurait donné un mauvais pressentiment si, à la place, il ne m’avait pas plutôt donné envie de fondre dans la pelouse.
« Ça va te paraitre fou, mais tu es là. Pourquoi ne pas entrer et t’amuser un peu pour de bon ? »
« Je ne suis pas douée pour ce genre de choses. Tu sais, se socialiser. »
« Par chance, c’est un domaine dans lequel je suis très doué. Et si nous passions un marché ? Je te donnerais ton selfie comme preuve pour ta colocataire, mais tu dois entrer et réellement essayer de passer un bon moment. Je vais te présenter quelques personnes. Comme ça, lorsque ta colocataire te posera des questions sur ta soirée, tu n’auras pas à mentir, » dit-il alors que son visage explosait en une myriade de fossettes.
Je l’ai regardé. « Pourquoi est-ce que tu ferais une chose pareille ? »
Il m’a regardé en penchant la tête, perplexe.
« Peut-être que je suis simplement sympa. Peut-être que je trouve que tu es cool et qu’il serait sympa de traine ensemble. Peut-être que je te drague. »
Un frisson me parcourut en entendant le mot « draguer ». Que se passait-il ? Est-ce que je plaisais à ce type ? Est-ce qu’il se passait quelque chose entre nous ? Est-ce qu’il y allait avoir un type nu et honteux dans mon lit lorsque Lou rentrerait après tout ?
« Humm, d’accord, » ai-je dit, certaine que je devenais rouge vif.
« Cage, au fait. »
« Quoi ? »
« Mon nom. » Il m’a regardé. « Et toi tu t’appelles ? »
« Oh. Quin. »
« Cool. J’aime ce nom. »
« Merci, c’est un cadeau de mes parents, » dis-je, perdant le contrôle de ma langue.
Cage éclata de rire.
« Je veux dire, évidemment que mes parents me l’ont donné. »
« Ce n’est pas forcément évident. Mes parents ne m’ont pas appelé Cage. »
« Qui l’a fait ? Un oncle ou quelqu’un ? »
« Non, c’est moi. »
« Alors quel est ton nom de naissance ? »
Cage me regarda comme si ses pensées se télescopaient dans sa tête. « Et si je t’emmenais à l’intérieur et que je te faisais visiter ? »
« Donc, je suppose que nous allons oublier cette question ? »
Cage lâcha un rire inconfortable. « Tu n’as pas vraiment de filtre, pas vrai ? »
Je me suis figée. Ce n’était pas la première fois que j’entendais ça. La fois d’avant, c’était sorti de la bouche du dernier type pour lequel j’avais eu un faible.
« Je suppose que non. C’est une mauvaise chose ? »
« En fait, je trouve ça assez rafraichissant. »
« Oh, d’accord, » dis-je, tombant encore plus sous son charme.
« Tu as un beau sourire. »
« Je n’avais pas réalisé que je souriais, » lui ai-je dit.
« C’est le cas, » me dit-il en souriant à son tour.
« Toi aussi. C’est très agréable, » lui dis-je, sentant mon cœur s’emballer et ne sachant pas quoi faire pour y remédier.
Cage me fit monter les escaliers, passer sur le porche puis entrer dans la maison de la fraternité. Il était difficile de le quitter des yeux, mais lorsque je l’ai fait, j’ai été surprise par ce que j’ai vu. Je ne savais pas à quoi je m’attendais, mais pas à ça. Le large salon était peu décoré, mais rempli de monde. Tout le monde avait un verre rouge à la main et se parlait comme s’ils étaient amis.
« Il est encore tôt, » expliqua Cage.
« Comment ça ? » Ai-je dit en élevant la voix par-dessus la musique country-pop.
« Il y aura plus de monde plus tard. »
« Plus que ça ? » Ai-je demandé en regardant ce qui me semblait être une horde.
Cage rit doucement. « Ouais. »
« Merde. D’accord. »
« Cage ! » Dit un type imposant en passant ses bras autour de Cage, me faisant renverser sa boisson sur le t-shirt de Cage. « Oh, je t’ai mouillé ? »
« Ce n’est rien, » dit Cage d’un ton détendu. « Dans, voici Quin. »
Dan se tourna vers moi et me fixa du regard. « Quin ! » Dit-il, mettant enfin un terme à la gêne. « Est-ce qu’il tente de te recruter ? »
« Quoi ? » Ai-je demandé, perplexe.
« Est-ce qu’il essaie de te faire entrer dans l’équipe de foot ? »
Je l’ai regardé, ne comprenant pas ce qui se passait. Est-ce qu’il était sérieux ? Me prenait-il pour un garçon ? Ce n’était pas comme si ça n’était jamais arrivé auparavant. Mais même s’il pensait que j’étais un garçon, je n’étais pas vraiment bâtie comme un type qui se jetait à toute vitesse contre des hommes de 100 kilos.
« L’équipe de foot ? »
Je me suis tournée vers Cage, perplexe.
Cage sourit. « Ne fais pas attention à Dan, il a pris quelques coups de trop au niveau de la tête. »
« De rien au fait, » dit Dan, sur la défensive.
« Vous faites tous les deux partie de l’équipe de foot ? » Ai-je demandé, comprenant enfin ce qui se passait.
Dan arrêta de jouer au sportif idiot et passa à nouveau les bras autour de Cage. « Non. Moi je fais partie de l’équipe. Lui, il est l’équipe. »
J’ai regardé Cage, cherchant une explication.
Il fit un sourire humble. « Je suis le quarterback. »
« Cet homme n’est pas simplement le quarterback, » dit Dan d’un ton moqueur. « C’est le type qui va nous mener à la victoire en championnat national puis va devenir pro. »
« Ohhhh ! Je comprends à présent. Le selfie. Tu pensais que je te demandais un selfie parce que tu es un joueur de foot connu. »
« Je ne suis pas un joueur de foot connu, » dit-il rapidement.
« Évidemment qu’il est connu. Il n’y a personne qui ne sache pas qui il est, » dit Dan fièrement.
J’ai regardé Cage pour voir sa réaction. Cage me rendit mon regard et lâcha un rire gêné.
« Tout le monde ne sait pas qui je suis. »
« Montre-moi une personne qui l’ignore, » le mit au défi, Dan.
Il me fit un sourire entendu. « Quin, tu veux un verre ? Je crois que tu as besoin d’un verre. Suis-moi.
« Content d’avoir fait ta connaissance, Quin, » dit Dan avant de s’éloigner.
« Donc, tu es un quarterback ? »
« Tu n’as pas entendu ? Je ne suis pas juste un quarterback, je suis l’équipe, » dit Cage d’un ton plein d’autodérision.
J’ai éclaté de rire. « J’ai entendu. Tu vas devenir pro ? »
« Bien sûr, » dit Cage sans enthousiasme avant de se tourner pour verser de la bière dans deux verres rouges.
« Tu n’as pas l’air ravi. »
« Non. C’est génial. Je suis pressé d’y être. C’est, ah, tout ce pour quoi j’ai travaillé, » dit-il en me tendant le verre et en le levant en l’air pour trinquer avec moi. « Aux nouveaux amis. »
J’ai touché son verre et ai pris une gorgée. « Cette bière est terrible, » ai-je dit en baissant les yeux vers mon verre.
Cage éclata de rire. « Non, dis-moi ce que tu penses vraiment. »
« Je veux dire qu’elle n’est pas très bonne, » ai-je expliqué.
Cage rit plus fort. Il arrêta et me regarda ensuite dans les yeux. Mon Dieu, ce que j’avais envie de l’embrasser !
« Je suppose que si je te demande si tu t’amuses, tu vas me dire la vérité. »
« Je m’amuse, » dis-je en m’approchant plus près, au cas où il veuille m’embrasser.
Cage me regarda avec un air malicieux. J’aurais pu jurer qu’il était sur le point de poser ses lèvres sur les miennes lorsqu’il dit, « Pourquoi est-ce que je ne te présenterais pas quelques personnes de plus ? »
« Plus de monde ? J’ai déjà vu deux personnes. Combien de gens supplémentaires peut-on rencontrer en une soirée ? »
« Haha. Un peu plus que ça, » dit-il en glissant sa main autour de mon épaule et en m’emmenant au loin.
Sentir son contact me donna des frissons. J’avais l’impression d’être tellement minuscule dans ses bras. Il était tellement grand et fort. Je n’arrivais pas croire que j’avais rencontré une personne comme lui. Je n’arrive pas à croire qu’il se comporte comme si je lui plaisais. Est-ce qu’une fille comme moi pouvait plaire à un type comme lui ? La possibilité fit se serrer mon cœur.
Cage me guida à travers la soirée, me présentant personne après personne. Il ne plaisantait pas quand il disait être doué pour se sociabiliser. Tous ceux à qui il me présentait étaient pendus à ses lèvres. Et, lorsque c’était à mon tour de parler, ils étaient aussi pendus aux miennes.
Je ne parvenais pas à savoir s’ils étaient juste gentils ou si être avec Cage me transformait en une version plus intéressante de moi-même. Quoi que ce soit, j’adorais cette sensation. Ce genre d’interaction avait toujours été compliquée pour moi, mais aux côtés de Cage, j’étais une personne différente.
Ce qui était encore mieux c’était qu’il saisissait la moindre opportunité de me toucher. Il me touchait l’épaule quand il me présentait. Son doigt pointé restait posé sur mon avant-bras qu’il mettait l’emphase sur un argument. Et, lorsque nous nous tenions épaule comme épaule comme si nous étions un couple, son épaule effleurait doucement la mienne lorsqu’il riait.
J’étais un morceau d’argile sans défense entre ses mains lorsqu’il en eut fini avec moi et je ne pouvais m’empêcher de penser à l’autre chose que Lou avait suggérée. A quoi ressemblerait Cage nu dans mon lit ?
Pendant que l’un de ses coéquipiers racontait une histoire en agitant les bras, je restais fixé sur Cage. Son attention complètement concentrée sur son ami, Cage sortit discrètement son téléphone de sa poche et y jeta un coup d’œil. Il le rangea rapidement et attendit que les bras aient fini de s’agiter avant de regarder son ami puis moi.
« Je déteste dire ça, mais je vais devoir y aller, » dit-il en posant sa main à l’arrière de mon bras.
« Oui, moi aussi, » ai-je dit rapidement.
« Ah ouais ? Où vas-tu ? » Demanda-t-il d’un ton enthousiaste.
« Je vais retourner dans ma chambre. »
« C’est où ? »
« Plaza Hall ? »
« Vraiment ? Je vais venir avec toi, » dit-il en me serrant le bras.
Mon cœur s’arrêta. Il allait venir avec moi ? Y étais-je ? Je n’arrivais pas à croire que ça allait peut-être vraiment arriver.
« Cool. »
Après avoir dit quelques au revoir, nous sommes sortis tous les deux dans la nuit. Je ressentais un mélange de terreur et d’excitation. Alors qu’un silence s’étirait entre nous, je me suis demandée pourquoi il ne disait rien. N’était-il pas censé être celui des deux qui était doué pour ce genre de choses ? J’étais sur le point de marmonner quelque chose lorsqu’il parla enfin .
« La nuit est claire. »
« Quoi ? »
« On peut voir toutes les étoiles, » dit-il en se tournant vers moi. « Tu as froid ? »
« Quoi ? »
« Tu frissonnes. »
Je tremblais. « Je suppose que je suis nerveuse, » ai-je admis.
« Qu’est-ce qui te rend nerveuse ? »
Mon visage se réchauffa. « Je l’ignore. »
Cage me regarda. « Tu es vraiment jolie, tu le sais ? »
« Toi aussi, je veux dire, tu es beau pas jolie » lui dis-je, tremblant encore plus.
Cage rit doucement. « Merci. Tu es contente d’être venue ce soir ? »
« Ouais, absolument, » lui dis-je en baissant les yeux au sol.
« Nous y sommes, » dit-il alors que nous approchions de la porte de mon bâtiment.
« Nous y sommes, » ai-je répété le cœur battant. « Tu veux entrer ? »
« Entrer ? » Demanda Cage, pris par surprise.
« Oui, » ai-je répondu timidement.
« Ahhh, » marmonna-t-il avant que la porte ne s’ouvre et qu’une fille en sorte.
« Cage ! » Dit-elle avant de le prendre dans ses bras et de se mettre sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur les lèvres.
Je suis restée bouche-bée, sous le choc. Que se passait-il ? Que venait-il d’arriver ?
La petite blonde au visage anguleux se tourna vers moi. « Qui est-ce ? »
« Ah, c’est Quin. Quin, je te présente Tasha. »
Tasha me lança un regard suspicieux alors que Cage semblait mal à l’aise.
« Tasha est ma petite-amie. »
« Comment connais-tu Cage ? » Me demanda Tasha.
J’étais trop surprise par tout ce qui se passait pour parler.
« Quin devait me demander un selfie. »
Tasha se tourna vers Cage, surprise. « Oh. Tu lui en as donné un ? »
« Pas encore, » dit Cage avec un sourire.
« Je peux le prendre, » se proposa Tasha. « Donne-moi ton téléphone, » dit-elle en s’approchant de moi en tendant la main.
Toujours sans voix, je lui ai donné mon téléphone et me suis tenue à côté de Cage.
« Dites ouistiti, » ordonna-t-elle.
« Ouistiti, » répondit Cage alors que je la regardais, sous le choc.
« Voilà, » dit-elle en me rendant mon téléphone. « Regarde-le. »
J’ai baissé la tête et ai vu mon humiliation sur mon écran. « Oui. »
« D’accord. Allons-y, j’ai faim, » dit Tasha en prenant le bras de Cage et le tirant au loin.
« J’ai été content de faire ta connaissance, » dit Cage en me regardant en partant.
« Oui. J’ai été contente de… te rencontrer, » ai-je marmonnée, certaine qu’il ne pouvait plus m’entendre.
J’ai regardé le couple fait l’un pour l’autre s’éloigner. Personne ne s’intéressait jamais à moi. Comment avais-je pu être aussi idiote ? Comment avais-je pu penser qu’un type comme lui puisse s’intéresser à une fille comme moi ?
Une fois qu’ils eurent tous les deux disparus dans les ténèbres, je suis entrée dans le bâtiment. Alors que je montais les escaliers dans un état second, j’avais envie de pleurer. Pourquoi est-ce que je ne plaisais jamais à personne ?
« Ne me dis pas que tu es allée dans un coffee shop et as lu un livre, » dit Lou, me faisant sortir de ma torpeur.
« Qu’est-ce que tu fabriques ici ? » Ai-je demandé, ne m’attendant pas à la voir.
« Argh ! Mon rencard n’en valait pas la peine. Mais ne change pas de sujet. Je ne vois pas d’homme nu à tout bras. Je ne vois aucun signe de honte. »
J’ai sorti mon téléphone, ai affiché la photo de Cage et moi et l’ai tendu à Lou.
« Qui est-ce ? »
« Cage. »
« Pourquoi as-tu l’air aussi triste, petite agnelle ? »
« Il a une petite amie, » lui dis-je avant de la regarder dans les yeux et de me mettre à pleurer.
« Ahhh, » dit Lou avant de passer ses bras autour de moi et de me serrer fort.
« Qu’est-ce qui cloche chez moi, Lou ? » Ai-je demandé alors qu’elle me guidait vers mon lit tout en me gardant dans ses bras pour m’enlacer alors que je pleurais.
Cage
Waouh ! Je n’ai jamais rien ressenti de pareil de toute ma vie. Lorsque je regardais Quin, je pouvais à peine me retenir. Je n’arrivais pas à ne pas poser mes mains sur elle. J’aurais pu rester à la fête avec elle toute la nuit. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais vivant.
Revenir à la réalité avait été une pilule difficile à avaler. Lorsque j’avais reçu le message de Tasha, j’avais eu l’impression que l’on me tirait le tapis sous les pieds. Je voulais rester là avec Quin. Je voulais voir jusqu’où les choses iraient. Mais j’avais promis à Tasha que je l’emmènerais diner que nous gagnions le match ou pas. Je tenais toujours mes promesses et j’en avais fait une à Tasha.
« Alors, je voulais te parler de quelque chose, » dit Tasha, rompant le silence alors que nous marchions.
« Quoi donc ? »
Tasha me regarda avec un air excité et rougit. La voir exprimer des émotions était inhabituel. Généralement, un nuage noir la suivait, infectant tous ceux à proximité.
Je devais en déduire qu’elle n’était pas heureuse dans sa vie. Je faisais clairement partie des choses qui ne la satisfaisaient pas. Mais, dès que je tentais de lui en parler, elle m’accusait de tenter de gâcher ce que nous avions de bien ensemble.
Qu’était-ce ? Elle n’était pas heureuse. Je n’étais pas heureux. Et notre vie sexuelle était quasi-inexistante.
« Tu connais Vi, pas vrai ? » Demanda Tasha, pleine d’entrain.
« Ta meilleure amie Vi ? Avec qui tu passes tout ton temps ? Ouais, je la connais. »
« Tu n’es pas obligé de le dire comme ça. »
« Tu m’as demandé si je connaissais la fille dont tu parles tout le temps. »
« Est-ce que tu tentes de lancer une dispute ? J’essaie de faire quelque chose de gentil pour toi. »
Je me suis repris et ai pris une longue inspiration. Je n’étais pas sympa là. Je pouvais le sentir. Je ne voulais pas laisser Quin, mais j’avais dû le faire à cause de Tasha.. Ça valait probablement mieux, ceci dit, parce que ce qu’elle me faisait ressentir ne pouvait que me pousser à prendre des décisions que je regretterais plus tard.
J’avais des choses plus importantes auxquelles me consacrer. J’avais travaillé toute ma vie pour entrer dans la NFL. Être avec une fille comme Tasha aidait à vendre l’image de moi comme le futur visage de la franchise. Du moins, c’est ce que disait mon père. Et le fait de devenir joueur professionnel avait été son rêve bien avant d’être le mien. Je ne pouvais pas le décevoir.
« Je suis désolé. Je suppose que je suis encore un peu endolori à cause du match. Ça me rend un peu grognon. »
Tasha sourit. « Tu es pardonné, » dit-elle en passant ses bras autour du mien. « Et je pense que j’ai quelque chose qui t’aidera à te sentir mieux. »
« D’accord, » ai-je dit en forçant un sourire. « Qu’est-ce que c’est ? »
« Eh bien, tu te souviens quand nous avons parlé d’épicer les choses… Dans la chambre ? »
J’ai lancé un regard suspicieux à Tasha. Épicer les choses était une idée à elle et lorsqu’elle l’avait proposé, j’avais eu l’impression qu’elle avait quelque chose de très spécifique en tête dont elle ne voulait pas parler.
« Je me souviens. »
« Donc, j’ai parlé à Vi… »
« D’accord, » ai-je dit, perplexe.
« J’ai parlé à Vi et je lui ai demandé si ça l’intéressait de se joindre à nous quand nous serions… Ensemble. Et elle a dit oui, » dit Tasha en gloussant.
J’ai arrêté de marcher et l’ai regardé. Il me fallut une seconde pour appréhender ce qu’elle disait.
« Tu veux dire, comme un ménage à trois ? »
« Ouais, » dit-elle en devenant rouge vif.
« Tasha, pourquoi est-ce que tu ferais une chose pareille ? »
« Que veux-tu dire ? »
« Pourquoi veux-tu inviter quelqu’un d’autre dans notre lit… Et sans même m’en parler avant ? »
« Je me suis dit que ça te plairait. Est-ce que tous les hommes ne veulent pas être avec deux belles femmes à la fois ? »
« Pas tous. Et si tu m’avais posé la question, je t’aurais dit que je suis du type ‘un homme une femme’… Si tu m’avais posé la question. »
« J’ai cru que ça te plairait, » dit-elle, le cœur brisé.
« Eh bien, ce n’est pas le cas. Et, je ne sais pas pourquoi tu as suggéré une chose pareille. »
« Peut-être parce que nous ne couchons plus ensemble. »
« Et c’est de ma faute ? C’est toi qui passes tout ton temps avec Vi. »
« Qu’est-ce que tu essaies de dire ? »
« Je dis que ce n’est pas moi qui ne veux pas coucher avec l’autre. »
« Et bien c’est pourtant à s’y méprendre. »
« Alors, si tu es si malheureuse, peut-être que nous ne devrions pas rester ensemble. »
Tasha resta paralysée à me regarder. « Pourquoi est-ce que tu dis une chose pareille ? »
« Ce n’est pas une évidence ? »
« Non. Nous sommes faits l’un pour l’autre. Je serais une épouse parfaite. Tu le sais. Tu vas être sélectionné et deviendras le quarterback titulaire d’une grande équipe de la NFL et je m’occuperais de la maison et m’occuperais d’une organisation caritative. Nous en avons parlé, bébé. Nos futurs sont scéllés. »
Elle avait raison. Nous en avions parlé et c’était exactement ce que nous avions dit. Mais à présent que j’étais en dernière année et que je ne pouvais plus repousser mon entrée dans la draft, je commençais à avoir des doutes. Ce n’était pas de sa faute, ceci dit. Et je ne devrais pas me défouler sur elle.
« Tu as raison, je suis désolé, Tasha. Je suis juste de mauvaise humeur aujourd’hui. Mais je t’en prie, plus de discussions… à propos de plans à trois, d’accord ? »
Dès que je l’eus dit, je vis la lumière dans les yeux de Tasha disparaitre.
« D’accord, » accepta-t-elle alors que nous avons continué à avancer vers le restaurant en silence.
« Je t’avais dit de ne pas suivre ce cours, Rucker. »
« Coach, c’était quelque chose qui m’intéressait, » ai-je tenté d’expliquer pour la millième fois.
« Introduction à l’Éducation Infantile ? Qu’est-ce que le Quarterback titulaire des Cowboys de Dallas ou des L.A Rams peut faire d’un cours sur l’éducation infantile ? » Me demanda mon entraineur, plus qu’un peu énervé.
« Écoutez, » ai-je dit, perdant enfin patience. « J’ai suivi tous les cours que vous m’avez dit de suivre, que ça me plaise ou non. J’ai assisté à chaque entrainement que vous avez prévu et je m’entraine à en vomir… »
« Et regarde où tu en es grâce à ça. Une recrue de choix dans une draft compétitive. Tu devrais me remercier de t’avoir poussé à ce point. »
Je me suis repris et ai pris une longue inspiration. « Et c’est le cas. Mais Coach, il faut que je suive au moins un cours qui me plaise. »
« Mais pourquoi celui-là ? »
« C’est ce qui m’intéresse. »
« Et pourtant tu n’as pas assisté à un seul cours depuis le début de l’année. »
« C’est parce qu’il commence 20 minutes après la fin de l’entrainement. Je pensais pouvoir courir y assister quand il serait fini, mais parfois les entrainements se finissent tard ou il faut que je prenne un bain de glace. Parfois, je suis juste trop fatigué. »
« Eh bien, tu aurais dû penser à ça avant de choisir ce cours parce que ce professeur n’est pas aussi indulgent envers les étudiants-athlètes que les autres. Celui-là pense que tu aurais dû assister aux cours et passer les contrôles pour réussir. Et si tu rates ce partiel, tu ne serais pas autorisé à jouer au printemps. Ça signifie que ton équipe ne gagnera pas et que personne ne te repèrera. »
« J’ai compris. Je vais assister aux cours. »
« Pas seulement. Tu vas prendre un tuteur. Je vais demander à des gens de confiance de te trouver quelqu’un. Quand est ton prochain cours ? »
J’ai regardé l’horloge accrochée au mur de l’entraineur.
« Maintenant. »
« Alors, ramène ton cul là-bas. »
« Coach, c’est à l’autre bout du campus. Lorsque j’arriverai là-bas, il ne restera que cinq minutes. »
« Je suppose que ça signifie que tu vas devoir courir, pas vrai ? »
« Coach, nous venons tout juste de faire 20 minutes de sprints. »
« Ne parle pas, cours. Je suis sérieux. Allez, allez, allez ! »
Une fois sorti du bureau, j’ai fait ce que l’on m’a dit et ai commencé à courir. J’avais enlevé ma protection de torse, mais étais toujours en crampons, maillot et pantalon renforcé. Le cours était au troisième étage d’un bâtiment à l’autre bout du campus. Je n’avais pas le temps de me changer si je voulais pouvoir y arriver.
Je ne savais pas comment je m’étais mis dans cette situation. En fait si. C’était mon acte de rébellion. Ouais, je savais que cela entrerait en conflit avec les horaires d’entrainement, mais je pensais que cela me donnerait une excuse pour partir plus tôt. J’avais eu tort. Et à présent, mon futur, tout entier était en jeu.
Après être entré dans le bâtiment et avoir monté les escaliers, j’étais complètement à bout de souffle. Par chance, personne ne pouvait entendre ma respiration à cause du bruit terrible de mes crampons résonnant sur le béton. Je ne pourrais pas me faufiler discrètement au fond de la classe. Lorsque j’eus ouvert la porte, tout le monde était déjà tourné pour regarder. Il y avait 50 élèves et un professeur en colère et tous me fixaient des yeux.
« Désolé ! Continuez, s’il vous plait, » ai-je dit, luttant pour reprendre mon souffle et digérer l’humiliation.
Je me suis assis dans le premier siège libre que j’ai trouvé et ai réalisé que j’avais laissé mon livre de cours dans mon casier. Ce n’était pas comme si j’avais eu le livre d’exercice de cette matière de toute façon. J’avais oublié l’idée d’assister à ce cours il y a bien longtemps. Mais il aurait été sympa d’avoir quelque chose devant moi pour que je n’aie pas l’air d’un parfait idiot.
J’ai sorti mon téléphone et ai fait de mon mieux pour donner l’impression que je prenais des notes dessus. Ce n’était pas le cas, car je n’avais aucune idée de ce dont le professeur pouvait parler. Il semblait que ce soit clair pour tous les autres ceci dit. Ils étaient tous parfaitement concentrés sur la femme se trouvant devant nous. En fait, tout le monde suivait à l’exception d’une personne. Et lorsque je vis de qui il s’agissait, j’en eus le souffle coupé.
C’était Quin, et elle regardait dans ma direction. Nos regards se croisèrent pendant une seconde puis elle tourna la tête. Tout en moi se mit à trembler. Je pus immédiatement sentir que je respirais plus difficilement.
Rien que la voir me faisait quelque chose. Je venais de recevoir une deuxième chance avec elle. Je n’allais pas la laisser disparaitre hors de ma vie une nouvelle fois.
« Et j’en ai fini. Lors du prochain cours, nous aurons un contrôle sur ce que nous avons étudié lors de des deux dernières semaines, » dit le professeur avant de concentrer son attention sur moi. « M. Rucker, est-ce que je peux vous parler une minute ? »
Je ne m’attendais pas à ça. Pire encore, Quin était assise de l’autre côté de la salle, qui donnait sur une autre sortie. Elle ne regardait pas dans ma direction et elle serait partie avant que je puisse lui dire de m’attendre.
« M. Rucker, » appela à nouveau la femme asiatique aux cheveux gris.
« J’arrive, » lui dis-je en gardant un œil sur Quin alors qu’elle se rapprochait de la sorte.
Nageant rapidement à contrecourant de la marée de personne, je me suis approché du professeur alors qu’elle effaçait le tableau. Elle prenait son temps ce qui me tuait à petit feu. Lorsque Quin disparut dans l’entrebâillement de la porte, mon cœur se déchira. Elle était à nouveau partie et je me sentais comme une merde.
« Arriver cinq minutes avant la fin n’est pas considéré comme assister à mon cours. Du moins pas pour moi. »
« Je sais. Et je suis vraiment désolé pour ça. J’ai couru ici après l’entrainement, mais je vous promets que je ne serais plus en retard à l’avenir. »
« On m’a indiqué que vous devez réussir ce cours pour rester éligible afin de jouer le reste de la saison.
« C’est exact, madame. »
« Dans ce cas, on pourrait croire que vous suivriez ce cours plus au sérieux. »
« Et je promets que ça sera le cas… À l’avenir. »
« Si vous ne voulez pas être là… »
« Si, je veux être là. »
« Pourquoi ? » Demanda-t-elle d’un ton sincère.
« Parce que c’est un sujet qui m’intéresse vraiment. Enseigner aux enfants est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. »
« Et le football ? J’ai cru comprendre que vous aviez une carrière prometteuse. »
« Le football est ce pour quoi je suis doué. C’est une bénédiction. Mais ce n’est pas… »
Je n’ai pas fini ma phrase. Les ramifications étaient trop importantes pour que je puisse réellement les saisir là, maintenant.
« Et bien si vous êtes vraiment sérieux dans votre volonté de suivre ce cours, vous avez beaucoup de retard à rattraper. »
« Je le sais, et je suis prêt à travailler. Je vais avoir un tuteur. »
« Vraiment ? »
« Oui, madame. En fait… » Ai-je dit, ayant brusquement une idée. « Est-ce que nous pourrions reprendre cette discussion lors du prochain cours ? Je vous promets d’être à l’heure. »
« Il vaudrait mieux. Souvenez-vous qu’assister à mes cours est obligatoire. »
« Compris. Je suis dessus. Je serais là. Promis, » ai-je dit en faisant claquer mes crampons sur le tapis alors que je trottais en direction de la porte.
Dès que j’ai été dans le hall, j’ai regardé des deux côtés pour la trouver. Elle n’était pas là. Où avait-elle pu aller si vite ?
La plupart des élèves se dirigeaient vers les escaliers menant plus bas. J’ai trotté dans leur direction et les ai rejoints. J’ai levé la tête, je ne parvenais pas à la voir. J’étais sur le point de me mettre à me détester pour ne pas être sorti plus tôt lorsque je vis le dos d’une personne ne pouvant être que Quin s’éloigner des escaliers en direction du niveau principal.
« Pardon, pardon, » dis-je, en me glissant devant tout le monde.
Cela ne me permit d’arriver que quelques secondes plus vite et une fois que je fus là-bas, elle était à nouveau hors de vue.
J’ai regardé dans toutes les classes devant lesquelles je suis passé en courant, mais je ne l’ai pas vue. J’étais sur le point d’abandonner espoir lorsque j’ai ouvert la porte du bâtiment et l’ai vu sa silhouette sexy s’éloigner. Une vague de chaleur me traversa. J’avais l’impression de voir un rayon de soleil lors d’une journée couverte de nuages.
J’ai trotté dans sa direction et ai ralenti lorsque je n’ai été qu’à un mètre. Je ne pouvais pas perdre mon calme juste parce que j’étais sur le point de parler à la plus belle femme que j’avais jamais vu. Je devais au moins faire comme si l’embrasser n’était pas la seule chose à laquelle j’avais pu penser depuis le moment de notre rencontre.
« Quin ? » Ai-je dit de mon ton le plus détendu possible.
Elle s’est arrêtée et s’est tournée. Elle n’avait pas l’air aussi contente de me voir que je ne l’étais de la voir. Cela me provoqua une douleur dans mon cœur, mais j’ai décidé de l’ignorer.
« Je me suis dit que c’était toi. Comment vas-tu ? Tu es allé à de grosses soirées depuis la dernière fois que je t’ai vue ? » Ai-je dit avec un sourire.
Puisqu’elle ne répondait pas, j’ai dit, « Cage. Cage Rucker. Nous nous sommes rencontrés la soirée Sigma Chi. »
« Je me souviens, » dit-elle, toujours pas contente de me voir. Ouille ! La douleur revint. « Comment va Tasha ? C’est bien le nom de ta petite amie, pas vrai ? »
« Tasha ? Oh, ouais. Elle va bien. Tout roule. Ah, est-ce que j’ai fait quelque chose pour te foutre en rogne ? Si c’est le cas, je suis désolé, » ai-je dit, voulant désespérément la voir sourire à nouveau.
Quin me regarda avec un air frustré avant de céder.
« Non. Tu n’as rien fait de mal. Ne t’occupe pas de moi. Je suis juste idiote. »
« Toi ? Idiote ? J’ai du mal à y croire, » ai-je dit avec un sourire.
Elle me regarda à nouveau. Cette fois-ci, elle semblait chercher à inspecter mon âme.
« Pourquoi dis-tu ça ? »
« Je ne sais pas. Je suppose que tu me donnes l’impression d’être quelqu’un de très intelligent. »
Son regard s’adoucit un peu.
« Je ne suis pas intelligente pour quoi que ce soit d’important, » dit-elle avant de reprendre sa marche.
Je l’ai rattrapée.
« Je ne crois pas que ce soit vrai. En fait, je parie que tu es très douée en Introduction à l’Enseignement Infantile. Je parie que tu es la première de la classe. »
Quin me regarda pendant que je disais ça.
« C’est le cas, pas vrai ? »
Elle tourna la tête.
« J’y crois pas. D’accord. Alors ça va rendre la prochaine chose que je vais dire moins gênante. Il s’avère que j’ai besoin de ce cours pour rester éligible pour le football universitaire et, ensuite, la draft de la NFL. Et puisque je n’ai pas assisté aux cours, je suis un peu en retard. J’ai en quelque sorte besoin d’une tutrice. Le programme de football est prêt à te dédommager pour ton temps. »
« Je ne peux pas être ta tutrice, » dit-elle, écartant l’idée.
« Pourquoi pas ? »
« Je ne peux juste pas. Désolée. »
« D’accord. Et si je faisais en sorte de rendre les choses plus intéressantes ? »
« Que veux-tu dire ? »
« Lorsque nous étions à la soirée, tu as dit que tu n’étais pas très douée pour ce qui était de se sociabiliser, ce que je ne comprends pas puisque tu semblais parfaitement à l’aise. »
« Je n’étais à l’aise que grâce à… »
« Grâce à quoi ? » Ai-je demandé, espérant qu’elle dise que ce soit à cause de moi.
« Rien. »
« Eh bien, si tu es prête à devenir ma tutrice dans ce pour quoi tu es douée, je peux te servir de tuteur dans ce pour quoi je suis doué. »
« Tu veux dire être une star du foot dont tout le monde veut un morceau ? »
« Alors d’abord, ouille. Ensuite, je suis un peu plus que ça. »
« Je sais. Je suis désolée. Tu vois, je suis nulle pour ça, » s’exclama Quin.
J’ai pris sa main le plus calmement possible. J’ai tenté de faire comme si c’était juste quelque chose que je faisais lorsque je parlais aux gens, mais la vérité était que je mourrais d’envie de lui tenir la main.
« Tu es douée pour ces choses. Du moins, tu peux l’être. Laisse-moi t’aider. Je sais que je peux t’aider avec ça. Et une fois que j’en aurais fini, tu seras la joueuse-star de l’équipe de foot dont tout le monde veut un morceau, comme moi, » ai-je dit avec un sourire.
Quin éclata de rire. Ça me titillait tellement que j’ai cru mes dents allaient en tomber.
« Alors, qu’en dis-tu ? »
Quin enleva sa main de la mienne. Elle ne fit pas ça de façon subtile. Je pense qu’elle tentait d’envoyer un message à propos des limites à respecter. Très bien, je pouvais respecter ça.
« D’accord, » dit Quin avec un sourire.
« D’accord ? » Ai-je répété alors que je fondais sous son regard.
« D’accord, » confirma-t-elle à ma plus grande joie.
« J’ai cru comprendre qu’il y allait avoir un contrôle dans les jours qui viennent. »
« C’est dans deux jours et ce sera sur deux semaines de leçon. »
« Ça donne l’impression d’être beaucoup. »
« Ça l’est, » confirma-t-elle.
« On dirait que ton tutorat devrait commencer immédiatement, » ai-je suggéré, voulant passer chaque minute de chaque jour avec elle.
« Et pourquoi pas ce soir ? Je vais mettre en place un plan de cours et nous partirons de là. »
« Un plan de cours ? Tu ne rigoles pas. »
« Non. Et il vaudrait mieux que toi non plus si tu veux réussir le contrôle. »
« Je ne prendrais pas ça à la légère. »
Quin hésita. « Et tu n’as pas de projets avec ta petite-amie ou quoi que ce soit, pas vrai ? »
Repenser Tasha était comme verser un seau d’eau glacé sur mon excitation naissante à l’idée de passer la soirée avec Quin. Mon sourire diminua un peu.
« Même si j’avais quelque chose de prévu, j’annulerais. Réussir ce cours et jouer au football passent en premier. Elle comprendrait. »
« D’accord. Alors dans ce cas, je te verrais ce soir. »
« Est-ce que je devrais prendre ton numéro ? » Lui ai-je demandé, ne manquant pas mon opportunité cette fois.
« Oui, donne-moi ton téléphone. »
Je lui ai tendu et elle l’a composé. Une seconde plus tard, j’ai entendu un téléphone sonner dans son sac.
« Tu sais où je vis. Je t’enverrais mon numéro de chambre et l’heure, » dit Quin d’un ton professionnel.
« Donc nous ferons ça chez toi ? »
« À moins que tu aies une meilleure idée. Je suppose que nous pourrions aller dans une bibliothèque, mais je ne sais pas à quel point ils nous laisseront parler. »
« Non, chez toi c’est super. Je suis impatient d’y être. »
« Tu es impatient d’étudier ? » Me demanda-t-elle, me rappelant que ce n’était pas un rencard.
« Évidemment. L’Introduction à l’Éducation Infantile est ma raison de vivre. Demande à n’importe qui. »
Quin rit. Cela fit fondre mon cœur.
« On se voit plus tard alors, Fossettes, » dit-elle avec un sourire avec de se tourner et de s’éloigner. La vache, j’étais vraiment dans la mélasse.
Quin
« On se voit plus tard, Fossettes ? Est-ce que j’avais vraiment dit ça ? À quoi est-ce que je pensais ? À quoi est-ce que je pensais en acceptant de faire quoi que ce soit ? »
Jamais je n’allais pouvoir lui résister. Quand il me regardait, il me donnait l’impression d’être la seule personne sur terre. Le temps s’arrêtait lorsque je parlais avec lui. Comment allais-je pouvoir rester avec lui suffisamment longtemps pour l’aider à réussir son examen ?
J’aurais dû continuer à refuser de l’aider. Mais sa proposition avait été assez géniale. J’étais venu à l’université dans un but, et ce n’était pas obtenir une éducation avancée. C’était pour apprendre les choses que je n’avais pas apprises et ne pouvais pas apprendre dans les livres. C’était tous les subtils retours qui se déroulaient lors d’une conversation.
Pour moi, la vie serait plus pratique si tout le monde disait simplement ce qu’il pensait et s’entendre sur les choses. Mais je le comprenais, ce n’était pas comme ça que les choses fonctionnaient. Il y avait une sorte de danse et je devais apprendre les pas.
Je ne pouvais pas rêver meilleur professeur que Cage en plus. Ce qu’il proposait de m’offrir était la raison de ma venue à l’université. Comment pourrais-je refuser sa proposition d’aide ?
Je devais simplement continuer à me rappeler qu’il avait une petite amie et que quoi que je crois qu’il soit en train de se passer, ça ne se passait que dans ma tête. Il ne me rendrait jamais mon amour. Notre union n’était qu’une commodité. C’était tout. Et une fois que nous aurions obtenu ce que nous voulions l’un de l’autre, nous partirions chacun de notre côté.
Une vague de douleur me parcourut en y pensant. C’était clairement une mauvaise idée. Je n’allais jamais pouvoir survivre à ça. Mais je ne pouvais plus reculer à présent. Et, je devais l’admettre, j’étais impatiente de le revoir.
« Lou, tu ne peux pas rester là ce soir, » lui dis-je lorsque je suis revenue dans ma chambre.
« Mon agnelle, je te l’ai dit, si tu t’apprêtes à embrasser un garçon, contente-toi de mettre une chaussette sur la porte. »
« Quel genre de chaussette ? »
Lou me regarda, sous le choc. « Attends, quoi ? »
« Je veux dire, je suis censée mettre une chaussette de sport ou l’une de ces socquettes ? Parce que la socquette tiendrait probablement mieux sur la poignée de la porte. »
« Attends. Attends ! Je plaisantais, mas qu’est-ce que tu racontes ? Est-ce que tu ramènes un garçon ici ce soir ? »
« Cage vient. »
Lou resta bouche-bée. « Le garçon de la photo avec Quin la toute triste ? »
« Ouais. Mais c’est juste pour réviser. Je lui fais du tutorat pour un cours. »
« Tu as un cours en commun avec lui ? Comment se fait-il que tu ne me dises ça que maintenant ? »
« Il ne s’est pas montré en cours avant aujourd’hui. Et il portait son équipement de football, » ai-je dit alors qu’un sourire apparaissait sur mon visage.
« Tu parles des trucs tout serrés que portent les joueurs de foot ? »
« Ah-euh, » ai-je dit, sentant mon visage se réchauffer.
« Oh ! Il ne vient pas juste pour réviser, pas vrai ? »
« Si, si, » dis-je, redevenant rationnelle. « Il doit réussir l’examen pour jouer au football le prochain semestre donc il m’a demandé de lui servir de tuteur. »
« Donc tu tiens sa vie entre tes mains absolument irrésistibles ? »
J’ai baissé le regard en direction de mes mains me demandant comment ce pouvait être quelque chose d’irrésistible.
« Je veux dire, pas vraiment. Mais en quelque sorte. »
« Oh, mon Dieu, vous allez vous embrasser tous les deux. »
« Non. Il a toujours une petite amie. Ça n’a pas changé. »
« Peut-être qu’il veut que tu te joignes à eux deux ? »
« Ah, non, » ai-je dit d’un ton ferme.
« Donc nous allons devoir les faire rompre ? » Demanda Lou avec un air malicieux.
« Non ! Je ne vais pas faire ça non plus. Si elle est la personne avec qui il veut être, alors… très bien. Ça me va. »
« À quel point est-ce que ça t’a fait mal de dire ça ? »
« Très mal. Mais ça va devoir être vrai. Je ne veux pas être avec quelqu’un qui ne veut pas être avec moi. »
« Tu es une meilleure personne que moi, » dit Lou en laissant tomber.
« Je ne sais pas si je suis meilleure, mais je suis beaucoup plus seule. »
« Ahhh ! » Dit Lou en se levant pour m’enlacer. Gardant les bras autour de moi, elle dit, « Ce garçon va causer ta perte, pas vrai ? »
« Probablement. »
« Ne t’en fais pas, je serais là pour ramasser les morceaux, mon Agnelle, toujours. »
« À moins que tu aies un rencard avec un mec canon ? »
« À moins que j’aie un rencard avec un mec canon. Mais à part ça, je serais là, » dit-elle en s’écartant et en me faisant un sourire réconfortant.
Cage
Je peux y arriver. Je peux passer un peu de temps avec Quin, ne pas tomber fou amoureux d’elle et ne pas foutre toute ma vie en l’air pour être avec elle. Je suis sûr que je peux y arriver. Ceci dit, plus l’heure de notre rencontre approchait, plus il devint clair que je n’aurais pas mon mot à dire dans cette histoire.
Comment se faisait-il que chaque garçon qui l’intéressait ne voyait pas tout ce que moi je pouvais voir en elle et me la voler sous le nez ? Je ne comprenais pas. Cette fille était magnifique et d’une maladresse adorable. Je pourrais passer mes doigts dans ses cheveux noirs et bouclés jusqu’à m’y perdre.
Oh, et ses yeux. Ne me lancez pas à propos de ses yeux, ces yeux vulnérables et langoureux. Rien que d’y penser, j’en étais dur. Comment pouvait-elle me faire une chose pareille ?
C’est comme si… quelle est cette chose qu’utilisent les animaux pour attirer un partenaire ? Des phéromones ? C’est comme si elle relâchait des phéromones et qu’il m’était impossible de leur résister.
Je n’aurais vraiment pas dû lui demander de me donner des cours. Elle était probablement la seule personne à laquelle je n’aurais pas dû demander. Comment allais-je pouvoir réussir à me concentrer avec ses bras à portée des miens ? C’était définitivement une erreur. Mais je n’en pouvais plus d’attendre et le temps ne m’avait jamais paru s’écouler aussi lentement de ma vie.
J’ai attendu dans la salle commune qu’il soit l’heure de nous revoir au lieu de rentrer à la maison et de revenir. Passer voir Tasha aurait aussi pu être une option puisqu’elle habitait à l’étage au-dessus du sien. Mais il y avait de fortes chances qu’elle soit en train de trainer avec Vi.
Elles étaient inséparables toutes les deux. Il n’était pas étonnant qu’elle ait suggéré que Vi couche avec nous. Elles faisaient tout le reste ensemble. Pourquoi pas aussi ça ?
Une fois que la longue attente insupportable avant d’aller la voir fut terminée, je me suis dépêché de traverser la cour. Je suis entré dans le bâtiment alors que quelqu’un en sortait et ai grimpé les escaliers deux marches à la fois avant de frapper à sa porte. J’ai entendu un peu de bruit à l’intérieur avant qu’une voix inconnue ne dise, « Je veux juste le voir, » et que la porte s’ouvre.
« Bonjour, » ai-je dit alors qu’une femme à l’air taquin se trouvait devant moi.
« Lou, contente de faire ta connaissance, » dit-elle sans me tendre la main ni me faire entrer à l’intérieur.
« Cage. »
« La star du foot ? » Dit Lou avec un sourire.
« Je suppose. Est-ce que Quin est là ? »
« En effet, et quelles sont tes intentions vis-à-vis de mon amie ? »
« Lou ! » Cria Quin dans son dos. Elle passa devant Lou et mit son corps entre nous deux, avant de dire, « Désolée pour ça. Elle était sur le point de partir. »
Le corps de Quin était tellement proche du mien.
« Ce n’est rien. Lou, je t’inviterais bien à rester et à trainer avec nous, mais nous avons l’équivalent de deux semaines de cours à rattraper… À moins que Quin ne pense que nous puissions faire les deux ? »
« Nous ne pouvons pas faire les deux et Lou était sur le point de partir. Au revoir, Lou. »
« Tchuss, » dit Lou en passant devant moi et en laissant Quin m’inviter à entrer.
« Je suis désolé pour ça. Lou a bon fond. »
« Il est toujours bon d’avoir une amie qui veille sur soi. »
« En effet. Sinon, bienvenue dans ma chambre. »
J’ai regardé autour de moi. « C’est comme ça que vit l’autre moitié ? »
« Que veux-tu dire ? »
« Les dortoirs de Plaza sont assez chics. »
« Est-ce que ta petite-amie ne vit pas ici aussi ? »
« Ouais, mais ça ne rend pas l’endroit moins chic. En plus, elle a deux colocataires et doit partager une chambre. Ton appartement est mieux décoré que ma maison. »
« Tu vis dans une fraternité ? »
« Non. Je ne suis pas membre. Je sais, un joueur de foot qui ne fait pas partie de Sigma Chi, impensable. Mais la vie en fraternité était au-dessus de mes moyens. »
« Où vis-tu ? » Demanda Quin tout en m’accompagnant vers le canapé de leur salon.
« À la maison, avec mon père. »
« Pas ta mère ? » Demanda Quin en rassemblant ses livres et en s’asseyant à côté de moi.
« Ma mère est morte quand je suis né. »
Quin resta paralysée. « Je suis désolée de l’apprendre. »
« Inutile d’être désolée. Ça s’est passé il y a longtemps. »
« Donc, ça a toujours été juste ton père et toi. »
« Ouaip. Et parfois juste moi. »
« Que veux-tu dire ? »
« Rien. Nous devrions commencer à réviser. J’ai le sentiment que nous avons beaucoup de choses à apprendre, » dis-je en changeant de sujet.
Bien que je n’aie jamais connu ma mère, cela restait un sujet difficile pour moi. Principalement à cause de mon père. Il ne le disait jamais, mais je pense que sa perte l’avait profondément touché. Du moins, c’était ma supposition.
Quin commença en me montrant le diagramme de flux le plus organisé que j’ai vu de ma vie.
« Voilà ce que nous devons réviser d’ici à jeudi, » dit-elle, allant droit au but.
Son assurance fut presque suffisante pour me distraire de son genou se tenant à quelques centimètres du mien alors qu’elle tenait les livres de cours. Ou son odeur que je pus sentir lorsqu’elle se pencha en avant pour montrer quelque chose sur l’autre page. Sa douce odeur me rendait dur en permanence. Tout ce que je pouvais faire pour le cacher était de me pencher en avant.
« Tu n’arrêtes pas de te pencher en avant, tu as mal au dos ? »
« Mon dos ? Oui. C’est pour ça que je n’arrête pas de me pencher, à cause de mon dos. Je dois l’étirer. Tu sais, après l’entrainement. »
« Si tu veux, nous pouvons aller sur la table à manger. Les chaises ont un soutient légèrement meilleur, » suggéra gentiment Quin.
« Ouais, peut-être que ça serait mieux. »
« J’étais sur le point de me lever lorsque j’ai réalisé qu’il y avait un problème. J’étais toujours incroyablement dur.
« Humm, peut-être dans une minute. »
« Ton dos te fait vraiment mal, hein ? »
« Ouais, je souffre vraiment. »
« Je suis vraiment désolée. J’aurais aimé dire quelque chose avant. Ça va peut-être te sembler étrange, mais je peux te faire un massage si tu veux. J’ai appris à en faire il y a quelques années. Je n’ai pas eu beaucoup d’opportunités de m’entrainer, mais je pense que je reste plutôt bonne. »
« Humm… »
« Je suis désolée, est-ce que c’est bizarre ? Proposer de te faire un massage est bizarre, pas vrai ? » Dit Quin, se décomposant devant mon regard.
« Non, ce n’est pas bizarre du tout. J’adorerais que tu m’en fasses un. Ça me ferait vraiment du bien… Au dos. »
« Tu es sûr ? »
« Tu ne sais pas à quel point, » ai-je dit avec un sourire.
« Dans ce cas, d’accord… »
Quin regarda autour de nous. « Nous serons probablement plus à l’aise sur mon lit. »
Jamais je n’allais pouvoir me lever à présent.
« Je pense que le canapé ira très bien. »
« D’accord. »
Quin se leva et commença à étirer ses doigts.
« Déshabille-toi de façon à être à l’aise et allonge-toi. »
Une vague de chaleur me monta aux joues. Est-ce qu’elle venait vraiment de me dire ça ? L’idée de me mettre nu pour elle me rendit si dur que mon sexe se mit à tressaillir. Dieu seul savait ce qui se passerait si j’enlevais mon pantalon. Jamais je ne pourrais faire ça. Mais, je pouvais enlever mon t-shirt.
L’enlevant lentement, j’ai jeté un regard à Quin. Sa façon de me regarder me fit ressentir toutes sortes de choses. J’allais devoir penser longuement au baseball pour ne pas éjaculer dans mon boxer dès qu’elle me toucherait. Le risque en valait la chandelle, ceci dit. J’avais besoin de sentir ses mains sur moi. Et lorsque je fus allongé et qu’elle me monta dessus, j’eus l’impression de monter au paradis.
Alors qu’elle tirait et massait mes muscles, j’ai perdu toute notion de moi. Mon Dieu, ce que c’était bon ! C’était mieux que du sexe, du moins le sexe que j’avais connu. Et il ne fallut pas longtemps avant que je sente une sensation familière commencer dans mes bourses et monter lentement.
Oh, mon Dieu, j’allais jouir.
« Je dois aller aux toilettes, » dis-je en projetant la femme assez mince hors de mon dos et sur le canapé.
Par chance, je savais où ils se trouvaient et ils étaient ouverts. Fermant rapidement la porte derrière moi, j’eus à peine le temps d’enlever mon pantalon et boxer avant d’exploser en un orgasme.
J’ai grogné pour m’empêcher de hurler de plaisir. Je parvins à attraper la majeure partie dans ma main plutôt que de me répandre au plafond. Mais, lorsque ma tête se mit à tourner, je suis tombé au sol avec un bruit sourd.
Quin
« Ça va là-dedans ? » Ai-je demandé en entendant ce qui m’avait semblé être le porte-serviette se casser, puis quelqu’un tomber au sol.
« Ça va, » cria Cage en retour. « Mais je crois que j’ai cassé quelque chose. Désolé pour ça. »
« Ne t’en fais pas pour ça. Quoi que ce soit. Tu es sûr que tout va bien ? »
« Ouais, j’ai juste besoin d’une minute. »
Je l’avais fait paniquer en m’asseyant sur lui. C’était pour ça qu’il m’avait écarté de lui et s’était précipité dans la salle de bain comme si ses cheveux étaient en feu.
Pourquoi avais-je proposé de le masser ? A quel point était-ce étrange ? Je gâche toujours tout.
Mais il avait dit que son dos le faisait souffrir et ça m’avait échappé. Si quelqu’un dit avoir mal au dos, on lui propose un massage, non ?
Argh ! Je ne savais pas. Je ne savais rien. Pourquoi est-ce que j’étais tellement nulle pour ces choses ?
« Tu es sûr de ne pas avoir besoin d’aide ? »
« J’ai la situation en main, » dit Cage, avant d’allumer le robinet puis de finir par sortir.
La vache, ce qu’il était beau à se tenir là, torse nu. Ses épaules puissantes et musclées, ses pectoraux saillants, ses abdos. Comment pouvait-il avoir des abdos sans rien contracter ? Il se tenait juste debout. Comment ?
Il me regardait avec un adorable regard de chiot battu et dit. « Désolé pour ça. »
« Non, c’est moi, » lui dis-je me sentant coupable d’avoir dépassé les limites.
« Pourquoi est-ce que tu serais désolée ? » Me demanda-t-il comme s’il l’ignorait.
« Tu sais, parce que… »
« … Parce que tu étais prêt à me donner des cours pour un examen que je dois réussir pour avoir la moindre sorte de vie et que j’ai rendu les choses étranges ? »
« Tu as rendu les choses étranges ? Je suis la reine pour ça. »
« Tu es peut-être la reine de quelque chose, mais cette fois c’est de ma faute. Écoute, pourquoi est-ce qu’on ne se remettrait pas à réviser ? »
« Comment va ton dos ? »
« Bien mieux à présent, merci, » dit-il en saisissant son t-shirt et en l’enfilant. « Ça m’a beaucoup aidé, je peux me concentrer à présent. Je me sens un peu endormi mais je peux enfin me concentrer. »
Nous avons repris là où nous en étions et avons couvert une bonne partie des cours lorsque Lou est revenue.
« Toujours en train de travailler ? Vous pouvez continuer encore et encore vous deux on dirait, » dit Lou d’un ton joueur.
Lou mettait clairement Cage mal à l’aise.
« Ouais, je devrais y aller. »
« Ne vous en faites pas pour moi, » dit Lou. « Vous ne vous rendrez même pas compte de ma présence. »
« Ou nous pourrions juste aller dans ma chambre, » ai-je suggéré.
« Non ! » Dit-il de façon abrupte. « Je veux dire, nous pourrons reprendre demain. Il y a beaucoup de choses qui circulent là-dedans et je dois réorganiser tout ça, » dit-il en faisant des cercles autour de sa tête avec son doigt.
« Oh, ouais. Dormir aide à retenir les informations. Demain alors. Si tu veux commencer plus tôt, je finis les cours à 16 h. »
« Ça me semble très bien. Et si nous nous retrouvions dans la salle d’étude la prochaine fois. Comme ça nous de dérangerons pas Lou. »
« Oh, inutile de s’en faire pour moi. Vous pouvez faire ça où vous voulez, » ajouta Lou tout en nous regardant.
« Oui, nous pourrions aller réviser là-bas, » ai-je confirmé.
Cage buta sur ses mots. « Je pense que la salle de révision serait mieux. Je veux dire, si ça te va. »
J’étais déçue d’avoir fait foirer les choses au point qu’il ne veuille plus revenir dans ma chambre, mais je comprenais.
« Non, c’est très bien. Nous réviserons le reste des cours, donc il faudrait peut-être que tu amènes des encas. »
Lou ajouta, « Connaissant Quin, ce serait une session longue et dure. C’est comme ça que tu les aimes, pas vrai, Quin ?
« … Très bien, je vais y aller. Envoie-moi un message, » dit Cage avant de s’échapper en jetant un regard à Lou en partant.
« Qu’est-ce que tu fous ? J’aime les sessions longues et dures ? » Ai-je demandé à Lou, en colère.
« Très longues, » dit-elle avec un sourire joueur.
« Qu’est-ce que tu foutais ? »
« Tu n’as pas vu la même chose que moi lorsqu’il s’est levé, pas vrai ? »
« Quand il s’est levé ? Qu’as-tu vu ? »
Lou me regarda avec un sourire « Tu as dit qu’il avait une petite amie ? »
« Oui. Il a une petite amie ! »
« Très intéressant, » dit-elle en me faisant un sourire comme pour me dire qu’elle savait tout et que j’ignorais tout. « Très… Intéressant, » continua-t-elle avant d’aller dans sa chambre et de ne pas revenir.
Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là. Lorsque je n’étais pas en train de chercher à découvrir ce que Lou voyait qui m’échappait, je pensais à la façon dont j’avais rendu les choses bizarres avec Cage, ou ce que cela ferait de voir à nouveau son corps nu. J’étais vraiment dans un sale état. Cet homme me faisait un effet fou. Et après seulement la troisième fois que je l’avais vu, je ne parvenais pas à me le sortir de la tête.
Pourquoi fallait-il qu’il ait une petite-amie ? Pourquoi fallait-il qu’il soit si parfait ? Et pourquoi fallait-il qu’il ait ces fossettes ? Que quelqu’un m’explique pourquoi il avait tant de fossettes adorables.
Le lendemain dans la salle d’étude fut moins gênant que la soirée précédente. Nous nous en sommes principalement tenus à ce que nous devrions réviser et n’avons dévié de notre objectif que pour des pauses repas.
« J’ai amené un sandwich en plus, tu le veux ? « Lui ai-je dit en le sortant de mon sac.
« Tu as amené un sandwich en plus ? » Me demanda-t-il, plus surpris que je ne l’aurais cru.
« Oui. Tu le veux ? Je me suis dit que ça ferait beaucoup de choses à retenir et que tu aurais peut-être oublié d’amener quelque chose. »
« Waouh ! Je n’ai pas l’habitude que les gens soient aussi attentionnés. »
« Quoi ? Allez. Tu es un joueur de football connu. Tu dois avoir des gens qui font des trucs pour toi tout le temps. »
« Ce n’est pas la même chose, » dit-il en prenant le sandwich. « Merci, au fait. Ouais il y a une différence entre quelqu’un qui fait quelque chose pour toi parce qu’il obtiendra quelque chose en retour et une personne qui fait simplement quelque chose pour être sympa. »
« Je comprends. Il doit y avoir de nombreuses personnes qui peuvent te voir comme la première étape sur le chemin pour obtenir ce qu’ils désirent. Tu n’es qu’un objet pour eux. Ils oublient que tu as aussi des sentiments. Et, peut-être que tes envies ne s’alignent pas complètement avec les attentes que tout le monde a de toi. »
« Waouh ! Exactement, » dit-il en me regardant et en me transformant à nouveau en tout petit tas de glaise enamouré.
« Quoi ? » Ai-je demandé lorsque son regard devint trop intense.
« Comment se fait-il que tu connaisses aussi parfaitement ce sentiment ? »
Qu’étais-je censé répondre à ça ? Cage me plaisait. Cage me plaisait beaucoup, peut-être plus qu’il ne devrait. Donc je ne voulais pas lui faire peur. Pas encore du moins.
En plus, j’avais choisi une école au milieu de nulle part pour une bonne raison. Venir ici était ma meilleure chance de me fondre dans la masse. Je voulais juste que l’on me voie comme une fille normale pour une fois. Était-ce mal de ma part ? Je ne pouvais pas le dire.
« J’ai deviné. »
« Tu as deviné ? Tu es incroyablement intelligente, pas vrai ? Je veux dire, encore plus que tu ne le laisses paraitre, » dit Cage avec un autre sourire charmeur.
J’ai haussé les épaules. Qu’étais-je censée répondre à ça ? Par chance, il laissa tomber le sujet avant que j’aie à répondre.
Nous avons fini nos sandwichs puis nous sommes remis au travail et avons tout révisé jusqu’à qu’il soit minuit.
« Alors, c’est bien tout ? » Demanda Cage.
« Tout ce qui sera dans le contrôle de demain. Tu penses que tu as compris ? »
« Tu es une excellente tutrice. Si j’ai raté quoi que ce soit, ça ne serait pas de ta faute. Au fait, j’ai parlé à mon entraineur, il m’a dit que tu n’avais qu’à contacter son bureau pour être payée. »
« Oh, ne t’en fais pas pour ça, » lui ai-je dit.
« Tu travailles beaucoup pour m’aider. Personne n’aurait pu rendre les choses plus claires que toi. Pas même le professeur. Tu mérites d’être payée pour ton travail. »
« D’accord, » ai-je dit, cédant.
Cage me lança un regard étrange sans que je parvienne à découvrir pourquoi.
« Puisque tu n’as pas l’air bien excitée à l’idée d’être payée, si l’on parlait de l’autre chose que je t’ai promise ? »
« Oh, c’est vrai. Les cours de ‘Comment ne pas être aussi mal à l’aise’. »
Cage éclate de rire. « Je ne pensais pas forcément à ça. Je me disais juste que nous pourrions jouer un peu au flag-football dans le parc. »
« Lors de ton temps libre hors football, tu joues au foot ? Tu dois vraiment adorer ça. »
Cage me fit un sourire contenu. « On pourrait le croire. »
« Alors, dis-moi, M. l’expert, en quoi jouer au football dans le parc est censé m’aider à ne pas me sentir comme un monstre dans une soirée ? »
Cage devint pensif. « J’y ai réfléchi. La raison pour laquelle je me sens tellement à l’aise dans les situations sociales est que je sais que quoi qu’il se passe, je serais capable de le gérer. Aussi, je sais que si je dis une idiotie, ce que je fais… souvent, tout ira bien. Le monde ne va pas exploser. Je ne vais pas être envoyé dans un désert pour vivre seul. Ma vie ne changera probablement pas. »
« Et la seule raison qui fait que j’ai eu cette révélation est que j’ai été mis dans de nombreuses situations sociales inconfortables et gênantes, et me suis débrouillé pour m’en sortir. Il faut que tu te retrouves dans ce genre de situation. Tu dois avoir tes propres opportunités de gérer ça. »
« Ensuite, lorsque tu te seras familiarisée avec les situations les plus fréquentes, et que tu auras découvert quoi dire et faire, » il leva les mains, « j’en aurais fini. »
J’ai regardé Cage, sous le choc.
« C’est presque génial. Tu as complètement raison. Le confort social est une histoire d’habitude. La familiarité amène le confort. Donc la solution est d’être prêt à être à l’aise. Je ne suis pas sûre que j’aurais été capable de penser à ça. »
« Je suppose que je suis doué pour quelque chose après tout, » dit Cage fièrement.
« Même si, je ne suis pas exactement une joueuse de football. Donc je ne suis pas sûre que me faire piétiner par des sportifs me donnera la confiance que tu crois. »
« Je suppose que tu vas devoir me faire confiance pour ça, » dit Cage en faisant un clin d’œil.
Pourquoi fallait-il qu’il fasse un clin d’œil ? Est-ce qu’il ne réalisait pas que je faisais de mon mieux pour le voir comme un ami ? Pourquoi fallait-il qu’il me rappelle à quel point il était sexy ?
Je lui ai fait un au revoir qui s’éternisa avant de se transformer en une étreinte gênée et suis retournée dans la chambre et mon lit. Une fois sous les couvertures, j’ai entendu Lou entrer dans l’appartement et s’approcher de ma porte.
« Je sais que tu ne dors pas, » dit-elle sans frapper. « Je sais que tu te caches là-dedans parce que tu ne veux pas me raconter comment ça s’est passé. Ou est-ce qu’il est à l’intérieur avec toi ? Est-ce que vous êtes en train de le faire ? Oh mon Dieu ! Vous êtes en train de le faire ! »
« Bonne nuit, Lou ! » Lui ai-je dit, voulant mettre fin à ses moqueries.
« Bonne nuit, mon agnelle, » répondit-elle en souriant alors qu’elle partait.
La pensée des corps nus de Cage et moi que Lou m’avait mise en tête resta durant les trois heures suivantes. J’ai décrété que c’était la faute de Lou. Lorsque je me suis réveillée, j’étais déjà en retard pour aller en cours. Après avoir sprinté à travers le campus et être passée à travers les portes de l’auditorium, j’ai su ce que Cage avait ressenti.
Alors que tout le monde se tournait pour me regarder, le seul qui m’intéressait était Cage. Était-il ici ? Est qu’il y était arrivé ?
Lorsque je le vis, mon cœur s’emballa. Il me souriait. C’était l’équivalent de cinq tasses de café à la fois.
Le professeur Nakamura me tendit un document et me montra une place vide du doigt. C’était de l’autre côté de la pièce par rapport à Cage. Peut-être que c’était pour le mieux. Je n’étais pas sûre de pouvoir le regarder dans les yeux étant donné toutes les choses que je lui avais fait faire dans mes fantasmes la veille.
Avec mon cerveau fonctionnant plus lentement suite au manque de sommeil, j’étais loin d’avoir fini lorsque le cours fut terminé. Je me suis dit que je continuerais à répondre aux questions jusqu’à ce que l’on me dise d’arrêter. Gardant un œil sur le professeur, je n’ai pas manqué le moment où Cage rendit sa copie et lui dit quelque chose. Elle me regarda immédiatement après, puis Cage me fit un nouveau clin d’œil en sortant.
Lorsque je fus la seule encore dans la salle, le Professeur Nakamura me dit « Cage m’a dit que tu avais veillé tard pour lui faire du tutorat donc je vais te laisser 20 minutes de plus. »
« Merci, madame, » ai-je dit, reconnaissante.
Les 20 minutes furent à peine suffisantes. J’y suis parvenue ceci dit, grâce à Cage. Cet homme me faisait quelque chose dont je n’allais pas pouvoir me remettre. Je pouvais difficilement attendre le moment où nous jouerions au flag-football afin de pouvoir le revoir. C’était tout ce à quoi je pouvais penser en attendant.
Lorsque je le vis garer son pick-up et s’approcher de moi à l’entrée du parc, je ne pus retenir un sourire. Il souriait aussi. Mon Dieu, ce que j’aimais sa façon de sourire ! Ça valait presque le stress que je ressentais vis-à-vis de ce qui allait se produire ensuite.
« Tu es prête ? « Demanda Cage, plein de confiance et toujours aussi beau.
« Non. »
« Nerveuse ? »
« Pétrifiée serait un terme plus précis. »
« Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Sois toi-même. Si tu dis quelque chose qui te semble gênant, ne laisse pas ça t’arrêter. Souviens-toi, le monde ne va pas disparaitre et personne ici ne sera moins mal à l’aise que toi. »
« J’en doute sincèrement. Et tes coéquipiers vont me démolir. Je ne sais pas si tu le sais, mais je ne suis pas impressionnante physiquement. »
« Tout est relatif, » dit Cage avec un sourire.
« Que veux-tu dire ? »
« Cage ! » Appela une voix, attirant mon attention. Je me suis tournée pour regarder. C’était un enfant qui avait parlé. Il semblait avoir dix ans et il était accompagné d’environ 15 enfants du même âge.
« Vous êtes tous prêts à jouer au football ? » Hurla Cage avec enthousiasme.
« Ouaaaaaaaiiiis ! » Crièrent-ils en réponse.
« Nous jouons avec des enfants ? » Ai-je demandé, perplexe.
« J’organise cet évènement avec les enfants du championnat junior local. Quand aucun de nous n’a de match, je passe un peu de temps avec eux à les entrainer. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, » dit-il avec un sourire.
« Donc je suis censée m’entrainer à devenir plus sociable avec des enfants ? » Ai-je demandé, perdue.
« Je n’ai pas commencé avec quelque chose de trop difficile, au moins ? »
J’ai ri. « Non, je pense que je peux gérer ça. »
« Voilà la confiance que j’espérais voir, » dit-il avant de trotter en direction du groupe.
Cage était naturellement doué avec les enfants. Il les traitait comme des adultes sans jamais oublier leur âge.
« Dans quelle équipe sera la grande ? » Demanda l’un des enfants en parlant de moi.
« Je ne sais pas, » répondit Cage avant de me regarder rapidement. « Dis-moi, Quin, dans quelle équipe veux-tu jouer ? »
« Quelle équipe gagne en général ? » Ai-je demandé.
Cage regarda les enfants équipés de maillots bleus et rouges.
« En général, les rouges. »
« Ce n’est pas vrai, » protesta un enfant de l’équipe bleu. « Nous avons gagné la dernière fois. »
« Mais, n’était-ce pas un coup de chance ? »
« Non ! » Protesta-t-il.