LE CHEIK ET SA PULPEUSE SECRÉTAIRE 3

Chapitre 1

(Jenny)

 

Je ne peux pas dire que ma vie n’ait pas été intéressante depuis ma rencontre avec le cheik. Tout d’abord, je me suis rendue à une fête chic, puis j’ai obtenu un travail qui me permettait de rencontrer les personnes les plus cools du monde. Puis j’ai appris ce que cela faisait de se transformer en loup une fois par mois et de détruire la vie des gens. J’étais quasiment Kim Kardashian.

Bien que je doive admettre que contrairement à celle de Kim, ma vie n’était pas remplie uniquement de glamour et de problèmes d’épilation. Premier exemple, en ce moment, je vivais dans les bois avec une bande d’inconnus assez bizarres parce que je suis trop dangereuse pour le reste de la population. Un autre : le fait de se transformer en loup, parce que quand ça m’arrivait, je me mettais, à priori, à tuer des gens.

Donc ma vie n’était pas exactement celle de KK. Elle était bien plus perturbante et contenait bien moins de séances d’épilation complète. Il est cependant intéressant de noter qu’elle contenait autant de nudité.

Tout le délire « vivre dans les bois avec une bande d’inconnus » était quelque peu différent aussi.  C’était nouveau pour moi en tout cas. Cela était arrivé après qu’un loup ait frappé à ma porte et m’ait dit que je devais l’aider à capturer le cheik, mon ancien employeur et amant d’un soir.

Le loup avait dit que le cheik transformait des gens en loups garous, pardon, en loups. Je dois encore m’habituer au terme politiquement correct. Après que j’ai aidé David et que nous ayons attrapé le cheik, David avait enchainé mon ancien amant à un arbre dans son camp de loups et m’avait dit que je ne pourrais partir qu’après la pleine lune.

Pour être honnête, je trouvais le comportement de David assez louche. Mais je faisais avec. Je pense que je préférais rester avec des gens comme moi pour le moment. Je ne m’étais jamais transformé en loup auparavant… Enfin, je veux dire, je ne me souvenais pas m’être déjà transformée en loup.

Je voulais bien croire que ça s’était déjà produit, mais imaginer que mon corps bien rempli allait se serrer dans celui d’un loup me terrifiait. Mes os allaient se casser et des poils aller transpercer ma peau comme des aguilles de porc-épic. Je l’avait vu se passer sur d’autres personnes, ça avait l’air terrifiant. 

Donc, voulais-je vivre ça toute seule, dans mon appartement, où Samantha, ma colocataire pouvait rentrer à tout moment ? Non. Je pouvais déjà ressentir son jugement subtil au sujet de mon poids, je n’avais pas besoin qu’elle me fasse une leçon sur les bienfaits de l’électrolyse. Oh, et je préférerais éviter de la tuer et me réveiller avec son corps à moitié dévoré sur le sol. J’essayais de manger plus sainement et il n’y avait rien de naturel dans cette fêtarde.

Je plaisante bien sûr. Ma plus grande peur dans la transformation était de blesser quelqu’un. Samantha, Luke, mon copain canon, quelqu’un entrant par hasard, tout le monde était en danger avec moi à proximité. Alors me transformer en loup dans les bois, entouré de personnes qui savaient ce qu’elles faisaient, était le choix le plus sûr.

Le cheik de son côté ne semblait pas d’accord. Pour une raison qui m’échappait, depuis qu’il s’était réveillé attaché à cet arbre, il semblait un peu contrarié. Certes, il ne s’était pas mis à hurler, mais il avait beaucoup parlé à voix haute. Et puisque c’était un cheik, il avait surtout ordonné aux personnes « de se rappeler leur rang », ou « de le détacher » ou bien « de lui apporter un pantalon ». Mais David nous avait dit de l’ignorer quoi qu’il arrive, ce que nous avons fait.

L’ignorer a commencé à devenir plus dur pour moi quand il s’est mis à m’appeler par mon prénom. Faire ce qu’il me demandait avait été mon boulot donc il était dur de résister à ce reflexe. Et est-ce que le souvenir de ses larges épaules et son torse musclé rendait les choses plus difficiles ? Evidement. Est-ce que les grondements de sa voix grave pouvaient provoquer des pensées à propos de son épais membre et me donner des envies de courir  me cacher dans les bois pour lorgner sur son corps nu tout en touchant ma chair palpitante ? Bien sûr. Mais comme je vous l’ai dit, je résistais.

Par chance, le camp était suffisamment grand pour que je n’aie pas eu à le voir depuis son réveil. C’était une bonne chose. J’avais un copain à présent, et Luke était le meilleur homme que vous pourriez rencontrer. Il était grand et magnifique, avec des yeux bleu cristallins. Il avait un peu un air d’homme-grizzly mais dans le meilleur sens du terme. Et par-dessus tout, pour des raisons inconnues, il m’aimait bien.

Luke était mille fois supérieur au trou du cul en furie pour qui j’avais travaillé, pardonnez-moi le langage. Il ne se servirait jamais des femmes comme pouvait le faire le cheik. De plus, Luke ne transformerait certainement pas une femme en loup-garou pour ensuite attendre de voir ce qui allait se passer au lieu de lui en parler.

Bien sûr, pour être équitable, Luke ne tuerait probablement personne pour me sauver la vie comme l’avait fait le cheik. Je n’arrivais toujours pas à croire qu’il ait fait ça. Alors que mes souvenirs de cette nuit me revenait, je me rappelais de son loup réduisant un homme en charpie parce qu’il nous empêchait de partir. Il me protégeait, j’en étais désormais sûre.

Mon Dieu, rien que  de penser à lui, mon corps s’enflammait. Il me fallait toute ma volonté pour ne pas courir vers lui, me jeter sur son sexe en érection et le chevaucher jusqu’à jouir à en trembler.

Je continuais à imaginer ses larges mains agrippant mes seins, ses coups de hanche puissants poussant en moi et l’animal en lui reprenant le contrôle et me prenant moi. Je gémirais tellement fort que le camp entier m’entendrait. Il se rassemblerait autour de nous à nous regarder et je laisserais ma tête retomber en arrière leur montrant mon vidage perdu dans l’extase.

Alors que mon corps tremblerait et se contracterait dans ses bras, ma chatte étranglerait son membre. Submergé par le plaisir, il viendrait. Et alors que sa virilité exploserait en moi, il enroulerait ses bras autour de moi, me recouvrant de son corps.

Plus épuisée que je ne l’aurais jamais été, je m’effondrerais dans ses bras, sachant qu’il me protègerait. Réchauffée par son corps et enivré par son odeur, je m’endormirais ensuite. Il me garderait ainsi pour toujours et de mon côté je ne le lâcherai jamais.

« Jenny, tu as besoin de quelque chose ? » me demanda David en me touchant l’épaule.

Surprise, je me tournais vers lui. Ses yeux intenses et son corps sec et nerveux lui donnaient l’air d’un fou. « Non, tout va bien,’ dis-je tout en l’ayant l’impression que mon visage était en feu.

« Tu sais, je peux te sentir. Tu fais partie de ma meute dorénavant et je suis ton alpha. Je suis là pour t’aider avec ce genre de choses, » dit-il en attrapant le renflement dans son pantalon.

Durant un instant, je considérais accepter. Ça serait tellement facile. J’avais besoin d’un membre dur en moi, et dans mon état actuel, n’importe quelle bite ferait l’affaire.

« J’ai un copain, » dis-je d’un ton dédaigneux.

« Tu veux parler de ce garçon qui se cachait dans la chambre ce matin ? Tu sais que tu ne peux plus jamais le revoir. C’est trop dangereux. Il faut que tu te trouves quelqu’un de ta propre espèce. »

Quelle qu’ait été l’attirance que j’avais pu brièvement ressentir pour David, elle disparut immédiatement. Je ne prévoyais pas de rester dans la forêt pour toujours. J’avais une vie. Une fois que j’aurai récupérer mon dernier salaire du cheik, j’allais commencer ma dernière année de droit à l’Université de Californie. Dans un an j’aurai mon diplôme et rentrerais en école d’avocat. Je n’étais pas une femme de la forêt. Je n’allais pas me réveiller tous les matins et vérifier que je n’ai pas de tiques.

« Tout va, » insistais-je, prête à me battre si nécessaire.

Il me regarda comme pour évaluer s’il pouvait me battre pendant une seconde. Il a dû réaliser qu’il ne pouvait pas puisqu’il  lâcha son entrejambe et recula.

« Comme tu veux. La pleine lune va se lever dans quelques heures. Tu es prête ? »

Mes forces m’abandonnèrent soudainement. Je l’avais momentanément oublié, mais David avait raison. Dans quelques heures j’allais me transformer en monstre et je ne savais pas ce qui se passerait.

Courrais-je en ville, volant des poulets de compagnie ? Est-ce que je passerais la nuit à me gratter l’oreille avec la patte arrière en trainant mes fesses sur le sol ? Je ne savais pas.

« Que va-t-il m’arriver quand je me transformerais ? » lui demandais-je, m’en référant à son expérience.

David sourit d’un air suffisant. « Tu vas te transformer puis tu vas te joindre à ma meute. »

« Mais, si je ne veux pas la rejoindre ? »

« Tu es un loup à présent, et un loup suit son instinct. Tu te joindras à me meute et je te dirigerais. Ça sera plus fort que toi. »

David s’approcha à nouveau de moi, posant cette fois sa main sur l’arrière de mon cou. « Et peut être que je t’aiderais avec cette autre chose dont tu as envie. »

Entre ses avances et les émotions qui bouillonnaient en moi, je ne savais pas comment réagir. Je tournais la tête, cherchant à m’éloigner de sa main mais il resserra son étreinte, m’emprisonnant. Je le regardais droit dans les yeux, me sentant menacée mais quand il fût sur d’avoir toute mon attention, il me relâcha avec un nouveau sourire satisfait.

Ce n’était plus l’homme maladroit que j’avais rencontré dans un bar la veille. Cette version de lui était bien plus dangereuse. Ce qu’il ne savait pas non plus par contre, c’est que je n’étais plus non plus la fille en manque de confiance en elle qu’il avait rencontré. Je n’avais pas peur de lui. Et s’il voulait me tester, j’étais prête.

David me dévisagea encore un moment puis parti brusquement. Alors qu’il s’éloignait j’entendais le cheik crier au loin.

« Je peux te sentir Jenny. Je sais que tu es là. »

Je me tournais en direction de sa voix. Même après ce qui venait de se passer avec David, sa voix avait le même effet sur moi. Que m’arrivait-il ? Mes emmottions passaient d’un extrême à un autre, comme si je devenais folle. Je me sentais hors de contrôle.

Une fois encore, j’envisageais de le rejoindre. Je ne le fis pas. J’avais des choses plus importantes à faire. Comme me préparer à me transformer en loup. A cet instant c’était plus important que de céder à une pulsion, même si cela se jouait de peu.

Marchant dans la lumière qui s’amenuisait, je me dirigeais vers les tentes. Les seuls autres visages familiers étaient là-bas. Abid et Salil étaient des arabes qui avaient travaillés pour le cheik. Quand David me les avaient présentés, il m’avait dit que le cheik les aveint transformés. M’approchant d’eux, j’espérais qu’ils pourraient m’éclairer sur certains trous dans ma mémoire. Je me demandais s’ils pourraient me dire ce qui était arrivés aux hommes que j’avais tués.

« Tu t’appelles Abid c’est bien ça ? » Demandais-je à celui ayant l’air le plus amical.

« Oui, et tu es Jenny, c’est ça ? » répondit-il.

« Ouais. David dit que le cheik vous a transformés, moi aussi. »

« Le cheik est un homme dangereux. Il ne devrait pas être laissé en vie. »

Je ne pus m’empêcher d’entre le jugement dans sa voix. J’étais celle qui avait insisté pour que le cheik soit ramené ici plutôt que l’on s’occupe de lui. Je ne pouvais pas simplement les laisser le tuer. Malgré le fait qu’il soit un trou de balle, le cheik m’avait sauvé la vie, je ne pouvais pas oublier ça. Et puisqu’il avait besoin de mon aide, je pouvais faire de même pour lui.

« Je ne pouvais pas vous laisser le tuer. »

« David a dit que tu ne te souviendrais peut être pas de ce qui s’était passé cette nuit-là, mais moi si. » Expliqua Abid.

« Quelle nuit ? »

« Quand tu t’es transformée pour la première fois et qu’il m’a contaminé. »

Je me figeais. Il avait été là cette fameuse nuit. Il connaissait probablement les hommes que j’avais tués.  Il avait pu me voir faire. Aussi effrayée étais-je d’entendre ce qu’il avait à me dire j’attendais désespérément qu’il continue.

« Et que s’est-il passé ? »

« Il nous a attaqué. Tous. »

« Mais il était en loup non ? Il ne pouvait pas contrôler ce qu’il faisait, » dis-je, essayant de justifier mes propres actions.

« Il pouvait. Je l’ai vu passer de sa forme de loup à sa forme humaine pour nous dire de partir. Et ensuite, quand Gérard a refusé, il s’est à nouveau transformé et lui a arraché la gorge. »

« Pourquoi ferait-il ça ? » demandais-je, perdue.

« Pour te protéger. Gerard t’avait menacé et pour ça, il l’a tué. Et une fois qu’il en a eu finit avec lui, il a jailli et m’a fait ça. »

Abid montra la cicatrice le long de sa joue gauche. « Il a essayé de me tuer aussi. »

Je fis une pause, considérant ce que je venais d’entendre. « Mais il ne l’a pas fait, » dis-je, réactive.

« Non, il m’a contaminé. Salil aussi. Il a fait de nous des monstres. »

« Comme moi, » lui rappelais-je.

« Il devrait mourir pour ce qu’il nous a fait à tous. »

« Mais la même chose ne lui a-t-elle pas été faite ? »

Je ne savais pas ce qui avait inspiré ma réponse mais cela fit taire Abid. J’allais partir quand il se remit à parler.

« Qu’est-ce que ça fait ? » me demanda-t-il avec une lueur de peur dans les yeux.

« Quoi ? »

« Devenir un loup. »

« Je ne m’en souviens pas. » Admis-je.

« Alors nous découvrirons ensemble. »

Abid m’offrit un sourire fermé et je hochais la tête en réponse. David avait dit qu’un certain nombre d’entre nous allaient se transformer pour la première fois ce soir. A part Abid, Salil et moi, il y avait aussi Bayhas, l’arabe costaud qui avait travaillé pour le frère du cheik. Bayhas était toujours à peine conscient depuis que le cheik l’avait attaqué à la maison, mais David m’expliqua qu’il irait mieux après s’être transformé. Apparemment se transformer en loup avait une sorte d’effet guérissant.

Je continuais d’étudier la meute de David alors que la nuit avançait. Aucune d’entre eux ne semblait aussi intense que David. Il était une trentaine et la plupart d’entre eux ressemblaient à des personnes normales. Seulement cinq personnes parmi les adultes étaient des femmes et tous les adolescents sauf un semblaient sortir de la rue.

Après avoir regardé tout le monde, je remarquais que j’étais la seule fille ronde du groupe. Je me demandais ce qu’ils avaient pensé quand ils m’avaient vue pour la première fois. Je me demandais aussi s’ils regarderaient tous quand je me transformerais histoire de voir à quel point mon loup serait gros.

« Tu veux manger quelque chose ? » me demanda une fille avec de courts cheveux noirs. « Ça t’évitera de manger des trucs bizarres une fois transformée. »

« Comme un hipster par exemple ? » Demandais-je avec un sourire.

« Non, des escargots par exemple ou d’autres trucs, » répondit-elle sans remarquer ma tentative d’humour.

« Je plaisantais. »

« Oh. » La fille réfléchit un instant. « Oh, je comprends. Ouais. » Elle m’offrit un rire de pitié et me tendis une boite de haricots.

« Bien sûr. » Je la pris essayant de deviner comment elle espérait que je la mange. « Tu aurais une cuillère ou quelque chose ? »

La fille rit franchement. « Tu es marrante. »

N’essayant pas de la faire rire cette fois, je compris son message. J’étais censée verser les haricots dans ma bouche. C’est ce que je fis et devait admettre que cela me fit du bien.

« Comment t’appelles-tu ? » Demandais-je la bouche encore pleine.

« Toni. »

« Comment tu t’es retrouvée ici ? »

« Je ne sais pas. Comme la plupart d’entre nous je suppose. Je suis venu à Los Angeles et ai finie dans la rue. J’ai essayé de dormir dans les bois et après ne pas avoir été assassiné la première nuit j’ai décidé de continuer. Une nuit, je me suis réveillée après avoir entendu ce que je pensais être un chien, mais avant de pouvoir réagir il m’avait mordue. »

« Il t’a attaquée ? Comment tu t’es enfuie ? » Lui demandais-je horrifiée.

« Je n’ai pas eu à le faire. Après qu’il m’ait mordu, il s’est juste enfui. Après, quand la pleine lune est arrivée, j’ai commencé à me sentir bizarre. C’est là que David m’a trouvé, m’a dit ce que j’étais et que je pouvais venir ici. J’y suis resté depuis ce jour. »

« C’était quand ? » lui demandais-je.

« Il y a un an à peu près. »

« Une chance que David t’ait trouvé. »

« Ouais. J’ai été chanceuse. »

Il y avait une lueur peu convaincante dans ses yeux alors qu’elle dit ça.

« Quoi ? » demandais-je, cherchant une explication.

« Non, j’ai été chanceuse. Cette meute est ma famille. Personne n’avait jamais veillé sur moi auparavant. »

 Je regardais les autres jeunes. Il était facile d’imaginer qu’ils ressentaient tous la même chose. J’étais sûre que quelques-uns d’entre eux étaient gays. Mais que sont les préjugés individuels quand se transformer en loup est ce que vous avez en commun.

Alors que la pleine lune approchait, je compris ce à quoi Toni faisait référence quand elle parlait de commencer à se sentir étrange. C’était un sentiment inconfortable. Je me sentais un peu comme si j’avais trop mangé. Je me sentais remplie. Au début, je pensais que ce n’était que moi, mais en jetant un regard aux alentours, je pu le voir sur le visage de chacun. Nous étions sur le point de nous transformer.

Commençant à me sentir raide, je me tordais, essayant de me détendre. Quand ma colonne vertébrale se mit à se bloquer d’un seul coup, cela envoya une douleur perçante dans mon dos. Ne pouvant plus bouger je commençais à paniquer. Et alors que mon pouls s’accélérait, la sensation générale de douleur lancinante se transforma en un coup de pic à glace à travers mes os. Je hurlais.

Alors que ce que je pensais être un éclair me traversais, je perdis le contrôle de mon corps. Mes bras s’écartèrent pour former une sorte de crucifix et quand mes pieds se cassèrent comme des allumettes, je tombais à genoux.

Une douleur atroce. J’avais tellement mal que je pouvais à peine voir à travers les larmes qui coulaient de mes yeux. Des corps pâles et flous tombaient au sol à mes côtés. Et, alors que ma mâchoire s’allongeait et les os de mon crâne rapetissaient, faussant mes sens, je m’évanouis.

A mon réveil, je courrais à quatre pattes. Il faisait beaucoup plus lumineux qu’il  y a quelques instants et j’étais entourée d’une meute de loups. C’était comme être prisonnière du corps du loup et que je ne puisse rien y faire. David avait raison. J’avais rejoint sa meute et me sentais incroyablement bien. Je pouvais courir avec eux pendant des heures et l’aurait probablement fait si je n’avais pas entendu un hurlement.

Ma louve fut la seule à réagir. Elle ralentit jusqu’à s’arrêter. Je voulais qu’elle rejoigne la meute, mais en voyant les trente loups disparaitre dans l’obscurité, je sus que je ne la contrôlais pas.

Quand le loup au loin hurla à nouveau, ma louve se tourna dans sa direction et couru. Prenant de la vitesse, je ne pouvais pas être certaine de la destination, mais quand le camp se dessina dans mon champ de vision, je compris. Elle se dirigeait vers le loup accroché à l’arbre. Elle allait vers le cheik.

Le loup du cheik me repéra dès que ma louve entra dans la clairière. Alors qu’il se concentrait sur moi, mon cœur se mit à cogner dans ma poitrine. Il était plus grand et plus large que tous les autres loups.  Ses épaules étaient plus hautes et épaisses, il avait l’air intimidant. Je voulais rester à distance mais elle avait d’autres idées. Coincée derrière ses yeux, je ne pouvais faire que regarder pendant que ma louve suivait son instinct.

L’odeur du cheik m’était familière. Brute et sexuelle, je l’avais sentie tous les jours sans m’en rendre compte quand je travaillais pour lui. L’odeur fit battre le cœur de ma louve et me sentir intoxiquée.

Alors que je faisais tout pour l’arrêter, elle s’approcha de lui. Approchant nos museaux, nous étions proches de nous toucher quand il grogna. Elle se figea, baissant les oreilles durant un instant mais se remit à avancer dans sa direction.

C’est à cet instant que je réalisais que ma louve était plus courageuse que moi. J’avais peur de m’approche de lui. J’avais peur de révéler mes vrais sentiments à son égard. Et s’il ne ressentait pas la même chose ? Je ne voulais pas avoir mal à nouveau.

Ma louve ne s’intéressait pas à ce genre de choses. Elle le voulait et c’était tout ce qui comptait. Elle mit son museau à côté du sien, et bien qu’il grogne, cette fois elle ne s’arrêtât pas.

S’approchant, elle lui lécha la bouche. Cela semblait si intime. J’étais terrifiée à l’idée de ce qu’il allait faire ensuite. Attaquerait-il ? Non, le loup du cheik arrêta de gronder et la lécha à son tour. Son contact lança un frisson dans mon dos puis dans mes reins et qui me submergea telle une vague de chaleur.

Coincé derrière les yeux du loup, je désespérais de m’enfuir. C’était trop pour moi. C’était trop révélateur. J’étais en colère après le cheik et ne voulais pas l’apprécier. Je ne voulais pas qu’il s’en sorte si facilement pour tout ce qu’il avait fait. Mais quand il enroula son cou entouré de fourrure autour du mien, et que des frissons descendirent le long de ma peau, je ne pus m’en empêcher. Le corps de ma louve languissait du sien.

Sentant mon excitation, il pressa ensuite sa patte contre mes pattes arrière. Se glissant derrière moi, ses pattes serrèrent ma poitrine. A peine capable de respirer, j’attendais la suite. Il me serra fort et me pénétra.

Sachant que je ne pouvais résister, j’abandonnais. Abandonner faisait du bien. A travers mon loup je ressentais un plaisir purement animal. C’était un désire qui s’étendait au-delà de ce que nos loups pourraient satisfaire en une nuit. Et quand je m’abandonnais complètement et que je me perdis dans le loup, le plaisir qui suivit fut au-delà de tout ce que j’avais pu imaginer.

 

Quand je me réveillais le lendemain matin, ce fut dans la chaleur du corps musclé du cheik. Ses bras m’entourant, j’étais complétement satisfaite. Ce sentiment dura jusqu’à ce que je me rappelle où j’étais et ce qu’il s’était passé la nuit précédente.

Ouvrant les yeux, je regardais rapidement autour de moi. Tout baignait dans la lumière du matin et j’étais allongée et nue sur le sol avec le corps épais du cheik au-dessus du mien.

« Je dois me lever. » Annonçais-je soudainement.

Me relevant de sous lui, je le réveillais. Je le sentis changer de position mais ne le regardais pas. Je ne pouvais pas. Je devais juste partir d’ici. Je ne savais pas vraiment pourquoi je devais tellement partir mais je le devais.

Me précipitant à travers le camp, j’entendis quelqu’un appeler mon nom. Puisque les lieux étaient encore déserts, cela devait être le cheik. Je l’ignorais. Après ce qu’il venait de se passer, je ne pourrais plus jamais le regarder.

M’approchant de ma tente, j’y entrais. Enfilant un pantalon de jogging, je me roulais en boule, enlaçant mes genoux. J’essayais d’oublier la nuit précédente mais quoi que j’essaie, je ne pouvais pas ne pas y penser.

Alors que les images repassaient dans ma tête, je me répétais que c’était la louve, pas moi, qui était responsable. Le problème était que dans la lumière du jour, il me semblait vraiment que c’était de ma faute. La distance que j’avais ressentie, prisonnière derrière le regard du loup semblait s’estomper brusquement. Je pouvais sentir à quel point je voulais être avec lui. Le désir était écrasant. Et, essayant de traiter l’information, je m’effondrais et me mis à pleurer.

Peu de temps après, j’entendis le bruissement des feuilles devant notre camp. Essuyant mon visage et me reprenant, j’observais à travers le fin tissu de la tente. C’était tous les autres, nus et à l’aise. 

Je cherchais David, sachant que je devais lui parler. Ne le voyant pas, je décidais d’attendre que tout le monde se rhabille avant de quitter ma tente pour le chercher. Cela pris à peu près une demi-heure et je le trouvais en train de manger des œufs brouillés et des toasts dans une assiette tout en marchant dans le camp.

« David, je veux que tu détache le cheik, » dis-je tout en le rattrapant.

« On ne peut pas faire ça, il est trop dangereux. » Dit David tout en continuant à observer les tentes.

« Je le connais, il ne fera de mal à personne d’autre. »

« Et en ville ? Il ne va pas rester ici si on le détache. C’est un polymorphe. Il n’est pas dangereux que pendant la pleine lune. »

« Et s’il promet de rester ? » Suggérais-je, pas sûre de savoir si le cheik accepterait.

« On ne peut pas lui faire confiance pour tenir sa promesse. »

« Mais si je pouvais faire en sorte que si. »

« Tu ne peux pas. »

J’attrapais le bras de David, le forçant à se concentrer uniquement sur moi. « S’il te plait David. »

David regarda ma main sur son bras. Il me regarda si intensément que j’avais l’impression qu’il essayait de lire mes pensées.

« Tu veux que je le détache ? Alors promets-moi que tu ne partiras jamais d’ici. »

Je lâchais son bras et reculais. « Quoi ? »

David s’avança vers moi. « Je le laisserais partir, mais uniquement si tu dis que tu ne quitteras jamais la meute. Et si tu le fais, tu abandonneras ta vie. »

Ma bouche s’ouvrit alors que j’avais du mal à respirer. « Que veux-tu dire ? »

« Je veux dire que si tu pars, tu encourras la peine de mort, pour toi et pour lui. »

L’intensité que j’avais vue dans le regard de David la nuit dernière était de retour. Etait-il fou ? Nous tuerait-il tous les deux si je m’enfuyais ?

Et qu’en était-il du cheik ? Le libérer valait-il un tel risque ? Et si une fois libre il décidait de quitter le camp sans moi ? Je serais coincée ici seule. Etais-je prête à sacrifier autant pour un homme que je connaissais à peine ?

 

 

 

 

Chapitre 2

(Le Cheik)

 

            Il n’y a rien de tel qu’être dans les bois, nu, enchainé à un arbre, pour vous faire apprécier quand vous n’avez pas des pommes de pins coincées dans la raie. Il me semblait que la dernière fois que ça avait été le cas était juste hier. Probablement par ce que ça l’était.

Jenny allait causer ma perte. Je ne savais pas pourquoi je continuais à risquer ma vie pour elle. Elle pesait quoi, 25, 50 kilos de plus que ce qu’un homme considèrerait acceptable ? Et je ne suis pas n’importe qui. Je suis le cheik. Des femmes magnifiques se jettent sur moi. Alors pourquoi est-ce que je me bats autant pour elle ?

Et même si je fini par l’avoir, qu’est-ce que je pensais qui allait se passer ? Qu’elle et moi allions nous enfuir quelque part et élever des petits loups ? C’était ridicule. Je préfèrerais plonger la bite la première dans un hachoir à viande. Alors pourquoi continuais-je à pourrir ma vie pour être avec elle ?

Avant de la rencontrer, je vivais dans un appartement de luxe avec des Britney qui se jetaient sur moi et aujourd’hui j’étais attaché à un arbre. Je n’avais jamais compris comment une femme pouvait gâcher la vie d’un homme auparavant. Mais merci Jenny, tu m’as montré. Je comprends maintenant.

Maintenant si je pouvais me débarrasser de ce collier et trouver un pantalon, je pourrais me tirer. Plus de course à la grosse pour moi. Qu’Allah soit loué, j’étais guéri. Comment pouvais-je en être sur ? Parce que cette chose qui s’était produite entre nos deux loups hier ne signifiait rien pour moi.

Un sage philosophe américain a dit un jour « Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas… Tant que tes amis promettent de ne plus en parler. »Alors, ce qui s’était passé la nuit dernière entre Jenny et moi en formes de loups, ne s’était jamais produit et ne signifiait rien pour moi. Nous n’en parlerions désormais plus jamais.

La seule chose dont je voulais parler était comment sortir d’ici. Oh, et d’un pantalon, je devais absolument parler à quelqu’un pour obtenir un pantalon. Et quand je vis le polymorphe qui m’avait capturé approcher, je su que la conversation allait enfin arriver.

L’homme, sec, aux cheveux noirs et au regard intense marchait vers moi tenant deux choses. Un pantalon et une assiette de nourriture. Mes sens toujours hypersensibles m’indiquèrent qu’il s’agissait d’œufs brouillés et de toast. Je n’avais rien mangé depuis hier matin et était affamé.

« Tiens, » dit l’homme me passant le jean.

Ce n’était clairement pas juste un cadeau. Il voulait quelque chose. Je les enfilais et l’observait sans dire un mot, attendant son prochain geste. Il devait s’attendre à ce que je craque en sentant la nourriture mais je tins le coup. Il fut le premier à parler.

« Tu as faim ? »demanda-t-il finalement, sachant que ça serait le cas.

Je brisais mon silence décidant de prendre une approche différente. « C’est ainsi que vous traitez vos invités ? »

« C’est ainsi que nous traitons les invités auxquels nous ne sommes pas surs de faire confiance. »

Je ne voulais pas lui montrer à quel point j’ »tais affamé mais alors qu’il me parlait mon regard se baissa et me trahis. Il s’en aperçut et l’utilisa contre moi.

« Je vais te donner ça, » expliqua-t-il. « Mais d’abord nous devons parler. »

« De quoi veux-tu parler ? » demandais de la façon la plus détendue possible considérant que j’étais affamé.

« De toi et de nous. »

« Il n’y a pas de ‘toi et nous’ en ce qui me concerne, » lui dis-je. « Laisse-moi partir et je promets d’oublier jusqu’à notre rencontre. »

« Malheureusement il y a un ‘toi et nous’ puisque tu es l’un d’entre nous et que tu es dangereux. »

« Pas plus que toi. »

« Peut-être. Mais la différence c’est que je peux me contrôler. Je ne me ballade pas tout en contaminant des gens à droite à gauche. »

« Moi non plus, » dis-je, pas certain de comprendre de quoi il parlait.

« J’ai quatre personnes dans ce camp qui seront d’un avis différent. »

Je fis une pause, soudainement confus. Je ne savais pas de quoi il parlait. Oui, Jenny était là. Et quand j’avais héroïquement essayé de la sauver à l’appartement de Virginia, il me semblait avoir reconnu un des gardes de mon appartement. Cela ferait deux. Mais qui d’autre y-avait-il ?

« Je ne vois pas de quoi tu parles, » lui dis-je sincèrement.

« Et c’est ça le problème. Tu ne sais connais rien au fait d’être un loup. Tu ne peux pas le contrôler et tu ne peux pas te transformer sans tuer quelqu’un. Tu ne sais probablement pas chasser. »

J’avais des sentiments mitigés à l’égard de ce qu’il disait. Il exagérait clairement pour le bien de son argument puisqu’il m’avait me transformer comme un champion chez Virginia. Mais il y avait des choses que j’ignorais.

J’avais été transformé par une sorte de taré royal japonais puis enfermé dans une cage par mes parents dans la foulée. J’en avais plus appris durant les secondes pendant lesquels mon frère m’avait braqué que durant le reste de ma vie en tant que loup. Donc s’il proposait de m’apprendre des choses sur le fait d’être un loup, son offre serait difficile à refuser.

« Si tu promets de rester ici, je te détacherais et t’apprendrais, » dit-il, se faisant comprendre.

Je le regardais de près. « Et qu’est ce qui m’empêché de me jeter sur toi ? »

« Ta parole. Et si tu quittes cet endroit, nous devrons t’arrêter. »

« Donc tu es en train de dire que je n’ai pas vraiment le choix. »

« Je ne le dirais pas comme ça, » dit David stoïque.

« Alors comment le dirais-tu ? »

« Soit acceptes le fait d’être un loup et vit en meute, soit meurs seul. »

Je pensais être suffisant, d’accord peut-être l’étais-je un peu, mais ce mec ? Pensait-il vraiment qu’il pourrait m’arrêter si je décidais de partir ? J’avais vaincu trois hommes avant que quelqu’un ne m’assomme. Et la seule raison de leur succès était que voir Jenny m’avait fait hésiter. Sans elle, je l’aurai battu aussi. Quel que soit le contrôle qu’il pensait avoir sur moi c’était une illusion.

Cependant, il était le premier polymorphe que je rencontrais. Il savait surement des choses. Il pourrait me dire qui j’étais. Il connaissait peut être même un remède.

Whoa, je n’avais jamais pensé qu’un remède pouvait exister jusqu’à présent. Mais s’il y en avait un ? Je pourrais être normal à nouveau. Je pourrais rentrer au royaume et peut être y devenir roi.

« Oui, » m’entendis-je dire, « je suis d’accord. Mais je veux tout savoir sur les polymorphes. Tu ne peux rien me cacher. »

David me lança un regard que je ne pus déchiffrer. Cela me fit me demander s’il me dirait tout. Je me demandais aussi si je devrais le tuer. Parce qu’à un moment, il faudrait que je lui apprenne que menacer un cheik entrainait des conséquences. Son regard me fit me dire que lorsque ce moment viendrait, un seul d’entre nous en sortirait vivant.

« Alors c’est réglé, » dit-il me tendant l’assiette.

J’étais affamé mais parvint à me maitriser et à mentionner une dernière chose. « Le collier, » dis-je calmement.

David s’arrêta, me regardant à nouveau. Soit il prenait une décision définitive sur le fait de me faire confiance soit il prenait un plaisir sadique à me voir saliver. Quoi qu’il fasse, ça commençait à m’énerver. Lui résistant pendant ce qui me sembla être une éternité, il finit par fouiller dans sa poche et en sorti une clé.

Je dois l’admettre, une fois libéré, ma première pensée fut de me transformer en loup et de le tuer. Je suivis ma deuxième cependant. Je lui offris un sourire fermé et mangeais les œufs.

Ce furent les meilleurs de ma vie. La seule chose qui me retint de les engloutir était de savoir qu’il m’observait. Je décidais de lui monter qu’il ne m’avait pas brisé en lui tendant l’assiette une fois que j’eu fini de manger. S’il me regardait manger alors j’allais le traiter comme un serveur. Quand il refusa de la regarder, je souris. Il avait reçu mon message.

Frustré, il dit, « une fois que tu fais partie de ma meute, tu y contribue. Vas te présenter à Flo. »

« C’est quoi un Flo ? » Demandais-je innocemment ?

Il eut un sourire méprisant et commença à s’éloigner. «  Elle te dira ce que tu dois savoir. »

J’étais toujours perdu. «  A quel sujet ? A propos des polymorphes ? »

« A propos des plongeurs, » répondit-il sans se retourner.

Il était parti avant que je réalise ce qu’il avait dit. « Plongeur ? »

Jetant mon assiette par terre, je partis à la recherche des autres. Enchainé à l’arbre, j’avais pu sentir que beaucoup de personnes étaient dans les parages. Il était plus dur de situer leur odeur en humain mais je savais que si je les trouvais je trouverais aussi Jenny. Pas que je cherche à la revoir hein.

Après avoir marché durant à peu près une minute j’entrais dans une grande clairière. Face à moi se trouvait un feu de camp entouré de chaises. A droit, une vingtaine de tentes en nylon de couleurs différentes. Tout à gauche, une cuisine improvisée. Il devait y avoir 25 personnes au total mais la femme à l’air épuisé aux cheveux noir derrière le four devait être Flo. Elle ne pouvait pas plus ressembler à une domestique.