SA MEILLEURE MAUVAISE DÉCISION

Chapitre 1

Lexi

 

Écoutez, je ne suis peut-être au Japon que depuis deux ans, mais même moi je sais que les Japonais avec des tatouages sur les bras ne sont pas que des hipsters imberbes avec un penchant pour les groupes de musique aux noms ironiques. Non, au pays du soleil levant, se faire faire un tatouage prend une toute autre signification. La plupart du temps, cela signifie que la personne qui montre ses tatouages en public fait partie des Yakuzas. Saki, ma nouvelle meilleure amie le savait certainement. En fait, la connaissant, cela faisait même surement partie de ce qui l’attirait chez ces types.

« Est-ce que tu essaies de nous faire vendre comme esclaves sexuelles ? » Ai-je chuchoté à l’oreille de Saki.

« Tu lis trop de romans, » répondit-elle dans son japonais snob, me rappelant ainsi la position de sa famille dans la société japonaise.

« Peut-être que ta famille peut payer une rançon, mais je te promets que ce n’est pas le cas de la mienne. »

Saki éclata de rire, comme si je plaisantais. Ce n’était définitivement pas le cas. Alors que son père était le PDG de la quatrième plus grande entreprise de fabrication de téléphone du pays, mon père était manager d’une concession automobile à Eugene dans l’Oregon. Les yakuzas pouvaient lui envoyer autant de mes doigts qu’ils voudraient, sa meilleure offre serait une réduction de 5 % sur les nouveaux modèles. D’accord, cela donnerait presque prix coutant et ils seraient fous de laisser passer cette opportunité, mais ce n’est probablement pas ce qu’ils chercheraient.

« Tu t’inquiètes trop, » m’assura-t-elle. « C’est juste un garçon sympa qui veut nous parler et nous offrir quelques verres. Détends-toi Lexi. »

Lorsque l’homme revint à notre table avec des shots, je pus voir qu’il avait toujours tous ses doigts, donc j’envisageais d’écouter le conseil de Saki. Peut-être que j’étais une peu trop coincée. Et est-ce que se détendre n’était pas censé être le but de cette soirée ? Après tout, ce n’est pas tous les jours que vous découvrez que votre petit-ami de quatre ans vous trompe depuis le jour de votre départ.

Est-ce que ce crevard avait oublié notre conversation avant mon départ ? Je savais que d’aller faire mes deux dernières années de faculté au Japon serait compliqué pour notre relation. C’était moi qui lui avais laissé une issue. Je lui avais dit que je ne pourrais pas me payer un billet retour et que peu importe à quel point nous parlerions, il finirait par se sentir seul. Mais c’était lui qui avait insisté en disant qu’il m’aimait suffisamment pour que ça marche entre nous. Depuis quand faire marcher les choses impliquait sa bite et un nombre incalculable de trainées ?

Alors, pendant qu’il s’envoyait en l’air avec tout ce qui semblait avoir un pouls à la maison, je lui étais fidèle dans un pays rempli d’hommes magnifiques. D’accord, aucun de ceux-ci ne semblait s’intéresser à moi, mais ce n’était pas le sujet. J’aurais dû être libre de flirter ouvertement puis de refuser poliment leurs avances. Au lieu de ça, j’ai été l’équipière de ma meilleure amie, Saki, alors qu’elle flirtait avec tous les mauvais garçons qu’elle croisait.

Ce soir était censé être l’inverse. Saki avait insisté pour que nous sortions et célébrions ma liberté. Clairement, elle ne savait pas ce que cela faisait de mettre fin à quatre ans de relation. Mais, pour être honnête, m’envoyer en l’air après deux ans de sècheresse ne me semblait pas être une mauvaise idée. Je n’étais pas affamée au point de me vendre comme esclave sexuelle en échange de quelques shots, mais la nuit était jeune et cela faisait deux ans que je n’avais couché avec personne.

« O-ka-mi ! O-ka-mi ! O-ka-mi ! »

S’il y a une chose que je n’avais pas entendue durant mes deux ans au Japon, c’est le son d’une foule en train de chanter. Ce son me fit sortir de mes réflexions sexuellos-exclavagistes et attira mon attention sur les personnes m’entourant. De telles choses ne se produisaient pas au Japon. Alors qu’ici le chant était presque assourdissant. Il y avait de nombreuses règles culturelles impliquant de parler à voix basse et de se fondre dans la foule qu’un chant à l’américaine était hors de question.

« Que se passe-t-il ? » Chuchotais-je assez fort dans l’oreille de Saki, interrompant sa conversation avec Mike le vendeur d’esclaves.

Saki me regarda puis l’écran de TV au-dessus du bar.

« C’est du baseball. Tu n’as jamais entendu parler d’Okami ? »

« C’est censé être le cas ? » Dis-je, sur le point de lui rappeler que tous les américains n’aimaient pas le baseball.

« Tu devrais, c’est le joueur le plus connu de l’équipe de Tokyo. »

« D’accord, » répondis-je, comme si cela était censé signifier quoi quelque chose pour moi.

« Il est très célèbre, » intervint Mike l’esclavagiste.

Comment est-ce qu’il avait pu m’entendre ? Et était-ce comme ça qu’allait commencer ma vie d’esclave ?

« C’est un Américain, comme toi. Je croyais que tous les Américains de Tokyo étaient censés se connaitre ? » Dit Mike l’esclavagiste avec un sourire.

Mettant de côté sa réflexion raciste, je me décidais de me tourner vers l’écran le plus proche. Ma capacité à lire le japonais n’était pas exceptionnelle, mais de ce que je pouvais en dire, le batteur était nommé Forrest Wolf. C’était logique. Okami signifiait « loup » en japonais. C’était aussi le mot japonais pour « proprio », mais je ne pense pas que c’était ce que voulait dire la foule.

En m’intéressant à ce qui se passait à l’écran, je compris vite pourquoi tout le monde était dans cet état. L’équipe de Tokyo avait deux points de retard avec toutes les bases occupées et Forest Wolf à la batte. Apparemment, il en était au troisième lancer et il s’agissait de sa dernière balle. Je ne connaissais pas grand-chose au baseball, mais même moi je savais qu’à la neuvième manche, c’était un moment vital.

« Il va la tenter, » expliqua Mike l’esclavagiste. « Okami tente toujours le home-run. »

« O-ka-mi ! O-ka –mi ! » Chanta la foule.

D’accord, je me fichais complètement du baseball, mais je pouvais voir pourquoi le moment était si excitant. Toutes les personnes dans la pièce étaient concentrées sur le loup américain qu’ils savaient allait tenter le tout pour le tout. Alors que le lanceur commença son geste, je pus entendre tout le monde retenir sa respiration. Lorsque la batte de Wolf frappa la balle, elle le fit avec un bruit sourd parfaitement audible. Tout en regardant la balle monter de plus en plus haut, la foule se mit à crier. Tout le monde dans le bar était fou de joie. Même Saki semblait excitée et j’étais à peu près sure qu’elle en connaissait encore moins que moi sur le baseball.

« Vous vous en sortez toujours vous les Américains, » dit joyeusement Mike l’esclavagiste. « Il nous faut d’autres shots pour célébrer ça ! »

C’était quelque chose à quoi je n’avais jamais pu m’habituer durant mon séjour au japon. On ne sortait jamais juste à deux, avec une amie, pour prendre un cocktail sur toute la soirée et rentrer à la maison. Les gens picolent ici. Nous étions mardi soir et la plupart des gens dans le bar étaient des hommes d’affaires tous habillés en chemises blanches et pantalons noirs. Tout le monde dans cette pièce allait boire jusqu’à tituber pour rentrer chez soi puis aller se trainer au travail malgré la gueule de bois le lendemain.

Peut-être que, vu les circonstances, il était temps pour moi de suivre le mouvement. Après tout, à Rome, bourrez-vous la gueule et couchez avec un Italien non ? Je suis à peu près certaine que c’est ce que dit le dicton.

« Et merde ! Il nous faut plus de shots, » dis-je à Mike l’esclavagiste, laissant ressortir mon côté fille de la cambrousse.

Au bout d’une troisième shot, je me mis vraiment à me détendre. Qu’est-ce qui m’avait pris de rester fidèle pendant si longtemps au trou du cul qui me servait de petit ami ? Après tout, je n’étais même pas sûr d’être amoureuse de lui. Je veux dire, il était pas mal, et être avec lui était mieux que de rester seule, mais est-ce que cela valait vraiment deux ans de célibat ? Bien sûr que non !

Il était vraiment temps pour du changement. Je mourrais d’envie de me retrouver dans un love-hôtel avant la fin de la soirée, j’en avais besoin. Le seul problème ? Ma seule option viable était une pièce remplie d’hommes d’affaires japonais.

Ne vous méprenez pas, j’ai toujours trouvé les Japonais vraiment canon. Avec quelques verres en moi, je pouvais enfin m’admettre que cela avait même joué dans ma décision d’aller faire deux ans ici. Le problème était plus culturel.

Premièrement, les hommes japonais semblaient être les créatures les plus timides à la surface de la Terre. Je ne parviens toujours pas à m’expliquer comment le pays est parvenu à se renouveler pendant aussi longtemps.

Le second problème, qui, j’en étais sure, était pire que le premier, était que les Japonais avaient souvent un type très particulier. Leur femme idéale ressemblait souvent à une adolescente de quatorze ans, ce que je n’étais pas. J’étais une femme avec des courbes, beaucoup de courbes. J’étais plus lourde que la moitié des Japonais. Alors comment pouvais-je ne pas avoir l’impression d’être Godzilla en leur parlant ?

Est-ce que cela pouvait être la vraie explication au fait que je n’ai jamais trompé mon ex ? Peut-être. Mais je n’allais pas le laisser s’en sortir si facilement. Il m’avait trompé, pas moi. Les choses s’arrêtaient là.

Me sentant un peu ivre et déprimée, je me suis tournée vers Saki qui semblait passer un très bon moment.

« Je ne veux pas rester ici. Il n’y a personne pour moi ici. »

Je m’attendais à ce que Saki proteste. Il faut reconnaitre qu’elle ne le fit pas. À la place, elle observa la foule, hocha la tête d’un air approbateur et parla avec Mike en un japonais très rapide. Les regardant comme si je comprenais ce qu’ils disaient, je repensai à la vitesse à laquelle elle avait accepté qu’il n’existait personne pour moi. Je veux dire, c’était une chose que je crois que personne ici ne me trouverait jolie, c’en est une autre lorsque votre meilleure amie est d’accord avec vous. Les Japonais sont BEAUCOUP trop directs.

« Haruto dit qu’il connait un autre endroit où nous pourrions aller. C’est réservé aux Japonais, mais il dit qu’il pourra te faire entrer,» expliqua Saki.

Après en avoir déduit que Mike l’esclavagiste s’appelait en fait Haruto, je me suis demandé si Saki avait compris pourquoi je voulais partir d’ici. En quoi aller dans un bar réservé aux Japonais allait-il m’aider à prendre de mauvaises décisions ce soir ? D’accord, aller ailleurs avec un membre de la mafia japonaise qualifiait en tant que mauvaise décision, mais ce n’était pas le genre de mauvais choix que je recherchais ce soir.

« Et merde, pourquoi pas ? Allons-y, » lui dis-je me décidant à changer de paysage.

« Ouais ! » Répondit Saki, d’une voix qui semblait sortie d’un anime.

« Je vais leur demander d’amener ma voiture, » dit Haruto, faisant disparaitre le dernier de mes doutes quant à sa condition de yakuza.

Personne ne possédait de voiture à Tokyo. Personne ! D’accord, peut-être que les parents de Saki en possédaient. Mais personne de proche de notre âge ne pouvait s’en offrir une en ville. Donc, c’était la façon d’Haruto de tenter d’impression Saki. Et de tout ce que j’avais pu voir, cela semblait avoir marché. Elle était jolie, mais, la vache, ce que ma meilleure amie pouvait être idiote, me dis-je… Alors que je la suivais vers la voiture d’un membre de la mafia.

« Je ne resterais pas longtemps, » dis-je à Saki alors que nous nous approchions de la porte du bar.

« Oh. Pourquoi ? » Répondit-elle, sincèrement déçue.

« Je ne sais pas. J’ai un mauvais pressentiment sur cet endroit. Et déjà, est-ce qu’ils vont me laisser entrer ? »

« Haruto a dit qu’il te ferait rentrer. »

« Saki, tu sais qu’il fait partie de la mafia japonaise hein ? »

Saki gloussa. « Ne dis pas n’importe quoi, ce n’est pas un yakuza, juste un type normal. »

Comme je l’aie dit, elle était jolie, mais parfois vraiment idiote.

« D’accord. Si tu le dis. Mais je ne pense pas rester longtemps. »

Cette fois-ci, Saki ne tenta pas d’argumenter. À la place, elle passa son bras très mince autour du mien et posa sa tête sur mon épaule. Ouais, elle pouvait être assez idiote, mais aussi vraiment gentille. Son cœur était à la bonne place, ce que j’aimais beaucoup.

Je ne pourrais pas vous dire tout ce qui a été dit entre l’imposant videur et Haruto, mais je peux décrire la scène. Imaginez un sumo chauve habillé d’un costume. À présent, imaginez un jeune homme japonais mince lui crier dessus d’un ton agressif alors que le sumo le regarde avec indifférence. Aussi gênant que ce soit, je devais le reconnaitre à Haruto. Il voulait vraiment plaire à Saki et était prêt à tout pour y arriver.

Est-ce que cela me faisait me sentir mieux à propos de cette soirée ? Et bien, vous savez quoi ? Ouais. Ce type était prêt à se battre pour moi. Bien sûr, cela pouvait simplement vouloir dire qu’il voulait me vendre à la personne prête à mettre le prix le plus élevé, mais il était agréable de se sentir désirée.

Lorsque le sumo vigile accepta enfin et nous laissa passer, je dus admettre que je me sentais assez bien. Mon ex n’aurait jamais fait une chose pareille pour moi. Peut-être que Saki avait raison lorsqu’il s’agissait des hommes. Peut-être que j’avais besoin d’un mauvais garçon. Quelqu’un qui se battrait pour mon affection et m’apprendrait à me sentir vraiment femme.

« Des shots ? » Demanda Haruto prêt à aller au bar.

« Abso-lu-ment, » lui dis-je en anglais.

Il n’avait aucune idée de ce que je venais de dire.

« Oui, s’il te plait, » dis-je en japonais.

« Tu vois quelqu’un qui te plait ? » Me demanda Saki une fois que nous fumes seules.

Je ne savais pas du tout pourquoi Saki voulait jouer à ce petit jeu, mais je m’y prêtais volontiers.

J’observais la pièce, pas vraiment impressionnée. D’accord, il y avait pas mal de mecs canon, mais ça ne m’avançait pas vraiment. Aucun d’entre eux ne m’aurait vu comme autre chose qu’une étrangère avec trop de formes. J’étais sur le point de le dire à Saki lorsque je vis un visage non japonais près du bar.

Est-ce que mon regard s’était attardé sur lui parce qu’il n’était pas japonais ? Non, ce n’était pas ça. Mes yeux s’étaient posés sur lui parce qu’il était incroyablement canon. Il semblait avoir vingt-cinq ans et était athlétique. En voyant sa mâchoire carrée, je me mis à m’imaginer son torse musclé sous son t-shirt. Comment avait-il pu entrer habillé comme ça ? Et pourquoi est-ce que tous ceux qui l’entouraient semblaient l’écouter religieusement.

« Tu sais qui c’est ? » Demanda Haruto en revenant avec six shots pour nous trois.

La vache, combien de temps avais-je passé à la regarder ?

« Non, dis-moi. » Lui demandais-je ayant du mal à détourner le regard.

« C’est ton ami américain, Okami. »

Mon regard se reposa vers Haruto afin de vérifier s’il était sérieux. Haruto semblait excité. Il semblait sérieux.

« C’est le joueur de baseball ? » Demanda Saki, concentrant alors ses ondes féminines sur lui. Haruto dû le remarquer, car son attitude changea instantanément.

« Il n’est pas si spécial, » protesta Haruto. Je n’étais pas du tout d’accord avec lui.

Vous connaissez ce sentiment, lorsque vous regardez tranquillement quelque chose d’agréable au regard et que cette chose a le toupet de croiser votre regard ? Et bien, laissez-moi vous dire que ce n’est pas une sensation agréable. Et cette sensation après cinq shots de trop et que votre temps de réaction est multiplié par vingt ? Mon non plus, mais selon une amie, cela donne l’impression d’être dévorée du regard par un célèbre joueur de baseball dans un bar japonais.

« C’est toi qu’il regarde ? » Me demanda Saki, me rendant fière. 

« Non, » répondis-je, enfin capable de tourner le regard, mais sachant que c’était effectivement le cas.

« Lexi, il te regardait ! » Dit-elle, bien plus surprise que ce à quoi je me serais attendue.

« Allez, arrête. Il ne me regardait pas. »

C’était clairement le cas.

« Tu devrais aller lui parler, » suggéra Saki.

« Non ! »

Je comprenais que Saki pense que tous les américains soient très directs, mais pour qui est-ce qu’elle me prenait ? Je n’allais pas aller draguer un célèbre joueur de baseball canon dans un bar, je me respectais un minimum. Bien sûr, ces shots faisaient un excellent travail de me convaincre du contraire, mais au moment où je vous parle, j’avais encore un peu de respect pour moi-même.

Alors que je réfléchissais au nombre de shots qu’il me faudrait pour me débarrasser de ce respect, je regardais Saki et vis ses yeux s’écarquiller.

« Quoi ? Qu’y a-t-il ? »

Est-ce qu’il se passait quelque chose qui m’échappait avec Haruto ? Est-ce qu’il tentait de la toucher sous la table ce bâtard ?

Lorsque les yeux de Saki se posèrent sur quelque chose derrière moi, je compris que ce n’était pas ça. Il se passait quelque chose et Saki semblait faire tout son possible pour m’indiquer de ne pas réagir. Mon cœur s’emballa et je sentis la peur m’envahir. Est-ce que le moment fatidique était arrivé ? Était-ce maintenant que ma nouvelle vie en tant qu’esclave sexuelle allait commencer ? J’espère qu’ils ont une mutuelle.

Ma peau se mit à me chatouiller pour me signaler que quelque chose allait se produire avant que je ne me rende compte de ce qui se passait. Sentant mon cœur ralentir, ma tête se mit à tourner alors que je comprenais ce qui se passait. J’entendais un accent américain parfait. Il ne pouvait venir que d’une personne. Mon Dieu, le joueur de baseball canon venait de traverser la pièce et nous parlait.

Est-ce qu’il était venu voir Saki ? Cela pouvait définitivement être le cas. Il n’aurait pas été le premier à traverser une pièce pour elle. Est-ce que c’était le cas en ce moment ceci dit ?

Alors que je me retournais et vis ses yeux d’un vert intense, je découvris que ce n’était pas le vas. La vache, l’homme le plus canon que j’avais vu de ma vie me regardait. Pfiou, j’avais vraiment envie de faire pipi d’un seul coup.

 

 

Chapitre 2

Lexi

 

« Est-ce que vous parlez anglais ? » Me demanda l’homme beaucoup trop beau.

Tout ce que je pus faire fut de secouer la tête comme l’un de ces jouets à grosse tête. Puis je me suis rappelé qu’il était un joueur de baseball au Japon et donc qu’il y avait probablement un de ces jouets de lui. Argh, ma vessie était vraiment sur le point d’exploser.

« Américaine ? » Me demanda-t-il ?

Je secouais à nouveau la tête.

« Je le savais. Je peux reconnaitre un compatriote n’importe où. Salut, je suis Forrest Wolf, » dit-il d’un ton très sûr de lui.

Regardant sa main tendue, je suis ce que j’allais faire avant même de le faire. Pourquoi, oh mon dieu, pourquoi est-ce que j’avais choisi de faire une chose pareille ? Est-ce que j’espérais en secret que mon vagin se dessèche par manque d’utilisation et tombe ? Ça devait être ça. Car au lieu de simplement prendre sa main et accepter son petit geste arrogant, je le regardais droit dans les yeux et dis,

« O-ka-mi. »

Je ne le fis pas qu’une seule fois. Je lançais un chant. C’est exact. La grosse étrangère qui avait à peine été autorisée à entrer dans ce bar réservé au japonais leva son poing vers le ciel et cria « O-ka-mi ! »

À ma surprise, à la troisième reprise, d’autres personnes se joignirent à moi. Rapidement, je ne fus plus la seule à humilier l’homme le plus canon qui m’ait parlé de ma vie, ce fut une pièce rentière remplie de mafieux japonais et d’hommes d’affaires ivres.

Continuant à la regarder droit dans les yeux alors que je chantais, je pus voir le moment exact où l’arrogance quitta son visage et où il devint un homme que j’aurais pu croiser au pays. Évidemment, il restait l’homme le plus canon que j’aurais pu croiser, mais au moins il ne m’apparaissait plus comme une icône japonaise.

Et lorsque son visage commença à passer de jeune homme canon à celui “un adolescent humilié, j’arrêtais de chanter et me sentis mal vis-à-vis de ce que je venais de faire. Je n’avais pas voulu le mettre mal à l’aise. Bon, peut-être que si, peut-être que c’était exactement mon plant, mais à cet instant, mon cœur se brisait pour lui et je devais trouver un moyen de mettre fin à ce chant.

« Okami, » dis-je rapidement avant de frapper dans mes mains et de siffler avec force.

À mon soulagement, ainsi qu’à celui de Forrest, cela mit immédiatement fin au chant. Toujours en train de le regarder, je tentais de garder le contrôle de mon corps. Je me sentais vraiment mal pour ce que je venais de faire à présent et je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas m’enfuir en courant.

Ce fut au moment où mon regard allait se baisser et que mon sourire diminua qu’il dit quelque chose auquel je ne me serais jamais attendu.

“Donc, vous avez entendu parler de moi. Cool, j’ai eu peur de devoir lancer le chant moi-même,” dit-il alors que ses joues rouges s’arrondirent alors qu’il faisait un sourire gêné.

“C’est bien ce qu’il m’avait semblé,” répondis-je, me sentant plus reconnaissante que je ne pouvais l’admettre à son geste. “Vous voulez que je recommence ?” Dis-je en ouvrant la bouche prête à crier à tue-tête lorsqu’il eut la bonté de cœur de m’arrêter.

“Non, ça ira,” dit-il rapidement. “Une fois suffit largement. Évitons de me donner la grosse tête.”

“En effet, ce serait dommage.”

“Exactement. Donc, maintenant que nous avons définitivement établi que vous étiez américaine, est-ce que vous accepteriez de me dire votre nom ?”

Je regardais Forrest, impressionnée. Après tout ce que je venais de faire, il voulait toujours me parler ? C’était de la folie. Il était fou. Est-ce que je voulais vraiment discuter avec quelqu’un qui était vraisemblablement fou ?

“Lexi Rubin,” lui dis-je, réalisant brusquement que les fous étaient mon type.

“Ravi de vous rencontrer,” dit-il en tendant à nouveau la main.

Pfiou, sa main était énorme par rapport à la mienne. Elle semblait disparaitre dans la sienne. Ma pensée qui suivit fut, évidemment, de me dire que son corps envelopperait surement le mien. Je n’arrivais pas à m’en empêcher. Cela faisait deux ans que je n’avais couché avec personne et il était tellement canon qu’il ferait même défaillir les enfants et les personnes âgées à proximité.

“Je vous demanderais bien si vous visitez le Japon, mais vous êtes une étrangère dans un bar réservé aux locaux, donc cela répond à ma question.”

“Non, je suis à la fac ici. Je suis avec mon amie Saki. C’est Haruto qui nous a fait entrer.”

Forrest se tourna vers Saki et Haruto et leur fit un petit signe. Haruto ne regrettait définitivement pas la négociation avec le videur. Il souriait jusqu’aux oreilles. Les Japonais aimaient vraiment le baseball.

“Merci de l’avoir fait entrer,” dit Forrest à Haruto.

“Hai,” répondit Haruto, probablement incapable de dire quoi que ce soit d’autre.

“Pourquoi est-ce que vous le remerciez de m’avoir fait entrer ?” Lui demandais-je, trouvant cela un peu étrange.

“Parce que sinon je ne vous aurais pas rencontrée. Et vous ne m’auriez pas offert ce magnifique chant,” dit-il, cherchant clairement à me taquiner.

“Écoutez, je suis désolée, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, je suis sure que je vous ai mis vraiment mal à l’aise.”

“Non, ne vous en faites pas pour ça. J’adore l’entendre sur le terrain.”

“Et dans un bar ?”

Forrest me donna sa réponse me regardant dans les yeux en souriant. Il avait clairement détesté ça, mais était beau joueur. La vache, ce que j’avais envie de le mettre dans mon lit ! Il n’y aurait pas beaucoup de place, mais je savais déjà où il pourrait ranger son service trois-pièces.

“Beau match aujourd’hui au fait,” lui dis-je, voulant changer de sujet.

“Merci, vous l’avez regardé ?”

“J’en ai vu une partie,” ce qui était plutôt vrai.

“Vous êtes fan de baseball ?”

Je fis une pause, me demandant ce qu’il voulait entendre. “Pas vraiment, je connais à peine les règles.”

“Vraiment ? Alors comment avez-vous su exactement comment me mettre la honte ?”

“Un instinct né de nombreuses années à humilier des hommes ?” Dis-je en haussant les épaules.

Forrest éclata de rire. “ Pfiou ! Je devrais faire attention alors, non ?”

“Oui ?” Dis-je en haussant les épaules, car je ne semblais clairement plus jamais vouloir me servir de mon vagin.

“Alors pourquoi est-ce que je n’ai pas peur ?” Demanda-t-il en souriant.

“Mauvais instinct de survie ?” Répondis, complètement déterminée à me saboter.

Forrest rit à nouveau. “Ça ne serait pas la première fois qu’on me le dit.”

“Vraiment ?”

“Pfiou ! Vous ne suivez vraiment pas le baseball pas vrai ?”

“Non, vraiment pas.”

“Ça me plait,” dit Forrest avec un sourire.

“Au mauvais instinct alors,” dis-je en levant mon verre.

“Attendez, je n’ai rien à boire.”

Dès qu’il eut dit ça, Haruto se pencha et tendit son verre à Forrest tout en baissant la tête.

“Merci,” dit Forrest comme s’il avait l’habitude que les gens lui donnent leurs verres. “Au mauvais instinct,” dit-il en tapant son verre dans le mien avant d’en prendre une gorgée.

Je regardais l’homme magnifique se trouvant devant moi alors qu’il buvait dans le verre d’un étranger. À cet instant, plusieurs choses devinrent claires. Tout d’abord, il avait vraiment un mauvais instinct, je veux dire, il buvait dans le verre d’un étranger. Comment était possible qu’il n’ait jamais été kidnappé ?

Et ensuite, Saki et Haruto écoutaient chaque mot de notre conversation. Je jetais un nouveau regard pour vérifier. Ouais, ils ne s’en cachaient même pas. Les Japonais sont vraiment à part.

“Hé, tu veux danser ?” Lui demandais-je, espérant avoir un peu d’intimité.

Forrest regarda la piste de danse avant de se retourner. “Il n’y a littéralement personne en train de danser.”

“Oui, mais tu es Okami. Si tu danses… Tout le monde te suivra,” dis-je en faisant un geste mystique avec les bras et les yeux.

“Arrête,” dit Forrest, à nouveau gêné.

“Quoi ? Tu ne me crois pas ?”

“Oh aller, arrête.”

“Et si on pariait ?”

“D’accord, qu’est-ce que nous devrions parier ?”

J’y pensais pendant environ une seconde. Il était vraiment difficile de penser avec autre chose que mon entrejambe.

“Si tu as raison, tu pourras choisir ce que nous ferons ensuite,” lui dis-je, me sentant audacieuse.

“Et je peux choisir n’importe quoi ?”

Je fis une pause, pensant à ce que cela ferait de masser des hommes avec mon corps nu recouvert de savon pendant le reste de ma vie.

“Ce que tu veux,” confirmais-je avec un sourire. “Mais je dis ça uniquement parce que je sais que tu vas perdre.”

“D’accord, ça me va. Et qu’est-ce que nous ferons si tu gagnes ?”

“Tu veux dire, quand je vais gagner ?”

“D’accord, Mlle-Sûre-de-toi. Qu’est-ce que nous ferons quand tu auras gagné ?”

“Et bien, je choisirais ce que nous ferons ensuite.”

“C’est-à-dire ?”

Et bien, on dirait que tu vas devoir accepter pour le découvrir,” dis-je en me tournant vers la piste de danse tout en lui faisant un sourire séduisant.

« Ça me va, vendu. Je prends le pari. »

Pour être franche, je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer une fois que nous aurions commencé à danser. Est-ce que cette foule était du genre à danser ? Je savais qu’ils buvaient. Je savais qu’ils chantaient au karaoké comme s’ils étaient en finale de la Nouvelle Star, mais est-ce qu’ils dansaient ?

Il ne me fallut pas longtemps pour avoir ma réponse. Alors que je levais les bras en l’air et bougeait de manière séduisante et qu’il faisait des gestes maladroits qu’il pensait surement être de la danse, la piste commença à se remplir.

Au début, il n’y eut qu’un homme qui aurait d’ailleurs probablement pu être là avant nous. Mais il fut rapidement rejoint par d’autres. Est-ce que cette foule dansait ? Oui, évidemment. Aussi souls que soient la plupart d’entre eux, il n’y avait qu’une explication au fait que personne ne danse avant nous. Les hommes japonais étaient les créatures les plus timides de la surface de la Terre et personne ne voulait être le premier.

Passant mes bras autour de l’homme canon au mauvais instinct, je savourais ma victoire. J’étais sur le point d’obtenir ce que je voulais de lui. Lui ! L’homme le plus canon que j’aie vu de ma vie. Par quoi est-ce que je pouvais commencer ?

« D’accord, tu as gagné, » dit-il en se penchant vers mon oreille. « Qu’est-ce que nous allons faire ensuite ? »

Je mets ce que j’ai dit ensuite sur le dos de l’alcool. « Je propose de planter nos amis et de partir d’ici. »

Forrest me lança un regard content. « Si c’est ce que tu veux alors nous devons le faire. »

D’accord, je sais que ce n’était pas la chose qu’aurait dû faire l’amie responsable. Je laissais Saki avec quelqu’un qui, j’en étais toujours convaincue, était un membre de la mafia japonaise. Et, encore pire, je n’allais même pas lui dire où j’allais ou si j’allais revenir.

Je me comportais en mauvaise amie. Mais, si l’on regardait le côté positif des choses, est-ce qu’elle ne m’avait pas emmenée pour que je puisse m’envoyer en l’air ce soir ? Donc, en partant avec Forrest, est-ce que je ne lui rendais pas service ? Est-ce que je ne lui rendais pas les choses plus faciles ?

Oui, en effet. En fait, j’étais même presque une vraie mère Térésa, je vous le dis. Je donnais encore et encore. De rien Saki !

 Après avoir rationalisé et justifié ma décision, Forrest et moi nous partirent vers la sortie et sommes sortis dans la nuit. Il était encore relativement tôt donc il restait quelques personnes dans la rue. Nous étions à Shinjuku, l’endroit le plus cool de la ville. Il y avait des boites de nuit à proximité. Un peu plus loin se trouvait le quartier chaud, mais aucun des deux n’était ce que j’avais à l’esprit.

« Alors, où allons-nous ? » Me demanda Forrest incertain de la direction à prendre.

« Et si nous nous contentions de marcher un peu ? »

« D’accord ! » Dit-il en tendant les mains dans deux directions.

Je fis mine d’en choisir une au hasard et il me suivit.

« Alors, depuis combien de temps es-tu au Japon ? » Lui demandais-je.

« Un peu plus de deux ans. »

« Oh, alors juste un peu plus que moi. Tu es venu pour jouer au baseball ? »

« Oui. J’ai été drafté un an après la fac. J’ai joué un moment dans la division inférieure et lorsque j’ai reçu une offre du japon, je l’ai acceptée. »

« Pourquoi le Japon ? » Lui demandais-je tout en marchant suffisamment près pour qu’il passe son bras autour de moi.

« C’est l’un des trois plus grands marchés au monde pour le baseball. La paye est bonne. »

« Et qu’est-ce que tu penses du Japon ? Ça te plait ? »

« C’est un endroit extraordinaire. »

« Je suis d’accord. Mais…» Dis-je, sure qu’un « mais » allait suivre.

“Mais quoi ?” Me demanda-t-il, perplexe.

« Tu ne vas pas dire, le Japon est sympa, mais… ? »

« Pas de maïs. J’aime cet endroit. J’avais besoin de partir. Ça ne se passait pas très bien aux États-Unis. J’avais besoin d’un changement de décor. »  

« C’est exactement ce qu’offre le Japon. »

« Ouais, impossible de se croire aux USA, » dit Forrest alors que nous avons partagé un éclat de rire.

«Tu as raison à ce propos. Il y a de grosses différences culturelles. Il m’a fallu tellement longtemps pour toutes les voir. Certaines me paraissent toujours absurdes.»

C’est alors que Forrest saisit le message et passa le bras autour de moi.

« Je crois que j’ai tout saisi ici. Dis-moi ce que tu ne comprends toujours pas et je te l’expliquerais. »

«Oh, donc tu es un expert ? » Lui demandais-je, sentant son côté arrogant revenir.

« Ouaip, » dit-il d’un ton confiant.

« D’accord, alors pourquoi est-ce que personne ne discute dans le métro ? Durant les heures de pointe, il y a genre, 100 personnes entassées dans la rame et personne ne dit un mot. C’est flippant. »

« C’est facile. C’est parce qu’il y a une centaine de personnes dans un wagon. Les Japonais ont un respect profond de la communauté. Imagine ce que cela donnerait s’il y avait une centaine de conversations à la fois. Donc pour s’éviter ce cauchemar, ils ont collectivement accepté le fait que personne ne devrait parler. »

J’y réfléchis, n’ayant jamais pensé à cela avant. « C’est très poli de leur part. »

« Eh bien ? Tu es nouvelle ici ? Bienvenue dans le pays de la politesse, » dit Forrest avec un grand sourire.

« D’accord, tu as probablement raison à ce propos. Mais c’était surement facile. Si j’y avais réfléchi, j’aurais surement deviné seule. »

« Alors, donne m’en une plus dure, » insista Forrest.

«Très bien, les love-hôtels, explique-moi ce concept.»

Pour information, au Japon, les love-hôtels sont aussi nombreux que les McDonald. Même s’ils ne sont pas indiqués, on finit par les repérer au bout d’un moment. Ce sont de grands bâtiments modernes avec des noms anglais en général.

Par exemple, au milieu de Tokyo se trouve l’Hôtel Bianca. Tout le monde ne parle pas anglais au japon, et pourtant il y a un hôtel ayant le même nom qu’une fille avec laquelle je suis allé à l’école à Eugene dans l’Oregon. C’est juste étrange.

« Ah oui, les love-hôtels, » réfléchit-il tout en me regardant. « Pourquoi est-ce que tu ne connais pas encore ça ? »

« Peut-être que je n’y passe pas autant de temps que certaines personnes, » dis-je, inventant une excuse à ma question.

« Ouais, mais ce sont des love-hôtels. Comment fais-tu pour ne pas connaitre ? »

« Je sais ce que c’est, je ne sais POURQUOI ils existent. »

« Ahhhh, » dit-il comme s’il réalisait enfin ce que je voulais dire. « D’accord. C’est parce que les gens de notre âge vivent plus longtemps avec leurs parents ici. Et parce que dans les maisons traditionnelles japonaises, les murs sont très fins, il n’est pas évident de se lâcher si tu vois ce que je veux dire ? »

« Tu parles d’orgasmes ? »

Cela fit rougir Forrest. Je ne m’y attendais pas. Qui était ce type ? Était-il un joueur de baseball arrogant qui séduisait toutes les femmes qu’il voulait ou non ?

« Je suppose que oui, » expliqua-t-il. « Mais je voulais simplement dire : se détendre et profiter d’être avec quelqu’un. Si tu es une jeune femme de 22 ans qui fréquente un garçon de 22 ans et que vous vivez tous les deux chez vos parents, alors… »

« Où allez-vous coucher ensemble ? » Offris-je pour compléter sa phrase.

« Où allez-vous vous installer dans les bras l’un de l’autre si c’est ce dont vous avez envie ? Où allez-vous faire quoi que ce soit ? Tu sais à quel point les maisons sont petites. Certains de ces endroits n’ont même pas de vraies portes à l’intérieur. »

« Donc si tu fréquentes quelqu’un, il faut aller dans un love-hôtel si tu veux faire quoi que ce soit. »

« Oui, il est mal vu ne serait-ce que de se faire des gestes affectueux en public ici, » explique Forrest.

« Alors ce que tu es en train de faire pourrait être mal vu ? » Dis-je, me sentant complètement à l’aise à son bras.

« Eh bien, nous pouvons nous en sortir, nous sommes étrangers, les règles ne sont pas les mêmes pour nous. »

« Ça, je le sais, » confirmais-je. « Mais nous devrions peut-être quand même déplacer nos gestes affectueux ailleurs. »

« À où pensais-tu ? » Demanda-t-il comme s’il n’avait pas remarqué où menaient toutes mes questions.

« Eh bien, comme je te l’ai dit, je ne connais pas grand-chose aux love-hôtels. »

« Donc tu n’es jamais entré voir ? »

« Non, » ai-je admis.

« Tu en aurais envie ? »

« Eh bien, je veux dire, ça pourrait être intéressant, » dis-je plutôt que de crier « Bien sûr que oui » de toutes mes forces.

« Alors je vais en trouver un, » dit Forrest avec un sourire.

Forrest me lâcha l’épaule et sortit son téléphone. Je fis de même pendant ce temps. J’avais des messages de Saki. Le premier me demandait où j’étais passé, le second, quelques minutes plus tard, disait qu’elle supposait que tout allait bien pour moi.

Vraiment ? Elle suppose que je vais bien ? Et si ce n’était pas le cas ? Et si Forrest m’avait kidnappé en fait ?

Je pris un moment pour m’imaginer ce que cela ferait de se faire kidnapper par le plus bel homme du monde. Est-ce qu’il me ravirait rapidement ? Ou est-ce qu’il utiliserait mon corps pendant des heures, me poussant à me soumettre à sa volonté ? Est-ce qu’il m’attacherait les bras au lit, m’écarterait les jambes et plongerait son sexe puissant dans ma chatte tremblante ?

« Alors, comment se passe la recherche de love-hôtel ? » Demandais-je, sentant brusquement une vague de chaleur envahir mon corps.

« Je crois que j’en ai trouvé un ouvert aux étrangers. Ce n’est pas loin d’ici. Tu veux qu’on y aille ? »

« Eh bien, si tu es partant. »

« Tu as gagné le pari, donc c’est le moins que je puisse faire, » dit-il en continuant notre petit jeu.

Je mis mon bras autour de Forrest alors qu’il ouvrit le chemin. La chaire entre mes jambes était en feu. Je ne comprenais pas comment ma culotte faisait pour ne pas s’enflammer.

Je décidais de me rapprocher de lui. Il avait une odeur très masculine. Il était clairement allé au bar juste après le match. Donc, bien qu’il sente le propre, il émanait de lui le musc d’un corps masculin qui sortait de la douche. Cela me rendait folle. Je mourrais d’envie de me déshabiller et de me jeter mon corps sur le sien.

L’hôtel qu’il avait choisi fut rapidement en vue. C’était un bâtiment très récent et propre qui donnait une impression très classe. Une fois entré, je restais un peu en arrière, le laissant faire ce qu’il avait à faire.

En tant que célèbre joueur de baseball, ça ne pouvait pas être la première fois dans l’un de ces établissements. Et lorsqu’il choisit une chambre sur le tableau accroché au mur et paya vient un distributeur, évidemment, il me fit signe de le rejoindre alors qu’il se dirigeait vers l’ascenseur.

Mon Dieu, je rêvais de sentir sa main entre mes jambes. Ses doigts étaient tellement épais, je me demandais ce que cela disait sur le reste de son corps. Et, après être entré dans ce qui semblait être une chambre cinq étoiles, je ne perdis pas de temps pour le découvrir.

Pressant ma poitrine contre son torse, je penchais la tête en arrière, attendant ses lèvres. Je n’eus pas à attendre longtemps. Il m’embrassa. Ses lèvres étaient fermes et douces. Lorsque sa langue entra dans ma bouche, je lui offris la mienne. La sensation de nos deux langues en train de danser était incroyable. Je glissais alors la main le long de son corps pour le toucher encore plus.

Ce que je touchais me sembla dur à croire. Est-ce que les joueurs de baseball portaient des coquilles sous leurs sous-vêtements ? Parce que c’était la seule explication à ce que je pouvais toucher. C’était épais, tellement épais. Et mon Dieu, ce que c’était dur ! La seule chose qui rendit enfin clair ce que je touchais fut sa forme. C’était impossible de s’y tromper, il s’agissait bien de son sexe, peu importe à quel point il était imposant.

Alors que je caressais son sexe sous ses vêtements, je sentis son comportement changer. Ce que je faisais le rendait fou. Je pouvais le sentir. Voulant voir ce qui allait se passer, je pressais ma paume encore plus contre lui. Il soupira, grognant presque. Puis, lorsque je glissais la main encore plus bas et que je pris ses boules dans ma main, il ne put plus se retenir.

M’attrapant par les épaules, il me souleva comme si de rien n’était. J’étais une grande fille, mais à cet instant je me suis sentie minuscule. Un homme puissant prenait le contrôle. Je savais que je ne pourrais pas l’arrêter quand bien même je le voudrais.

Je n’essayais pas ceci dit. En fait, je voulais qu’il fasse encore plus. Ce qui arriva lorsqu’il m’allongea sur le lit et m’enlève mes vêtements avec force. Pendant un instant, j’ai tenté d’interférer avec sa conquête en écartant mes jambes. J’aurais pu essayer de renverser un immeuble avec le même résultat.

Il resserra mes jambes et m’enleva mon pantalon. Je portais toujours ma culotte cependant. Je ne savais pas pourquoi. Il attrapa mon menton d’une main et glissa l’autre entre ma chair et le tissu. La sensation était fantastique. Ses doigts épais trouvèrent mon clitoris et appuyèrent dessus avec force. Ce fut presque trop. C’était à mon tour de soupirer et gémir. C’était vraiment trop bon. Enfin pas « trop » comme j’allais le découvrir.

Pour le moment alors que sa main continuait à caresser mon bouton, il utilisa sa main libre pour défaire mon soutien-gorge. Il fut loin de moi en un instant. Forrest était seulement le deuxième homme à voir ma poitrine nue. Plus que tout le reste, cela me fit me sentir vulnérable. Alors, lorsqu’il prit un de mes gros seins dans sa main et le caressa, mon corps trembla. C’était incroyable. Lorsqu’il baissa ses lèvres et lécha mon téton avec sa langue, ma chatte se contracta.

À chaque coup de langue, mon corps convulsa. Je ne pouvais m’en empêcher. Il était le marionnettiste et il tenait mes ficelles. Le sexe avec mon ex n’avait jamais été ainsi. Est-ce que j’étais passé à côté de ça pendant si longtemps ? Lorsqu’il finit par écarter mes jambes et m’enlever ma culotte, je découvris la réponse.

Oh mon Dieu ! Ce qu’il était doué ! Et ce n’était pas seulement qu’il était gros, et pourtant, ouais, il l’était. C’était sa façon de faire entrer son membre massif en moi avec l’expertise d’un artiste de talent. Ça faisait mal, ouais, mais seulement un peu et la douleur était agréable. Je m’ouvris pour lui comme si j’accueillais quelqu’un qui avait toujours vécu ici. Il me remplissait exactement comme j’avais besoin de l’être. Et lorsqu’il se mit à pousser en avant, j’eus l’impression d’être parcourue de secousses électriques.

Il poussa, je gémis. Puis nous avons recommencé. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Mais, alors qu’il continuait, je pouvais me sentir approcher de plus en plus de l’orgasme. À nouveau, je ne pouvais pas résister. Il m’embrassait toujours et ne semblait pas vouloir me lâcher.

Toutes ces sensations devenaient irrésistibles. Il était tellement large et fort, tout ce que je pouvais faire était trembler sous lui. Et finalement, lorsqu’une étincelle apparut à l’intérieur de mes cuisses et se propagea jusque dans ma chatte, je finis par lâcher prise.

« Aaahhhh ! » Criais-je alors que ma poitrine se soulevait et que mon corps tremblait. Je pouvais à peine respirer. Je n’avais jamais rien ressenti de pareil. Était-ce ça un vrai orgasme ? Qu’est-ce que j’avais connu auparavant ?

Oh mon Dieu ! J’avais la tête qui tournait. Est-ce que j’allais m’évanouir ? Mais sérieusement, qu’est-ce que j’avais connu précédemment ? Je ne voulais pas que cette vague de plaisir doux comme du caramel chaud ne se termine. Elle faillit ne pas le faire. Il continua à pousser et cela encore et encore.

L’orgasme ne s’arrêta que lorsque lui s’arrêta. Et la seule raison pour laquelle il le fit et qu’il était lui-même prit dans les vagues de l’orgasme.

Pourquoi est-ce que personne ne m’avait dit que des sensations pareilles existaient ? Pourquoi est-ce que j’étais restée aussi longtemps avec mon naze d’ex ? Forrest devait être le meilleur amant du monde. Je ne voulais plus jamais le laisser partir. Je ne pouvais pas en être certaine, mais j’avais l’impression de tomber amoureuse de lui. Ce devait-être ce qu’était de sentiment, pas vrai ? De l’amour ?

Quoi que ce puisse être, j’étais désormais à la merci de Forrest. Il me tenait au bout de sa batte. C’était un terme de baseball non ? Ce qui me rappelait, je devais en apprendre plus sur le baseball. La balle était blanche avec des coutures rouges, je me souvenais au moins de ça.

Mais quoi que j’aie à faire, je prévoyais de rester avec Forrest pour le faire. S’il voulait de moi. Oh mon Dieu ! Faites qu’il veuille de moi. J’étais en train de tomber amoureuse de lui, j’en étais sure. Et je voulais rester avec lui pour le reste de ma vie.

 

 

Chapitre 3

Forrest

 

La vache, ce que c’était bon ! C’était tellement bon ! Ses lèvres, ses seins. Sa chatte brulante qui enveloppait mon sexe comme un gant. Comment est-ce que je pourrais ne pas vouloir de ça le reste de ma vie ? C’était tout ce dont j’avais toujours rêvé.

Comment est-ce qu’elle s’appelait déjà ? Est-ce qu’elle avait dit Lexi ? Ou Betsy ? Cet endroit était vraiment bruyant. Merde ! Comment est-ce que je pourrais lui redemander son nom alors que nous venons de faire ça ? Oh, attendez. Je sais.

« Au fait, je vais avoir besoin de ton numéro, » dit-il, le souffle toujours court.

« Maintenant ? » Dit-elle avec un petit rire. « Tu as toujours ta bite en moi. »

« C’est vrai. C’est juste pour te dire que j’aimerais l’avoir. »

« Très bien, » dit-elle avec dans un autre éclat de rire.

Vous savez, une chose étrange arrive aux types comme moi après qu’ils se soient envoyés en l’air. Au début, je me dis, c’est génial. Comment pourrais-je ne pas rester là pour le reste de ma vie ? Mais au fil du temps, quelque chose en moi change. Et une fois que je suis prêt à partir, je me fiche de savoir si je vais revoir la personne.

Je ne comprends pas. C’est comme une malédiction que je ne pourrais pas annuler. Mais je suis sûr que ça ne m’arriverait pas avec Lexi/Betsy. Elle est différente de toutes les autres. Elle a tellement de caractère. Je ne sais pas, peut-être que j’aime les pestes. Mon Dieu, qu’est-ce que ça dit à propos de moi ? À quel point est-ce que je suis malade ?

Remarque, je suppose que j’ai déjà la réponse à cette question. Je suis un putain de malade. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas changer, pas vrai ? C’est ce que le psychologue du sport avait dit lorsque j’étais allé le voir une fois.

Donc Lexi/Betsy sera la fille pour laquelle je vais changer. Je vais rester ici avec elle pendant encore quelques minutes puis je récupèrerais son numéro puis je la ramènerais au métro… Non, encore mieux. Je prendrais un taxi et la ramènerais chez elle. Puis je foncerais chez moi, ferais mon sac, tenterais de dormir quelques heures avant de me lever à 6 h du matin pour prendre le bus de l’équipe.

« À quoi penses-tu ? » Demanda Lexi/Betsy, me faisant sortir de mes projets.

« Comment ? »

« Tu n’es plus en moi. »

J’observais mon corps pour confirmer ce qu’elle venait de dire. Ouaip, j’étais sorti d’elle. Attendez, pourquoi est-ce qu’elle me le faisait remarquer ? Ce n’est pas ce qui se passe généralement ? Je veux dire ça n’était pas arrivé la fois où j’avais pris du viagra. J’étais resté dur pendant une heure ensuite. Mais est-ce que se ramollir et sortir n’est pas plutôt normal ?

« Ouais. Je me disais que je devais y aller, mais je ne voulais pas te quitter. » C’était assez proche de la vérité.

« Ahhh ! Nous pourrions rester ici toute la nuit si tu veux. »

« J’adorerais ça. Mais je dois être dans le bus à 6 h demain matin. Et je dois rentrer faire mon sac et tout. Mais je vais prendre ton numéro et je t’enverrai un message. Lorsque je serai de retour en ville, nous reprendrons là où nous nous en sommes arrêtés. » Dis-je en lui faisant un baiser.

« Tu es sûr que tu ne peux pas rester encore un peu ? »

J’y réfléchis. Techniquement, je pouvais. C’était juste échanger 5 heures de sommeil contre 4. Je pourrais toujours dormir dans le train et le bus. Mais, pour être honnête, j’avais un peu envie de partir. Pas vraiment de ma façon débile habituelle qui me pousserait à ne jamais la revoir, mais plutôt parce que j’avais l’impression que j’allais tout faire foirer si je continuais à parler…

Du moins, c’est ce que je crois penser. Mon Dieu, je suis irrécupérable.

« Non, je dois y aller. Mon entraineur ne me lâche pas quand j’arrive crevé à l’entrainement. »

« D’accord, » dit-elle clairement déçue.

« Mais à mon retour… D’accord ? »

« D’accord, » dit-elle, levant la tête pour m’embrasser à nouveau.

Je profitais de l’opportunité pour descendre d’elle et aller récupérer mes vêtements. Elle ne fit pas de même. Elle resta allongée là, nue et magnifique. Est-ce qu’elle voulait rester ici ? Je n’avais pris que trois heures, mais je pouvais redescendre et lui payer la nuit entière.

« Tu voulais rester ? » Lui demandais-je, ne sachant pas trop quoi faire.

« Non, je vais partir. Je regardais simplement la vue, » dit-elle avec un sourire plein de sous-entendus.

Est-ce que je devrais retourner dans le lit et coucher à nouveau avec elle ? Est-ce que j’en serais capable ? Non, je ne devrais probablement pas pousser ma chance. J’adorais la façon dont mon corps réagissait au sien. Mais il serait probablement incapable de repartir immédiatement pour un deuxième round.

« Merci. Et moi aussi, » lui dis-je lui donnant l’inspiration de me toucher mes fesses toujours nues.

Je lui souris en retour. Elle me plaisait vraiment. J’étais sûr à 75% de vouloir la revoir. Cela équivalait presque à une demande en mariage pour moi. Il me fallait juste trouver un moyen de ne pas tout gâcher. Parce que cela allait arriver, c’était sûr.

Décidant de continuer à m’habiller, je finis par être tout habillé alors qu’elle commença à se lever. Je devais l’admettre, la situation devenait un peu gênante. Cela commençait à devenir comme toutes mes autres expériences avec les femmes. Je me précipitais pour partir alors qu’elle restait au lit à vouloir rester. Ce n’était pas bon signe, c’était inquiétant.

« Alors, où est-ce que tu habites ? » Lui demandais-je ne cherchant pas intentionnellement à la presser de partir.

« J’ai un appart’ sur le campus. »

Je cherchais à me souvenir si elle m’avait dit être étudiante. Rien ne me vint à l’esprit, mais le bar était tellement bruyant. Je décidais de continuer à jouer le jeu.

« Oh, c’est vrai. Où était-ce ? L’université de Tokyo ? »

Elle fit une pause avant de répondre. « C’est vrai. Je t’en avais parlé ? »

Ahhh, est-ce qu’elle me l’avait dit ? « Ouais. Ou non ? Où peut-être que je suis doué pour deviner ces choses. »

D’accord, il était vraiment temps que cette soirée se termine. Je ne m’en sortais pas bien du tout là. Par message je pourrais lui demander tout ce que je voudrais et aurais le temps de réfléchir à mes réponses.

« Tu veux que je t’appelle un taxi ? » Demandais-je de façon un peu abrupte.

« Humm, c’est bon. Je peux prendre le train, » dit-elle avec un air déçu pour une raison inconnue.

« Tu es sure ? Ça ne serait pas un problème. »

« Non, ce n’est rien. Le métro s’arrête à une rue de chez moi. »

« D’accord, » dis-je gêné, en attendant qu’elle se rhabille. Cette nuit devait se finir le plus rapidement possible.

Nous n’avons pas dit grand-chose pendant qu’elle se préparait à partir, nous dirigeant vers la porte, je lui ai à nouveau demandé son numéro. Je lui ai tendu mon téléphone pour qu’elle puisse y rentrer ses coordonnées.

Son nom était Lexi. Je savais que c’était Lexi. Je ne savais pas pourquoi j’avais douté. Et en partant du love-hôtel par la traditionnelle porte de derrière, nous sommes arrivés dans une ruelle proche de la rue.

« Donc, c’était un love-hôtel. Qu’est-ce que tu en as pensé ? »

« Je n’ai pas vu grand-chose de l’hôtel. Mais la vue était géniale, » dit-elle avec un sourire séduisant.

Non, cette fille me plaisait définitivement. J’allais absolument lui envoyer un message demain.

Elle m’avait fait passer un bon moment, et je ne parlais pas que sexuellement. Je veux dire, même si les choses ne marchaient pas entre nous en termes amoureux, elle me donnait l’impression d’être quelqu’un avec qui je pourrais trainer.

« Donc, c’est ton arrêt ? » Lui dis-je alors que nous nous approchions de l’entrée.

« Tu prends le métro ? »

« Non. Je n’habite pas très loin. Je vais marcher. »

« Tu es sûr que tu ne veux pas que je te raccompagne ? »  Dit-elle d’un ton évocateur.

J’y pensais une seconde. C’était très tentant. « Non, il faut vraiment que je me prépare. »

« D’accord, » dit-elle, clairement blessée.

« Mais, je veux dire, dès que je reviendrais, il y a beaucoup de choses que nous pourrons faire. »

La vache ! Qu’est-ce que ça voulait dire ? « Il y a beaucoup de choses que nous pourrons faire » ? Je suis quoi ? Un appareil ménager ?

                « Bref, je devrais y aller. J’ai passé un excellent moment, » lui dis-je, ayant besoin de mettre fin à cette soirée immédiatement.

« Ouais, moi aussi, » dit-elle avant que je m’embrasse une dernière fois et que je parte.

                Une fois qu’elle fut partie dans l’autre direction, j’évitais de me retourner. Je m’étais ridiculisé. Elle était tellement cool. C’était exactement le type de femme avec laquelle je pouvais m’imaginer. Et, avec la façon dont mon corps avait réagi à elle… Elle pourrait être la bonne.

En rentrant chez moi, je repensais aux évènements de la journée. C’était une grosse victoire. L’équipe d’Osaka est notre plus grande rivale. C’était l’équipe qui nous avait battus l’an dernier dans les éliminatoires, et c’était moi qui avais donné le coup de batte vainqueur ce soir. Il n’y avait rien de mieux que ça.

C’est alors que j’avais décidé de sortir pour une fois et que j’avais rencontré Lexi, la fille la plus cool du monde. Et nous avions couchés ensemble. Sérieusement, ce devait être le plus beau jour de ma vie.

Les choses s’étaient un peu gâtées sur la fin, mais je pense que je m’en étais sorti. Je veux dire, j’étais prêt à ce qu’elle parte après, mais j’avais encore envie de la revoir. C’est plus que ce que je pouvais en dire pour n’importe quelle autre fille que j’avais rencontrée à Tokyo. Merde, c’était plus que ce que je pouvais en dire pour n’importe quelle fille que j’avais rencontré avant. La vie était belle !

Une fois rentré, je réalisais à quel point j’étais fatigué. Mon épaule droite était douloureuse depuis un moment. L’adrénaline du match et tout le reste m’avaient probablement aidé à l’oublier. Mais elle était de retour à présent et je devais vraiment la reposer.

Après avoir rapidement mis quelques affaires dans mon sac, je me déshabillais et filais au lit. Je pouvais sentir l’odeur de Lexi sur moi. Elle portait un léger parfum que je n’avais pas remarqué avant d’être sur elle. Cette odeur me détendait. Je m’endormis en pensant à elle.

Lorsque je me suis réveillé le lendemain matin, ce n’était pas à cause du réveil. Je le savais parce que je n’arrêtais pas de toucher le réveil qui refusait de s’arrêter. Il m’avait été offert par ma mère après la séparation de mes parents quand j’avais neuf ans et les boutons se coinçaient parfois. C’est pour ça que je continuais à appuyer. Mais alors que j’émergeais, je reconnus ce qu’était ce son, mon téléphone.

Me demandant combien de sonneries j’avais entendues et combien de fois il était arrivé sur mon répondeur, je ramassais mon téléphone. L’écran indiquait Vincent Lowry. C’était mon agent. Qu’est-ce que mon agent fabriquait à m’appeler avant 6 h du matin ? Je ne disais pas ce genre de choses en temps normal, mais il vaudrait mieux que quelqu’un soit mort.

« Allo ? » Dis-je sans cacher ma fatigue.

« Hé Forrest ! C’est Vince. Pourquoi est-ce que tu n’es pas encore debout ?? » Dit-il, semblant bien trop réveillé de son côté.

« Pare ce qu’il est… » Je regardais l’heure. « 5 h 1/2 du matin. »

« Et il faut que tu sois dans le bus à 6 h. Tu n’as pas le droit d’être en retard ce matin mon grand. »

« Pour commencer, comment se fait-il que tu connaisses si bien mon emploi du temps ? »

« Ils m’envoient une copie de tes emails. Tu connais la chanson mon grand. Il faut te lever. »

« Je ne sais pas si tu es au courant, mais j’ai frappé le home run vainqueur dans le match d’hier soir. Si je suis en retard, ils m’attendront. »

« Ouais, mais tu ne veux pas vexer les dirigeants, surtout pas aujourd’hui. »

C’était une chose étrange à entendre de sa part. Cela me réveilla un peu. « Pourquoi surtout pas aujourd’hui ? »

« Parce que je n’étais pas le seul à regarder ton match hier soir. Et après que tu aies réussi ce home-run victorieux, j’ai reçu un appel. »

J’étais définitivement réveillé à présent. « Un appel de qui ? »

« Et bien tu sais que Portland en Oregon n’a pas d’équipe de première division et que cela fait des décennies qu’ils tentent d’attirer une équipe là-bas ? »

« Ouais. »