TORRIDE HEET

Chapitre 1

Dani

 

Ma main tremblait comme une feuille lorsque je mis fin à l’appel.

« J’ai réussi ! Je n’arrive pas à croire que j’ai réussi ! »

J’ai sauté de ma chaise, l’envoyant en arrière en direction de la vitre de la salle de conférence. Il la percuta avec un bruit sourd. Cela dû surprendre quelqu’un par que le détecteur de mouvements alluma les lumières de l’open-space. J’ai regardé l’espace vide autour de moi et ne vis personne. Jusqu’à ce que je distingue la personne que j’adorais voir.

Après avoir fait rapidement le tour des tables et être sorti de la pièce, j’ai foncé vers Jax. C’est à lui que je devais ma victoire et je devais le remercier. Donc, sprintant dans sa direction, j’ai passé mes bras autour de l’homme musclé et l’ai embrassé sur les lèvres.

« Ton contact a tenu parole, » dis-je à l’homme surpris. « J’ai ce qu’il me faut ! »

« Oh, génial, » dit-il, ne sachant pas comment il devrait réagir.

Est-ce qu’embrasser mon collègue avait été une bonne idée ? Mon sens commun me disait que je n’aurais pas dû le faire. Mais on ne vit qu’une fois, pas vrai ? Il était magnifique, sexy comme tout et nous avions eu une dynamique de vont-ils/ne vont-ils pas franchir le pas depuis des mois. Quelqu’un devait prendre l’initiative, donc je l’ai fait. Ils vont franchir le pas !

« Est-ce que Ed est là ? » Lui ai-je demandé, laissant mon trouble de l’attention prendre le dessus.

« Je crois qu’il est parti il y a environ une heure, » dit Jax, semblant mal à l’aise.

J’ai lâché cet homme succulent et ai trottiné en direction du bureau d’Ed. Je n’avais pas l’habitude de ce genre d’activité étant un peu enveloppée. Mais les moments extraordinaires demandent des mesures extraordinaires.

En m’approchant de sa porte fermée, j’ai regardé à travers le mur de verre. Les lumières étaient éteintes. Il n’était vraiment pas là. Jax avait eu raison. Ce n’était pas que je ne l’avais pas cru. Juste, mon crédo était de faire confiance, mais de vérifier. C’était quelque chose qu’Ed m’avait appris.

En tant qu’éditeur, il m’avait appris beaucoup. Depuis le jour où j’étais entré dans ce journal, il m’avait pris sous son aile. Il y avait beaucoup de choses que j’ignorais lorsque j’étais arrivée à 22 ans. Merde, qu’est-ce qu’une fille qui sort de l’université connait à quoi que ce soit ? Et c’était lui qui avait comblé les manques.

Quand j’ai rendu mes premiers papiers, c’est lui qui m’a demandé de m’assoir et a utilisé son célèbre stylo violet pour me montrer tout ce que j’avais mal fait. Pour info, j’avais tout mal fait. Et c’était Ed qui m’avait convoqué dans son bureau et avait discuté avec moi après que l’on m’ait brisé le cœur la première… Deuxième… Et troisième fois.

Il me fallut beaucoup de temps pour retenir chaque leçon. C’était Ed qui prenait le temps de m’apprendre chacune d’entre elles. Ce n’était pas que j’étais idiote. Loin de là. Mais j’étais têtue. Je suis vraiment vraiment têtue et fière de l’être.

Ed ne m’a cependant jamais laissé tomber. Il continuait à pousser et à m’analyser pour que je puisse mieux écrire et que je m’améliore dans tout le reste. Maintenant que j’étais en chemin pour obtenir le scoop du siècle, c’était à lui que je voulais le dire. Je tremblais littéralement d’excitation à l’idée de lui dire. Qu’est-ce que j’étais censée faire de cette énergie alors qu’Ed n’était pas là ?

« Jax ! » Ai-je crié dans le bureau vide. « Nous devons sortir faire la fête ! »

Bien qu’il m’ait entendu, Jax ne dit rien avant que je ne me tienne à nouveau devant lui.

« Je dois regarder la fin du match des Knicks, » dit-il en montrant le match de basket qui se jouait sur son téléphone.

« Regarde, je vais te faire le résumé. Les Knicks ont tenu bon pendant trois quarts temps jusqu’à ce que la star de l’autre équipe marque un panier et lance une série en leur faveur. Les Knicks ont complètement coulé lors du dernier quart-temps. Voilà j’ai sauvé deux heures de ta vie. »

« Dani, n’importe quel fan des Knicks pourrait te dire ça. Mes lecteurs comptent sur moi pour que je leur dise exactement comment ils ont perdu le match et pourquoi ils devraient garder une minuscule lueur d’espoir face à un constant aussi triste. Dani, c’est mon travail. »

Jax me regarda avec un air complètement sincère, mais c’était typique de son sens de l’humour. Il était assez drôle en fait. La plupart des gens l’ignoraient parce que, vous savez, il ne souriait jamais, avait un physique de joueur de foot américain et parlait peu, mais il me parlait à moi. C’est ce qui m’avait fait comprendre que je lui plaisais. Ou du moins, c’était ce que je me disais pour maintenir en vie notre romance tacite.

« Combien de temps reste*il ? »

Plus que deux minutes au chrono. »

« Donc, en comptant les dates… » Me suis-je dit. « Une bonne demi-heure ? »

« À peu près, » dit-il avec ce qui ressemblerait le plus à un sourire venant de lui.

« D’accord, voilà ce que je te propose. Tu vas finir ton match, taper le nombre de points de différence lors de leur défaite et me retrouver au Flannery’s. Compris ? »

« Compris. »

Puisque nous n’avions jamais trainé juste tous les deux auparavant et qu’il avait répondu un peu vite, j’ai préféré vérifier. « Tu ne vas pas me laisser fêter ça seule au bar, pas vrai ? »

« Je te retrouverais là-bas, » accepta-t-il.

« Parce que si je me bourre la gueule et qu’en rentrant un malade me tue, tu vas te sentir salement coupable, » lui dis-je, ne le croyant pas complètement. « Je te retrouverais là-bas, promis. »

« Bien. D’accord. Alors je vais aller boire quelques coups, » dis-je avec un sourire puis un clin d’œil.

Ouais, j’avais fait un clin d’œil à Jax. Et alors ? Je me sentais bien. Après ce soir, j’étais sure que l’avenir me réservait un prix Pulitzer. Ou au moins un Peabody.

Ed en avait reçu plus d’un. Il en avait une étagère entière. Et en avait même reçu d’eux avant ses trente ans. J’étais à la traine. Mais avec l’information que je venais d’obtenir de la part du contact ce Jax ce soir, j’étais sûr de commencer à le rattraper. 

Passant par les toilettes avant de quitter le bâtiment, j’ai fait ce que j’avais à faire puis me suis regardée dans le miroir avant de me laver les mains. Les choses avaient longtemps été compliquées pour moi. Mais je devais l’avouer, elles commençaient à s’améliorer. Tous ceux qui me connaissaient pourraient vous dire que je n’étais pas connue pour ma capacité à prendre de bonnes décisions. Ma mère, qui n’était pas bien meilleure que moi, dirait certainement que j’étais trop impulsive. Enfant, je détestais l’entendre dire ça.

C’était Ed qui avait raison, j’étais juste passionnée. Il m’avait fallu longtemps pour le voir. Et, une fois que ce fut le cas, je pus me concentrer pleinement sur ma passion. Cela ne calma pas ce frisson que je ressentais quand j’étais excitée au point d’en trembler et avait que j’avais besoin de l’expulser comme Supergirl canalisait le pouvoir du soleil. Mais c’était pour ça que Jax allait me retrouver, pas vrai ? Il n’avait pas dit grand-chose, mais son regard disait tout ce qu’il fallait.

Me dirigeant vers le bar, j’ai repensé o la première fois que j’avais rencontré Jax. C’était il y a un an, Ed me l’avait présenté comme étant le nouveau journaliste sportif. Apparemment, il avait joué au football en tant que professionnel pendant quelques années et sa carrière avait été interrompue par une blessure. De ce que je pouvais en dire, cela le travaillait toujours. Et, après avoir creusé un peu, j’avais aussi découvert qu’il avait eu une série de relations à court terme, qu’il vivait à Brooklyn, et qu’il avait deux bulldogs tous les deux nommés ‘chien’.

Je pouvais aussi vous dire ce qu’il leur donnait à manger, combien de fois par jour il les promenait et il type de femme qu’il regardait au parc quand il les emmenait là-bas. Alors, quand je vous dis que ses chiens s’appelaient ‘chien’ vous pouvez me faire confiance.

Et, avant que vous ne vous fassiez des idées à mon sujet, laissez-moi vous dire que je suis une journaliste d’investigation. Mon travail consiste à découvrir les détails. Si je n’avais pas trouvé ma vocation dans le journalisme, est-ce que je serais devenue une harceleuse avec des injonctions d’éloignement ? Peut-être.

Tout ce que je peux répondre à ça est merci, Ed ! Cet homme m’a appris à utiliser mes pouvoirs pour faire le bien plutôt que le mal. Je ne savais vraiment pas ce que je serais devenue sans lui, je veux dire, à part la personne sur laquelle on enquête avec un rencard. Et, dans ce cas particulier, mes recherches fouillées m’avaient indiqué que j’étais définitivement le type de Jax et qu’il n’avait fréquenté personne depuis des mois.

C’était un peu difficile à croire étant donné son physique. Jax était le genre d’homme pour lequel n’importe quelle femme jetterait sa meilleure amie dans un volcan. Il était simplement sexy. Il avait quelques tatouages, mais pas trop. Et peu importe à quel point je creusais, il continuait à avoir une aura de mystère autour de lui. Un vrai cadeau d’anniversaire que l’on mourrait d’envie de déballer.

Il y avait eu tellement de nuit que j’avais passé allongée à penser à lui que, si mon clitoris devait disparaitre un jour, ce serait de sa faute. Et maintenant, il allait se joindre à moi pour un verre de célébration ? Génial ! C’était parti !

Après être entrée dans le bar familier, j’ai regardé autour de moi. Il n’y avait pas beaucoup d’habitués ici. Ce devait être à cause de l’heure. À la sortie du travail, cet endroit aurait été bondé. Mais, la plupart des gens étaient rentrés retrouver leurs familles à présent. Les seules personnes qui restaient étaient les piliers de bar tristes et les hommes d’affaires séjournant dans les hôtels à proximité.

Tout n’était pas si mal. La variété toujours changeante d’hommes d’affaires ajoutait du piment. Et ne vous méprenez pas, je ne parlais pas de coucher avec eux. Leur parler était utile. J’avais obtenu plus d’une information intéressante lors de mes rencontres tardives dans ce bar. En y repensant, j’avais aussi eu quelques nuits de sexe plus qu’intéressantes.

Hé, j’ai dit que je n’avais pas couché avec eux. JE peux vous assurer que personne ne s’était endormi. C’était une version plus jeune de moi qui faisait ce genre de choses ceci dit. J’avais gagné en maturité depuis cette époque. Les seuls moments où je venais à présent étaient juste après le travail lorsque je me joignais à mes collègues pour boire un coup. Et quand ces nazes retournaient voir leurs familles, je partais moi aussi.

Est-ce que le fait que je n’ai rien d’autre qu’un abonnement à Netflix bien poncé qui m’attende à la maison avait la moindre importance ? Non. Mais j’étais une journaliste respectable à présent. Ed m’avait appris ça… Et c’était assez chiant !

« Deux doigts de Dewar,’ ai-je dit au barman, commandant un whisky.

« Tout de suite, » répondit l’homme peu familier.

Je ne connaissais pas ce barman. Depuis combien de temps travaillait-il ici ? Où est-ce qu’il ne faisait que les nuits ? Quoi qu’il en soit, il avait un air que je trouvais intriguant. En regardant autour de moi, je vis d’autres hommes pour qui ce fut le cas. La vache, ce que l’ancienne moi me manquait ! Il y avait une époque où je les aurais rassemblés et tous dégustés.

D’accord, peut-être que j’exagérais un peu. Mais je vous promets que j’aurais passé une excellente soirée. En vérité, je n’avais jamais été avec deux hommes à la fois. Mais je trouvais ça torride. Humm, je pouvais même l’imaginer. Ce n’était pas quelque chose que faisait une journaliste respectable ceci dit. A nouveau, merci Ed.

Au bout de trente minutes, mes deux doigts de whisky devinrent quatre. Je commençais à voir comment la soirée pourrait tourner. Les choses avaient été trop faciles avec Jax. À quoi est-ce que je m’attendais ? Que je l’inviterais à boire un verre, qu’il accepterait et que nous finirions par nous envoyer en l’air ?

Évidemment que ce n’était pas comme ça que les choses allaient se passer avec Jax. Rien n’était jamais facile avec lui. Il n’était pas facile de parler avec lui ou d’apprendre à le connaitre. Il y a un mois, je lui avais envoyé un message lui demandant comment il allait et j’attendais toujours la réponse. Cet homme était un vrai coffre-fort et c’était incroyablement frustrant.

Eh bien, s’il pensait pouvoir gâcher ma soirée, il se trompait. J’ai déjà dit à quel point les hommes du bar de ce soir étaient baisables, non ? Alors pourquoi est-ce que je rentrerais seule alors que j’avais encore envie de faire la fête ?

La question était, qui était le petit chanceux dont j’allais rendre la nuit inoubliable ? En observant la pièce, je vis de nombreux candidats intéressants ? Du moins, c’est ce que je me disais. Quatre doigts de whisky faisaient beaucoup. D’un côté, cela avait aidé à m’ôter les choses folles qu’Ed avait mises dans ma tête à propos de ce qui était respectable, de l’autre… Qu’est-ce que je disais déjà ?

« C’est un scotch ? » Me demanda quelqu’un derrière moi.

Je me suis retourné pour voir qui c’était. J’ai vu, et waouh !

On en arrivait à la partie flippante. Il y avait une chance qu’en entrant dans ce bas, je sois morte parce que j’étais certaine de me trouver face à un ange. Un ange canon à vous en faire tomber votre culote.

« Barman, je vais prendre la même chose qu’elle, » dit-il avec un accent britannique à tomber.

Alors que j’observais ce cadeau des Dieux, il s’assit sur le tabouret à côté du mien et me fit face. C’était comme s’il attendait que je parle. Je ne trouvais pas les mots. Ça ne me ressemblait pas du tout. Sa beauté m’avait rendue muette. Que m’arrivait-il ?

L’homme magnifique se pencha vers moi.

« Je ne suis jamais venu ici auparavant. Mais, vous savez ce que j’aime dans cet endroit ? »

Je ne pouvais toujours pas parler. Il montra quelque chose dans mon dos et je me suis tournée pour regarder. « Ce panneau dit, ‘fondé en 1896’. Et c’est écrit en néon. On ne fait pas plus authentique que ça. »

« Est-ce que c’est censé être de l’humour anglais ? » Trouvant enfin ma voix… Et jouant un peu à la garce.

« Ouille ! Si vous avez besoin de poser la question, je suppose que non, » dit-il avec un éclat de rire.

« Non, c’était amusant. C’est mon rire anglais, » dis-je, impassible.

« Oh, donc vous êtes déjà allé à Londres ? »

J’ai éclaté de rire. « D’accord, bien joué, » lui dis-je en souriant. « C’est de là que vous venez ? »

« Entre autres. »

« Qu’est-ce que vous faire à New York ? »

« Ce soir ? Je crois que je vous cherchais, » dit-il en me regardant dans les yeux.

Argh ! La seule chose pire que cette phrase d’approche était à quel point elle marchait sur moi parce que c’était certain, ce soir, je le cherchais aussi. J’ai touché son avant-bras posé sur le bar. Je pouvais sentir ses muscles sous sa chemise hors de prix.

« Ouais ? Et pourquoi est-ce que vous me cherchiez ? »

« Utilisez votre imagination, » me dit-il, semblant devenir plus sérieux.

Il n’eut pas à me la répéter. Mes parties féminines en tremblaient déjà. Cet homme devait être le plus beau que j’ai jamais vu et c’était lui qui m’avait approché. Tout en lui me plaisait.

« Vous êtes sûr ? J’ai une imagination immense, » lui dis-je d’un ton séduisant.

« C’est une bonne chose que vous aimiez ce qui est grand, » dit-il, me faisant déglutir.

« Je pourrais nous imaginer partir d’ici,’ ai-je mentionné.

« J’ai un appartement pas loin. »

« Allons-y, » dis-je adorant la tournure que prenaient les choses.

Il posa un billet de cent dollars sur le bar et nous sommes pratiquement sortis en courant. Je me suis arrêté devant le bar, m’attendant à devoir prendre un taxi.

« Non, j’habite vraiment tout près, » dit-il en tendant la main.

J’ai saisi la main de l’étranger et l’ai suivi dans la nuit. Je devais l’admettre, je ne tenais pas très bien sur mes jambes. Je le cachais bien cependant. Il ne pouvait pas le voir. Le problème était que moi je le pouvais. Et à chaque pas que je faisais, garder l’équilibre devenait plus difficile.

Où est-ce que nous pouvions bien aller d’ailleurs ? Depuis combien de temps marchions-nous ? 20 minutes ? Une heure ?

« Arrêtons de nous emmerder, » ai-je dit lorsque je vis une ruelle.

Je l’ai poussé dedans et il n’a pas résisté. Ça lui plaisait. Il me poussa immédiatement contre un mur et prit le côté de mon visage dans sa main. Je n’avais pas réalisé qu’elle était si grosse. Il était aussi bien plus grand que moi. Il mesurait quoi ? 1m90 ? Cet homme était immense. Et lorsqu’il prit possession de moi en m’embrassant sur les lèvres, j’ai abandonné et ai su que je ferais tout ce qu’il voudrait faire ensuite.

J’ai ouvert la bouche et il a glissé sa langue à l’intérieur. Nos deux langues s’enroulèrent l’une autour de l’autre et c’était incroyable. Lorsque son immense main massa mon sein, la sensation fut encore meilleure. J’avais besoin de lui en moi plus que je n’avais besoin de respirer. Je me fichais de savoir où nous étions. Je savais que n’importe qui pourrait nous voir, mais cela ajoutait du frisson.

Faisant passer mes mains dans son dos, j’ai lentement saisi son cul. Il était tellement ferme. Cet homme n’était pas un ange, il était un dieu grec. On aurait pu faire rebondir une pièce sur ses fesses. J’adorais le serrer et aussi rebondi soit-il, j’avais l’impression de tâter deux jambons.

Me perdant dans les sensations, j’ai écarté ses fesses. Il pressa son membre contre mon ventre. Je m’en suis rendu compte, car l’homme ne l’avait pas survendu. Non seulement était-il dur, il était aussi gros. Le sentir contre moi lui donna encore plus envie de lui.

Je ne me souvenais pas que mes mains eurent quitté son cul, mais ce fut le cas. Je le sais parce que je les ai sentis jouer avec le bouton de son pantalon. Je ne pouvais pas lui enlever assez vite. Glissant ma main au-delà de sa braguette, j’ai saisi sa virilité. C’était comme saisir un concombre, le plus épais que j’ai jamais vu. J’aurais pu le garder éternellement dans mes mains si ce n’avait pas été pour l’envie brulante de le mettre entre mes jambes pour qu’il m’emplisse.

J’étais sur le point de me mettre à genoux pour le consumer lorsqu’il saisit mon bras et me fit tourner. Il me malmenait et j’adorais ça. Prenant mes mains et posant mes paumes contre le mur, il me pencha en avant. Tendant la main, il déboutonna mon pantalon et le fit glisser sur mes genoux.

Je me sentais vulnérable, exposée. Je ne savais pas quoi faire. Par chance, je n’eus rien à faire. Il avait attaché son immense main à ma hanche et cherchait mon orifice avec son sexe. Ouais, il était gros. Je l’avais senti lorsqu’il avait guidé son gland en direction de mon clitoris. C’était comme s’il y avait un bras entre mes jambes. Et, lorsqu’il trouva mon ouverture et poussa, tout ce que je peux faire fut de gémir.

Mes jambes bien écartées, il entra en moi avec un petit bruit. Je n’étais pas prête. Ma chatte se serra autour de lui comme s’il était un envahisseur. Peut-être était-ce parce que je n’arrivais pas à me détendre. Cela changea lorsque la main libre de l’étranger fit le tour et attrapa mes cheveux. Ce n’était pas vraiment quelque chose de relaxant, mais c’était absolument torride. Il me contrôlait de toutes les façons possibles et tout ce que je pouvais faire était de me soumettre à sa volonté.

Alors que je me détendais, il me baisa avec force. Je n’étais plus que de l’argile entre ses mains. Son emprise sur moi me permettait de tenir debout. Sans lui, je me serais effondré au sol. Je faillis le faire, mes jambes se transformant en gelée. Il était trop gros et me baisait trop bien. Il me fallut toute ma volonté pour rester debout. Et, lorsque j’ai crié comme un chat des rues en rut, il me suivit rapidement avec un rugissement de lion.

Mon Dieu, ce que c’était bon ! Et encore, j’étais en dessous de la réalité. C’était absolument incroyable. Tout tournait autour de moi et j’étais sure que ce n’était pas à cause de l’alcool. Je le savais parce que je me suis mise à glousser. Je gloussais toujours après un bon orgasme. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Je me sentais tellement heureuse. Mais cela ne me fit pas oublier que j’étais dans une ruelle avec le sexe d’un étranger en moi.

Qu’est-ce que j’avais fait ? Ce n’était pas comme si je le regrettais, parce que, comme je l’avais dit, c’était absolument incroyable. Mais ce n’était pas mon heure de gloire. J’avais eu besoin de ça, mais ce n’était plus le cas. Je devais partir d’ici.

Sentant toujours son sexe merveilleusement dur profondément en moi, je me suis levée lentement, le faisant sortir. Il s’est levé avec moi, empêchant un retrait trop rapide. Peut-être qu’il ne voulait pas que l’instant se termine. Quelle que soit sa raison, cela retarda le bruit qui accompagna la sortie de son membre. On pouvait pratiquement entendre ma chatte dire ‘et reste dehors,’. Je ne savais pas pourquoi elle était si peu reconnaissante. Nous savions toutes les deux que nous mourrions d’envie de ça. Même si je suppose que sa taille était quelque chose à laquelle aucun de nous deux ne s’était attendu.

Ses paumes posées contre le mur de chaque côté de moi, je me suis baissée et ai remonté mon pantalon. Me tournant pour lui faire face alors que je le reboutonnais, je l’ai regardé à nouveau. Je n’avais pas eu tort. Il était définitivement l’un des plus beaux hommes que j’avais vus de ma vie. Je ne pouvais toujours pas croire que quelqu’un comme lui ait voulu être avec quelqu’un comme moi.

Cette pensée me poussa à me pencher en avant et à l’embrasser sur les lèvres. Alors que je le faisais, j’ai baissé la main et ai à nouveau saisi son membre. Il était toujours assez dur. Tout en lui était vraiment incroyable et parfait. Je n’allais pas l’oublier, mais clairement, j’allais aussi fuir à présent.

Me glissant sous son bras, je me suis écarté, mais non sans remarquer qu’il sentait une odeur d’amande. Était-ce son savon où son musc ? Je l’ignorais, mais c’était délicieux. Voilà comment j’allais me souvenir de lui. Ce serait celui qui sentait l’amande.

Je devais partir ceci dit. À son crédit, il ne tenta pas de m’arrêter. Il se contenta de me regarder partir. Il ne remonta même pas son pantalon.

Sortant de la ruelle, j’ai regardé autour de moi et ai fait signe au premier taxi que j’ai vu. Après être monté, j’ai regardé derrière moi. Il n’était toujours pas sorti. Qu’est-ce qu’il faisait là-bas ? Peut-être qu’il vivait là-bas en fait. Qui sait ? Mais j’étais sure que j’allais m’inventer de nombreuses histoires le concertant tout en me caressant à l’avenir.

« Où voulez-vous aller ? » Demanda le chauffeur de taxi.

Je lui ai donné mon adresse et me suis installé dans le siège. Je ne vivais pas à côté donc en temps normal, je prenais le métro. Mais cette soirée avait été incroyable donc pourquoi ne pas me faire un petit plaisir avec que la nuit ne se termine. De plus, j’étais encore assez soule et n’avais pas envie de retrouver où j’étais et comment atteindre la station de métro la plus proche. Ça aurait vraiment gâché l’instant.

Une fois devant chez moi, je suis sortie du taxi et ai mis la course sur ma carte de crédit. Je n’ai même pas regardé combien elle avait couté. Ce serait le problème de la Dani de demain. J’allais continuer à être la Dani de ce soir pendant un moment.

J’ai monté les trois étages menant à mon trois pièces. Je suis tombé dans mon lit, toujours habillée. Je détestais dormir habillée, mais n’arrivais plus à bouger. Tout ce pour quoi j’avais encore de l’énergie était de toucher ma chatte et de me souvenir de ce qui s’était passé. La chaleur de ma main m’apaisait. L’étranger avait été incroyablement gros. Ce n’était pas un homme que j’allais oublier de si tôt.

 

L’euphorie de la nuit précédente avait complètement disparu le lendemain matin au réveil. Je me suis tournée et ai cru que j’étais tombée malade. Mon corps entier était courbatturé et ma tête me faisait mal. Il me fallut un moment avant de réaliser que j’avais la gueule de bois. Il me fallut encore plus longtemps pour me souvenir de ce que j’avais fait et avec qui.

Cette sensation n’était pas incroyable. Il n’y avait rien dans ce qui s’était passé qui me faisait du bien. Je regrettais chaque seconde de la soirée précédente. Et j’aurais pu jurer aux dieux du ciel que s’ils me permettaient de survivre à cette gueule de bois, je ne boirais plus jamais.

En regardant le réveil, j’ai réalisé que je n’avais pas vraiment le temps d’y penser, il fallait que j’aille au travail. Cela m’a rappelé qui était responsable de ma gueule de bois. C’était Jax. Ce bâtard m’avait dit qu’il me rejoindrait et m’avait posé un lapin. Qu’est-ce que c’était que ces conneries ?

S’il était venu comme il avait promis de le faire, je n’aurais probablement pas autant bu. Et je n’aurais certainement pas couché avec un étranger.

Oh, attendez, l’étranger. Je me souvenais de lui à présent. Ou, vraiment ? La personne dont je me souvenais était cet adonis au teint d’olive qui sentait l’amande. Ça ne pouvait pas être vrai, si ? Les humains n’étaient pas si beaux. Je me suis demandé à quoi il ressemblait vraiment.

Lorsque je suis sortie du lit, je me suis souvenue de son membre. Je m’en suis souvenue parce que j’en sentais encore les effets. Il avait laissé une impression. J’étais endolorie. Il avait utilisé son sexe ou son poing ? La vache ! Qu’est-ce qui m’avait pris de sauter sur cette licorne ?

Je me souvenais de ce moment cependant, c’était un souvenir fantastique. Donc, peut-être que je ne regrettais pas tout de ma soirée précédente. Mais cela ne changeait rien au fait que Jax était un trou de balle de niveau international pour m’avoir posé un lapin. Quel sac à merde ! Je ne savais même pas ce que j’avais pu voir en lui.

Toujours grognonne à cause de ma gueule de bois de compétition, je me suis reprise en main, douchée, changée et suis partie au travail. Les lunettes de soleil que je portais aidaient alors que je suis allée prendre le métro, mais elles ne suffisaient pas.

« Attendez, est-ce que j’ai payé un taxi depuis le centre-ville ? » Me suis-je demandé alors que la mémoire me revenait. « Merde ! »

Malgré ce que peuvent croire certaines personnes, les journalistes ne sont pas très bien payés. Cette course allait devoir attendre sur ma carte de crédit pendant plusieurs mois. C’était lors de moments comme celui-ci que je rêvais de déménager à Troupaumé en Idaho et de vivre dans une ferme. Je pourrais devenir une fermière, pas vrai ? Avec ce que je payais en loyer à New York, je pouvais probablement m’acheter une maison en Idaho. Une grosse même. Merde, pour 3000 $ par mois, je pouvais probablement m’offrir un manoir.

Je me suis trainée dans le bureau en ayant l’intention de poser ma tête sous mon bureau et resté caché pendant le temps qu’il me faudrait pour me sentir à nouveau humaine. C’était mon plan, jusqu’à ce que Susan, l’interne du département des dernières nouvelles m’interrompe. Foutue Susan !

« Quoi ? » Ai-je demandé d’un ton grognon.

La pauvre petite chose se mit à trembler. Je savais que je l’intimidais, mais qu’est-ce que j’étais censée y faire ? La vie de journaliste était difficile. Elle allait devoir apprendre à s’endurcir ou se chercher une autre carrière.

« Ed m’a chargé de te dire qu’il voulait te voir dans son bureau dès ton arrivée. »

Oh merde, Ed ! C’est vrai. J’avais voulu lui raconter mon histoire. Oh, c’est vrai, l’histoire. Mon prix Pulitzer en devenir.

J’avais oublié ça. J’avais tout oublié. M’en souvenir, cela me donna une raison de continuer. Ed allait adorer mon histoire. D’accord, j’étais parfois une déception… Comme hier soir, mais j’étais certaine de le rendre fier cette fois.

Retrouvant de l’énergie, j’ai laissé la jeune femme de vingt ans tremblante derrière moi avec un sourire sur mon visage. J’étais impatient de voir le sourire sur celui d’Ed lorsque je lui raconterais ce que j’avais trouvé. Il allait me dire que j’étais la meilleure reporter qu’il ait jamais vu et que personne dans la rédaction ne m’arrivait à la cheville. Je me fichais pas mal de l’opinion des autres, mais ce que lui pensait de moi était vital. Parfois, ce qu’il me disait était dur à encaisser, mais je savais qu’aujourd’hui, il serait tout sourire.

« Ed, j’ai une histoire pour toi ! » Dis-je en entrant à toute vitesse dans son bureau.

Ce que je vis en entrant me prit par surprise. L’homme grisonnant, énergique qui gérait généralement la rédaction avec une main de fer était assis dos à la porte. Son dos courbé lui donnait l’air plus âgé qu’il ne l’était vraiment. Je savais qu’Ed avait plus de 70 ans, mais il n’en avait jamais eu l’air auparavant. Que se passait-il ? Lorsqu’il se tourna et que je vis des larmes dans le regard triste de mon mentor, je me suis figée, prise de court.

« Ferme la porte, s’il te plait, » dit-il plus lentement que je ne l’avais jamais entendu parler.

J’ai fermé la porte, incapable de dire un mot.

« Assieds-toi, » dit-il en montrant la chaise se trouvant devant son bureau.

Je ne voulais pas parler. J’avais peur de le faire. Mais je devais savoir.

« Ed, que se passe-t-il ? »

Lorsque le regard d’Ed croisa le mien, ce fut la vision la plus triste de ma vie. J’avais envie de pleurer rien qu’en le regardant. Sous le choc, j’en oubliais de respirer.

« Dani, tu sais que je n’ai jamais mis de gants avec toi. Je ne vais pas commencer maintenant. J’ai eu des nouvelles ce matin, et elles ne sont pas bonnes. »

Oh non.

« Dani, je suis mourant. »

« Oh merde ! » Ai-je pensé, sous le choc.

« Comment ? » Demandais-je alors que les larmes commençaient à couler le long de mes joues.

« J’avais des maux de crânes, ma femme m’a enfin convaincue d’aller voir un docteur. Mais il était trop tard, c’est une tumeur. »

« Ils ne peuvent pas l’enlever ou la traiter ? » Ai-je demandé, connaissant déjà malheureusement la réponse.

« Non, elle est trop grosse, trop avancée et trop mal placée. Choisis la raison que tu préfères, » dit-il d’un ton peiné.

« Ed… Je suis vraiment désolée ! »

« Ouais, » dit-il en se tournant. « Mais ce n’est pas la raison pour laquelle je t’ai demandé de venir. Je t’ai faite venir parce que suite à mon départ ils vont avoir besoin de quelqu’un pour prendre ma place. »

« Pourquoi est-ce que tu penses à ça ? C’est la dernière chose dont tu devrais t’occuper’, lui dis-je, ayant du mal à tenir le coup moi-même.

« Non, je dois y penser, Dani. J’ai fait de nombreuses erreurs dans ma vie. L’une d’elle a été de passer trop de temps ici. J’ai plus tenu à ce journal qu’à mes enfants. »

« Non, Ed. Tu sais que ce n’est pas vrai. Tu adores tes enfants. »

« Dani, tu ne sais pas ce que j’aime donc ne présumes pas de me le dire. Je te dis que durant les moments de ma vie où j’ai dû choisir entre passer du temps avec ma famille et venir ici, c’est ici que j’ai choisi d’être. Je vois en quoi c’est une erreur à présent, en particulier maintenant, je dois affronter la vérité. »

« D’accord, » ai-je concédé, prête à dire n’importe quoi pour qu’il se sente mieux.

« Pour moi, cet endroit était tout mon univers. Plus que mes enfants, je voyais ce journal comme mon héritage. »

« C’est un bel héritage, Ed. »

Il me regarda avec un air sceptique.

« Je suis content que tu le croies parce que je voudrais que tu prennes ma place après mon départ. »

« Tu veux que je prenne ton bureau ? »

« Non, Dani, je ne veux pas simplement que tu prennes mon bureau, ne sois pas bête. Je veux que tu deviennes la rédactrice en chef du journal. Je vais te recommander pour le poste.

« Moi ? Pourquoi moi ? » Demandais-je, sous le choc. « Je ne suis pas prête pour ce genre de responsabilité. »

« Dani, tu es la putain de meilleure journaliste de cet endroit. Ne laisse personne te dire le contraire. Et, encore heureux parce que je t’ai appris tout ce que tu sais. Tu es autant mon héritage que cet endroit. »

« C’est pour ça que je veux que tu veilles sur mon héritage et que tu le traites dignement. Est-ce que tu accepterais de faire ça pour moi ? »

J’ai regardé Ed, sachant à peine quoi dire. J’avais l’impression que ma tête se retrouvait au milieu d’une machine à laver. Rien ne me paraissait réel. Je priais d’être en train de rêver, amis je savais que je ne pourrais jamais rêver de quelque chose d’aussi horrible.

« Évidemment Ed, je le protègerais de ma vie. »

Le vieillard devant moi sourit. Ce fut la première fois que je revis un bref instant l’homme qu’il était.

« Il n’y a qu’un seul problème, » continua-t-il. « Voyant que ma retraite devenait inévitable, le propriétaire du journal pousse pour que quelqu’un d’autre prenne mon poste. »

« Qui donc ? »

« Le propriétaire de l’entreprise veut Jax Watt. »

J’ai regardé Ed, n’étant pas sure de l’avoir bien entendu. « Jax Watt ? Le journaliste sportif ? »

« Ouais, tu y crois, bordel de merde ? »

Je me suis appuyée en arrière et y ai réfléchi. « Non. Il n’est là que depuis un an. Et il travaille à la rubrique sportive. »

« C’est pire que ça. C’est son premier poste en tant que journaliste. Il n’avait jamais rien rédigé avant que je ne lui montre comment faire. »

J’ai secoué la tête, espérant que faire bouger mon cerveau donne du sens à tout ça.

« Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que le propriétaire le voudrait lui ? Il ne se rend pas compte que c’est forcément une erreur ? »

« Je ne sais pas. MA théorie est que ce parvenu n’apprécie pas les journaux comme son père. Laisse-moi te parler de Nadin Ray, ça, c’était un vendeur de journaux. Il prenait sa mission à cœur. Il comprenait le rôle que nous avions dans le bon fonctionnement d’une démocratie. »

« Je ne sais pas. Peut-être que le nouveau a raison. Peut-être que je ne suis qu’un fossile datant d’une époque révolue. Les ports rapportent le plus dans ce journal, peut-être qu’il devrait être géré par un journaliste sportif. Peut-être que je devrais juste mourir et en finir. »

« Non, Ed ! Ne dis pas une chose pareille. Tu as raison, c’est ton héritage. Tu as construit quelque chose d’incroyable ici. Tes sacrifices n’ont pas été vains. Tu as aidé à changer le monde. Et, lorsque le moment sera venu pour quelqu’un de prendre ta place si tu veux que ce soit moi, alors ce sera le cas. »

Ed sourit ce qui me réchauffa le cœur.

« C’est ce que je voulais entendre. Il y a un évènement ce soir. Le propriétaire sera là. J’aimerais que tu viennes aussi. Tu seras mon plus un. Je veux que tu lui montres pourquoi tu mérites de prendre ma suite une fois que je ne serais plus là. Je veux que tu me rendes fier. »

C’était tout ce que j’entendis Ed dire parce que ce fut ensuite que je compris réellement le sens de ses mots. Ed me disait qu’il était mourant. Il me disait que je devais prendre sa suite au journal, sans quoi sa vie n’aurait pas eu de ses. Ça faisait beaucoup. À cet instant, cela faisait plus que ce que je ne pouvais gérer.

Ce fut probablement peu après que j’ai quitté son bureau et me suis assise à mon bureau. Je n’étais pas certaine de savoir combien de temps cela avait duré, car, lorsque j’ai à nouveau regardé autour de moi, j’étais dans le métro qui me ramenait chez moi. Je savais que ce n’était pas la fin de la journée, car il faisait encore jour dehors, mais je rentrais quand même. Je me souvenais que quelqu’un m’avait dit qu’il fallait que je me prépare à tout donner.

Était-ce Ed ? Était-ce Jax ? Pourquoi est-ce que Jax m’aurait dit une chose pareille ? Je n’en étais pas certaine. Donc ce devait être Ed, pas vrai ?

 Peu importe de qui il s’agissait, je savais à présent pourquoi je rentrais. L’évènement dont avait parlé Ed était ce soir. Je devais le rendre fier. Je devais impressionner le propriétaire de l’entreprise afin qu’il me permettre de prendre la suite d’Ed.

Comment allais-je faire ça ? Je l’ignorais, mais je savais au moins que cela commençait par choisir ce que j’allais porter. Je devais m’habiller pour impressionner, quoi que ça puisse vouloir dire. Et il n’y aurait pas de moment plus important que maintenant pour le découvrir.

Alors que j’étais assise, je me suis souvenue que cet évènement était un gala en tenue de soirée au musée. Quand est-ce qu’Ed m’avait dit ça ? Je ne m’en souvenais plus. Mais cela signifiait que j’allais devoir me trouver une robe de soirée. Où étais-je censée trouver une robe de soirée ?

Lorsque mon arrêt approcha, j’ai pris mon sac et suis descendu. Toujours dans le brouillard, je me suis approché de mon immeuble et ai grimpé les trois étages menant à mon appartement. À court de souffle une fois en haut, j’ai réalisé que j’avais toujours un peu la gueule de bois. J’avais choisi la pire nuit possible pour trop boire. Et avec la pression supplémentaire de la nouvelle et la requête d’Ed, j’avais l’impression que ma tête allait exploser.

Une fois chez moi, j’ai regardé l’horloge. J’avais trois heures pour me doucher, me raser, me coiffer, me maquiller et essayer toutes les tenues que j’avais avant de revenir à la première. C’était mon rituel traditionnel quand je sortais, mais je n’étais pas sure que ça fonctionne cette fois. Je connaissais mon placard. Je n’avais rien qui pourrait se rapprocher d’une robe de soirée.

Je n’étais pas vraiment le genre de fille à aller à des galas. J’étais du genre à prendre une cuite au whisky dans un bar miteux puis à coucher avec un étranger dans une ruelle. Ouais, hier soir était ce que je faisais de mieux.

Accomplissant mon rituel, j’en suis arrivé au stade où je devais essayer ma première tenue. Je savais que le moment était crucial. Quoique je choisisse, j’allais probablement y revenir 1/4 h avant de devoir partir, mais le problème est que je n’avais rien de suffisamment habillé pour un gala dans un musée.

Cette soirée allait être un désastre. L’homme qui était plus un père pour moi que mon propre géniteur comptait sur moi pour donner un sens à sa vie et j’allais tout gâcher parce que je n’avais rien à me mettre.

Alors que la pression continuait à monter jusqu’à en devenir insoutenable, le barrage en moi céda et je me mis à pleurer. Ed était mourant. Cet homme, qui était tout pour moi, était mourant. Je n’arrivais pas à gérer ça. Je n’arrivais plus à gérer quoi que ce soit.

J’étais censé m’habiller, sourire et impressionné alors que je ne parvenais même pas à choisir une robe. Merde, je ne parvenais même pas à m’arrêter de pleurer. Le monde entier se refermait autour de moi. C’était trop. §beaucoup trop !

J’aurais probablement glissé dans une stupeur dont je ne serais jamais sortie si la sonnerie de ma porte d’entrée n’avait pas retenti à ce moment. Je faillis ne pas répondre. Les seules personnes qui sonnaient étaient des livreurs et des gens cherchant quelqu’un d’autre que moi.

Je ne savais pas lequel d’entre eux je m’attendais à ce que ce soit, mais quelque chose en moi me poussa à me lever pour le découvrir. Donc, j’ai trainé ma carcasse en pleurs hors du lit et ai atteint l’interphone.

« Oui ? » Dis-je entre deux sanglots.

« Une livraison pour Dani Spelling, » dit la voix d’un ton neutre.

J’ai tenté de me souvenir de ce que j’avais pu commander sur Amazon. Rien ne me vint à l’esprit. Après il n’était pas impossible que j’aie passé une commande bourrée. Donc, j’ai laissé entrer le livreur et ai fait de mon mieux pour me reprendre.

Il me fallut attendre quelques minutes pour que l’on frappe à la porte et quand ce fut le cas, j’ai ouvert, c’était le livreur. Je ne reconnaissais pas son uniforme et il tenait un paquet dans les mains. Je n’arrivais pas à imaginer ce qui se pourrait se trouver dans une boite à la forme aussi étrange.

« Signez ici, s’il vous plait. »

J’ai signé où il m’a dit de signer et il m’a tendu le paquet. Apparemment, il était composé de deux boites, mais toujours rien qui ne me rappelle quelque chose. Après avoir fermé la porte derrière moi, j’ai posé les boites sur le comptoir, entre ma kitchenette et le salon.

J’ai décidé d’ouvrir la longue boite en premier. C’était une boite épaisse qui semblait venir d’un endroit vraiment cher. Jamais je n’aurais pu m’offrir quoi que puisse contenir cette boite. Et, après avoir payé le taxi pour rentrer hier, je n’allais définitivement pas pouvoir manger cette semaine.

Après avoir posé le couvercle sur le côté et avoir déballé le papier élégamment emballé, j’ai vu quelque chose à quoi je ne me serais jamais attendu. La boite se trouvant devant moi contenait une robe de soirée noire. Quand est-ce que je l’avais commandé ? J’étais certaine de ne pas l’avoir fait. Le seul moment où j’aurais pu le faire aurait été avant de m’effondrer hier soir. Et à ce moment-là, je n’avais aucun moyen de savoir que j’aurais besoin d’une robe de soirée… Et encore moins des talons assortis, ce que j’ai découvert dans la deuxième boite.

J’ai levé la robe devant moi. Elle était belle. Elle semblait même à ma taille. Comment ? Ce devait être Ed, pas vrai ? C’était le seul à savoir que j’irais au gala ce soir. Seulement, je n’aurais jamais deviné qu’Ed puisse avoir un sens de la mode aussi sûr.

Ed avait de nombreuses merveilleuses qualités, mais pas celle-ci. Cet homme avait probablement porté la même chemise et le même pantalon pendant deux années d’affilée. Il avait plus de soixante-dix ans et le numéro de téléphone de toutes les personnes influentes de la ville. Qui se préoccupait de sa façon de s’habiller ?

Alors, comment avait-il pu me choisir une chose pareille ? Avec tout ce qui se passait dans sa vie en ce moment, comment pouvait-il avoir pensé à ce que je pourrais porter ce soir ? Cela me toucha plus que je ne saurais l’exprimer.

Je me mis à nouveau à pleurer alors que j’ai tenu la robe devant le miroir. Mais à présent, je savais que je ne pouvais vraiment pas le décevoir. Je devais me reprendre et être la meilleure version de moi-même possible. Ed comptait sur moi et j’étais prête à tout pour ne pas le décevoir.

Après avoir mis la robe, je me suis sentie plus belle que n’importe quand auparavant dans mon existence. Je pouvais à peine reconnaitre la femme qui me regardait dans le miroir. Elle était assez canon. Où s’était-elle cachée durant le reste de ma vie ? Et lorsque j’eus mis les talons qui complétaient ma tenue, je dus l’admettre, j’avais l’impression d’être une princesse.

Je sais que les apparences n’ont pas d’importance et que la seule chose qui compte est l’histoire que l’on peut ramener à son éditeur, mais, en regardant mon reflet, je fus remplie d’une confiance inédite. J’étais prête pour mon rendez-vous avec le riche crétin qui tentait de ruiner l’héritage d’ED. J’espère qu’il était prêt parce qu’il n’avait aucune idée de ce qui l’attendait.

Après avoir enlevé les talons et enfilé une paire de tennis plus confortable, je les ai rangés dans un sac et suis sortie. Je ne voulais pas prendre le risque d’y accrocher un chewing-gum en m’asseyant dans le métro. Rien ne pouvait mal se passer ce soir. Cet évènement était trop important. Plus que tout, je devais bien me conduire. Pas de whisky, pas de flirt inapproprié, et aucune mauvaise décision. En d’autres termes, ce n’était pas la soirée à me comporter comme moi-même.

Descendant du métro sur la 86e rue, j’ai marché sur trois blocs jusqu’à la 5e avenue puis quatre jusqu’à l’entrée du musée. Lorsque je suis arrivé, je suis restée ébahie devant ce que j’ai vu. Je n’écrivais pas pour la section art et loisir donc je n’étais pas habituée au glamour. Mais ce fut exactement ce devant quoi je me suis retrouvé.

Il y avait toute une rangée de limousines garées devant la galerie et l’entrée avait un tapis rouge recouvrant les escaliers. Il était difficile de voir plus loin, les flashs des appareils étaient trop brillants. Quoique soit cet évènement, c’était énorme et je devais trouver un moyen de faire semblant d’y avoir ma place.

J’ai resserré mon étreinte autour de mon sac à dos en y repensant et mon cœur se mit à battre à tout rompre alors que je regardais autour de moi. Alors que je m’approchais de l’entrée, quelqu’un attira mon attention.

« Est-ce que je peux vous aider ? » Me demanda un videur costaud et élégamment habillé.

« Oui, je suis censé retrouver quelqu’un ici. Vous savez où je suis censé aller ? »

L’homme sembla ne pas me croire. Sentant mon courage revenir, j’étais sur le point de lui tailler un deuxième trou de balle lorsque je me suis souvenue que je portais toujours mes tennis et un sac à dos.

« Je suis avec la presse, » lui dis-je, supposant que c’était le cas.

L’incrédulité de l’homme disparut et il m’indiqua rapidement une entrée secondaire avant qu’il ne perde tout intérêt pour moi et ne tourne la tête.

« Merci, » lui dis-je avant d’entrer.

Bien que je me sente toujours hors de mon élément, ce que j’ai trouvé derrière l’entrée des non-célébrités était plus proche de ce que je connaissais. Ouais, tout le monde était bien habillé, mais cela ressemblait plus à n’importe quel autre évènement où l’on signait à l’entrée.

« Votre nom, s’il vous plait ? »

« Dani Spelling, » dis-je à la dame plus âgée dont les seins semblaient prêts à tomber hors de sa robe.

« Je ne le vois pas, » m’informa-t-elle.

« Je suis le plus un d’Ed Granger, » dis-je me demandant si j’étais même sur la liste.

Alors que je commençais à chercher un plan B, la femme me dit.

« Ah oui. Ed Granger. Vous pouvez aller par ici. »

« Merci. »

« Humm… » Dit-elle alors que j’étais sur le point de m’éloigner.

« Quoi ? » Dis-je, n’aimant pas le ton qu’elle employait.

Ses yeux suivirent les lignes de mon corps jusqu’au sol.

« Oh, c’est vrai. Mes chaussures, » dis-je ayant oublié à nouveau. « Je les ai là, » dis-je en lui montrant mon sac à dos. « En passant, où est-ce que je pourrai déposer ça ? »

« Vous pouvez le laisser au vestiaire, » dit-elle comme s’il s’agissait d’une évidence.

Et bien, c’était acté, je ne l’aimais pas. J’ai tenté de ne pas la laisser m’atteindre cependant, ce soir ne la concernait pas. J’étais là pour donner un sens à la vie d’Ed. La vache, rien que d’y penser, cela me donnait l’impression que j’allais craquer sous la pression.

Me dirigeant vers les escaliers à proximité, je me suis assise et ai changé de chaussures. Tout en le faisant, j’ai observé la pièce. Il y avait beaucoup de monde, mais ce n’était le plus intéressant. Si Ed était là, il devait être dans le hall principal. Ce devait être la pièce dans laquelle se passaient les choses intéressantes. Et le vestiaire devait être l’endroit où vingt personnes faisaient la queue.

« Nique ça, » me suis-je marmonné avant de poser mon sac sur mon épaule et d’entrer.

L’intérieur était impressionnant. Je n’étais pas du genre à aller à ce genre d’évènement pour égo boursoufflé, mais ce musée était un bâtiment de classe mondiale. Ça ne m’échappait pas. De grands rideaux blancs à bordure dorée décoraient les murs en plus de certaines des œuvres d’art les plus connues au monde. L’endroit était d’une beauté à couper le souffle. J’étais clairement dépassée ici. Mais je devais que j’étais là pour Ed. Cela signifiait bloquer tout le reste et faire mon travail.

« Bonsoir, Dani, tu es très belle, » dit une voix familière derrière moi.

Je me suis tournée et ai vu quelqu’un que je ne me serais pas attendu à voir ici.

« Jax, qu’est-ce que tu fais là ? » Ai-je demandé, momentanément désorientée.

« Comment ça, ‘qu’est-ce que je fais là’ ? »

Est-ce que j’avais bégayé ? Je ne pensais pas. Donc je lui ai lancé un regard indiquant que je refusai de me répéter. Il me lança un autre regard confus et j’en eus assez.

Ouais, il m’avait planté hier soir et à présent il allait récupérer le travail que je devais absolument obtenir. Je n’avais pas de temps à consacrer à ses conneries, peu importe à quel point il était canon dans son costume. Mon Dieu ! Cet homme était vraiment une icône sexy vivante.

« Tu as vu Ed ? » Ai-je demandé en me reprenant.

« Ouais, il est par là, » dit Jax en montrant la pièce du doigt.

En regardant la horde de personnes, j’ai vu un homme qui semblait ne pas se soucier de s’intégrer à la foule. Ouaip, c’était Ed. J’étais sur le point d’aller le voir lorsque Jax m’arrêta.

« Tu gardes ton sac à dos ? »

J’ai regardé Jax, ayant déjà oublié que je l’avais sur le dos.

« Tu as raison, » lui dis-je avant de l’enlever de mon épaule et de lui tendre. « Tu peux t’en occuper ? Je crois qu’il y a un vestiaire ou quelque chose dans le lobby. »

Jax me regarda avec un air exaspéré. Je n’ai pas reculé. De mon point de vue, il m’en devait une. Il m’avait planté hier et à cause de ça j’avais fini par baiser avec un inconnu dans une ruelle. Il pouvait passer vingt minutes dans une file d’attente de vestiaires pour se rattraper.

« Humm, bien sûr, » dit-il d’un ton ennuyé.

« Ouais, ne boude pas trop Jax. Tu survivras. » Ai-je envisagé de lui dire. Je ne le fis cependant pas. Parce que, vous vous en souvenez, ce soir n’était pas à propos de moi mais d’Ed. J’allais faire tout ce que je pouvais pour le rendre fier.

Traversant la pièce, je me suis approché de l’homme grisonnant.

« Ed ? » Lui ai-je demandé alors qu’il se tournait.

« Dani, te voilà, » dit-il d’un ton détendu.

En regardant ses yeux fatigués, je me suis souvenue du secret qu’il cachait au reste du monde. Ça me faisait mal au cœur. Je devais tenir. Je devais le rendre fier.

« Me voilà enfin, » lui ai-je conformé avec un sourire. « Merci pour cette robe magnifique. »

J’ai écarté les bras pour qu’il puisse mieux voir son généreux cadeau.

Il me lança un regard confus avant de me regarder.

« Oui, » répondit-il d’un ton neutre. « C’est très joli. Il y a quelqu’un que je voudrais te présenter. »

J’avais eu beau tenir le coup jusqu’à présent, je sentis les choses commencer à échapper à mon contrôle. Nous y étions. Tout menait à cet instant. Je ne pouvais pas merder ou faire quelque chose d’idiot. Il y avait trop de choses en jeu.

« Dani, je voudrais te présenter Heet Ray, le propriétaire du journal, » dit Ed.

L’homme se trouvant devant lui se tourna et le sang quitta mon visage.

« On le prononce généralement ‘hit’ Ray, le corrigea l’homme. »

« Oh, mes excuses, » dit Ed, gêné.

« Ce n’est rien, » dit l’homme gracieusement. 

« Je vais devoir travailler là-dessus. Je n’arrête pas d’oublier. À nouveau, Dani, voici Heet Ray, le propriétaire de notre journal. »

« Ravi de faire votre connaissance, » dit l’homme en se tournant vers moi et en m’offrant sa main.

Je savais que c’était le signal pour moi de faire quelque chose. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais même plus respirer. Ce devait être le plus bel homme que j’avais jamais vu.

Ouais, je sais, j’ai déjà dit ça. C’est parce que l’homme qui se trouait devant moi était le même qu’au bar. Heet Ray était l’inconnu à l’accent anglais qui m’avait baisé dans une ruelle. Et à présent, il était celui qui tenait l’héritage d’Ed et mon futur entre ses mains.

Qu’est-ce que j’allais faire ?

 

 

Chapitre 2

Dani

 

« Dani ? » Dit Ed, me poussant à parler.

« Oui. Content de faire votre connaissance, » dis-je en me reprenant.

« Dani, ci-présente, est ma meilleure journaliste. Et, sans vouloir trop sortir la brosse à reluire, elle ferait une éditrice de haut vol pour votre journal, » continua Ed.

« Vraiment ? » Demanda Heet avec un sourire.

« Absolument, » confirma Ed.

« Alors vous êtes journaliste ? » Me demanda Heet faisant comme s’il ne me reconnaissait pas.

« Oui, en effet. Et je suis extrêmement douée, » dis-je d’un ton confiant.

« Est-ce que cela signifie que vous saviez tout à mon sujet à l’instant où je suis entré dans la pièce ? »

J’ai fait une pause, me demandant de quelle pièce il parlait. Est-ce qu’il parlait de celle-ci ou du bar de la veille ?

« Je suis journaliste, pas médium, » dis-je, ne voulant pas trop m’avancer.

Heet lâcha un éclat de rire. « Bien dit. »

« Bien, je vais vous laisser un peu de temps pour discuter tous les deux, » nous dit Ed. « Et, Heet, je te promets que si tu tentes ta chance avec celle-ci, tu ne le regretterais pas, » dit Ed avec un sourire.

« Nous verrons, » dit Heet, me rappelant un James Bond bronzé.

Heet et moi avons tous les deux regardé Ed s’éloigner. Lorsqu’il fut parti, j’ai fixé Heet, cherchant à regarder dans son âme.

« Bien, arrêtons les conneries. Tu m’as reconnu, » lui dis-je, n’étant pas sure que ce soit vraiment le cas.

Il sourit, réalisant qu’il était pris. « Donc nous n’allons pas danser autour du sujet et jouer à vont-ils, ne vont-ils pas ? »

« Après la nuit dernière, je pensais que tu avais compris que j’étais du genre direct. »

« Ce qui est, je suppose, la raison pour laquelle Ed pense que tu ferais une bonne rédactrice en chef. »

« C’est l’une des raisons. L’autre étant que je suis très douée dans ce que je fais. »

« Et qu’est-ce donc ? »

« Trancher dans le gras et donner aux gens ce qu’ils veulent savoir. »

« Je vois. Et tu penses que les gens n’aiment pas le gras ? »

« L’information est le rapport des faits. Tu possèdes un journal, pas un magazine. Je pense qu’il serait important que votre rédactrice en chef sache faire la différence. C’est pour ça que vous ne voulez pas vraiment que quelqu’un de la section sport prenne ce poste. »

« Waouh, en effet, tu es directe. »

« Je tente de l’être, » dis-je d’un ton confiant.

« Alors, laisse-moi être direct avec toi, je ne vais pas te donner le poste. »

« Quoi ? » Ai-je demandé, sous le choc.

« Tu as été directe avec moi, je voulais te rendre la pareille. J’ai quelqu’un d’autre en tête pour le poste et tu as très peu de chances de me faire changer d’avis. »

Les paroles de Heet me firent l’effet d’un coup de poids dans le ventre. J’en eus le souffle coupé. J’avais l’impression de tomber dans un puit sans fond. Ça ne pouvait pas arriver.

« Cependant, il est possible que nous trouvions une sorte d’arrangement. »

« Un arrangement ? Quel genre d’arrangement ? »

« Un où nous obtiendrions tous les deux quelque chose. Dani, dis-moi une chose que tu voudrais, » dit Heet, d’un ton arrogant.

« Je ne veux qu’une seule chose. Nomme-moi Rédactrice en chef de ton journal. J’ai les qualifications et je suis douée. »

« Peut-être que tu as les qualifications, mais le poste a déjà été donné. Mais j’ai de nombreux contacts. Un mot de ma part et je pourrais faire de toi la rédactrice en chef d’un autre journal. À ton âge ce serait un vrai exploit. »

« Pour commencer, mon âge n’a rien à voir avec tout ça. Je suis prête maintenant. Ensuite, un travail ailleurs ne m’intéresse pas. Je veux être rédactrice en chef de ton journal, point. »

« Tu dois bien vouloir autre chose, » dit-il, son sourire disparaissant lentement.

« Non. »

« Si tu veux plus d’argent, je pourrais arranger ça. »

« Je me fiche de l’argent, » lui dis-je.

« Si tu cherches un travail, j’ai beaucoup de journaux, tout autour du monde. Tu pourrais choisir ton poste. »

« Il n’y a qu’une seule chose qui m’intéresse. »

Après avoir dit ça, quelque chose me vint en tête. Il y avait une histoire derrière tout ça, je passais à côté de quelque chose. 

« Attends. Tu as suggéré un arrangement. Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? Tu veux que j’enquête sur quelqu’un ou quelque chose ? »

« Non ! Pourquoi est-ce que je voudrais une chose pareille ? » Demanda-t-il, n’aimant pas ma suggestion. C’était une réponse dont il faudrait que je me souvienne.

« Pourquoi est-ce que les gens veulent quoi que ce soit ? » Ai-je demandé.

« Non. Ce que je veux est bien plus banal. »

« Et c’est… » L’ai-je poussé.

« J’espérais que tu m’accompagnes à ma réunion d’anciens élèves, » dit-il avec un sourire.

Je l’ai regardé, essayant de comprendre s’il était sérieux. C’était le cas.

« Ouais, ce n’est pas du tout flippant, » lui dis-je, un peu étonnée.

Heet éclata de rire. « Pourquoi serait-il flippant qu’un homme veuille passer du temps avec toi. »

J’ai réfléchi à se phrase. Pourquoi en effet ? Je n’avais jamais été très douée pour les relations ni n’avait une expérience immense. Donc, je ne savais pas. Était-ce ainsi que les gens s’invitaient à sortir de nos jours ? Est-ce que vous baisiez quelqu’un dans une ruelle avant de les inviter à votre réunion d’anciens élèves ?

« Pourquoi moi ? »

« Que veux-tu dire ? » Demanda-t-il.

« Je veux dire, regarde-toi. Je suis sûr qu’il t’est inutile de soudoyer quelqu’un pour obtenir un rencard avec toi. »

« Pour commencer, je ne te soudoie pas. Que ce soit clair. Ensuite, ça ne serait pas que pour une soirée. Ce serait un voyage d’une semaine à Stanford en Californie. Donc c’est un investissement certain. »

Cela me laissa perplexe et, je dus l’admettre, attira mon attention.

« Pourquoi moi ? »

« Tu es marrante, intelligente, belle. Puisque je dois y aller avec quelqu’un, pourquoi pas toi ? »

« Ouais, je n’y crois pas, » lui dis-je, sentant l’entourloupe.

« Tu ne crois pas que je te trouve belle ? Pourquoi crois-tu que j’aie couché avec toi ? »

Heet regarda autour de nous puis se pencha vers moi.

« Nous l’avons fait dans une ruelle. Tu penses que c’est le genre de chose que fait généralement un type comme moi ? »

« Je ne sais pas. C’est le cas ? »

Heet me lança un regard impressionné. « Eh bien, tu n’as pas froid aux yeux. »

« Je tente de ne pas céder à de belles paroles. Je sais à quel point elles sont faciles à conjurer. »

« Très bien. Mais c’est ma proposition. Tu acceptes d’être mon rencard pour ma réunion d’anciens élèves et je te récompenserais avec quelque chose dont tu as besoin. »

« J’ai besoin de devenir rédactrice en chef du journal. »

« Cr que tu veux sauf ça. Tu peux littéralement tout me demander sauf ça. Je suis sûr que tu trouveras quelque chose. »

« Je suis désolée, mais non, » lui dis-je avant de me tourner et de m’éloigner.

Alors que je partais, je m’attendais à moitié à ce qu’il se lance à ma poursuite et cède à mes exigences. Attendez, ‘attendais’ est un mot assez fort. ‘Espérais’ serait plus approprié. Mais il ne le fit pas. Et puisque le convaincre était la seule raison de ma présence ici, pourquoi s’embêter à rester ?

Je fus contente de ne pas croiser Ed en partant. Comment aurais-je pu lui faire face après un échec aussi misérable ? Je ne pourrais plus jamais le regarder. Il était mourant et il avait eu besoin que je fasse ça pour lui. Comment avais-je pu le décevoir ? Je ne voulais pas y penser. Tout ce que je voulais c’était partir d’ici.

En arrivant dans le hall principal, j’ai cherché Jax dans le lobby. C’était lui qui avait mon sac et mes tennis. Il ne me fallut pas longtemps pour le repérer. Il était à l’avant de la queue pour le vestiaire. La réceptionniste était en train de lui rendre sa carte de crédit lorsque j’ai crié, « stop, attends ! »

Il ne m’a pas entendu donc, courant le plus rapidement possible dans mes talons de 10cm, je l’ai rattrapé au moment où il quittait la queue.

« Il faut que je le récupère, » lui dis-je. « Où est le ticket ? »

« Tu veux déjà le récupérer ? Pourquoi ? »

« Où est le ticket ? » Ai-je insisté.

Il tendu un morceau de papier, un air frustré sur le visage. J’ai ignoré son grognement et ai pris le ticket de sa main. Coupant jusqu’à l’avant de la queue, j’ai parlé à la réceptionniste.

« Désolé, mon ami a donné mon sac par erreur. Il vient tout juste de le faire, » dis-je en montrant Jax du doigt derrière moi.

La réceptionniste contrariée prit mon ticket et me rendit mon sac. Je l’ai remercié et ai cherché un endroit où je pourrais changer de chaussures.

« Qu’est-ce que tu fabriques ? » Me demanda Jax, tentant d’attirer mon attention.

J’allais répondre, mais il allait devoir travailler pour obtenir la moindre information.

« Je pars, » lui dis-je tout en décidant de descendre les escaliers vers un endroit plus calme.

« Pourquoi est-ce que tu pars ? Tu viens tout juste d’arriver. Tu n’as pas un rendez-vous ? »

Comment était-il au courant pour le rendez-vous ? Je ne lui avais pas dit, si ? Quand est-ce que j’aurais pu faire ça ?

« Je l’ai eu. C’est fini. »

« Et ? »

« Et ça a été une perte de temps. »

« Et bien tu es là. Autant rester un boire un coup, faire fructifier ton invitation. »

Ceci me poussa à regarder Jax. Ce devait notre plus long échange depuis des lustres. Qu’est-ce qui lui arrivait ?

En le regardant, je vis une expression vulnérable sur son visage. Ce fut presque suffisant pour me faire oublier qu’il m’avait planté la veille. Ou qu’il allait récupérer un travail qui me revenait et dont j’avais besoin.

Bon, je n’étais pas certaine qu’il me revienne. Mais je le méritais plus qu’un crétin de sportif qui avait écrit son premier article un an auparavant avec l’aide d’Ed. Lui donner un poste pareil serait une insulte à la profession.

« Je pense avoir suffisamment bu pour un moment. Tu aurais dû venir hier soir. DE nombreux verres sont tombés. Tu as raté un bon moment, » lui dis-je avant de me lever et de me diriger vers la sortie.

Sur le chemin du retour, j’eus l’impression d’être un vrai échec. Je n’arrivais pas à croire que je n’allais pas parvenir à faire ça pour Ed. Il avait tant fait pour moi. Je ne serais rien sans lui, à présent il était mourant et…

J’ai essuyé les larmes de mes joues quand j’ai réalisé que j’étais devenue l’un de ces fous qui pleurent dans le métro. Je devais me reprendre, ou du moins prétendre que je n’étais pas dans tous mes états. Ce n’était pas quelque chose que la plupart des gens faisaient, pas vrai ?

Personne n’avait sa vie en main ou ne savait quoi faire, pas vrai ? Nous ne tenions tous que par un fil, priant que cette journée ne soit pas celle où nous craquions.

Il allait me falloir de gros efforts pour faire en sorte que ce ne soit pas aujourd’hui pour moi. Je perdais le fil assez rapidement. ET la seule chose que je voulais à cet instant était de ne pas devenir l’une de ces personnes qui hurlaient dans le métro de façon incohérente.

Par chance, j’ai atteint mon arrêt avant de faire quelque chose que je puisse regretter. En marchant jusqu’à chez moi, j’ai même réussi à prendre un peu de perspective sur les choses. Nous ne pouvons contrôler que nos propres actions, pas vrai ? J’avais tenté ma chance. Qu’est-ce que je pouvais faire de plus que ça ?

Ma sagesse nouvellement acquise ne m’empêcha pas d’avoir l’impression d’avoir failli au seul homme que j’avais voulu aider. Une fois dans mon lit, j’ai commencé à vouloir m’endormir, mais me suis souvenu de la tenue que je portais. C’était la robe de soirée qu’Ed m’avait offerte.