PRISONNIÈRES DE LEURS POUVOIRS : UNE ANTHOLOGIE

Élevée pour l’Héritier du Milliardaire 

 

Le cœur de Jasmine bondit quand elle regarda de l’autre côté du bar. Il était revenu. Les trois derniers soirs, l’homme au bronzage intense, aux cheveux éclaircis par le soleil et aux chemises blanches faites sur mesure s’asseyait à la table la plus proche des quais. Mais contrairement à tous les autres soirs, où il fixait , au-delà des yachts , la mer bleue et ombragée, ce soir-là il la regardait fixement, elle.

L’excitation permise par sa jeunesse et son manque d’expérience submergea Jasmine. Elle put sentir son visage au teint d’olive briller d’une nuance de rose. A vingt ans, c’était la première fois qu’elle fréquentait un bar et voici qu’elle attirait l’attention du plus séduisant et mystérieux des hommes présents. Elle serra ses genoux, appréciant la chaleur de ses reins qui lui brûlaient les lèvres.

Incapable de détourner son regard, Jasmine se retrouva perdue dans ses yeux. Même à cette distance , ce gris d’acier la ravissait. Et comme un charmeur de serpent fascinant un cobra, chacun de ses gestes la mouvait à son tour. Jamais de toute sa vie elle ne s’était sentie autant sous le contrôle. Elle dut rassembler toute sa volonté pour rompre le sortilège et se lever.

Elle se sauva vers les toilettes, en lui lançant quelques regards furtifs par dessus l’épaule.  Elle avait besoin de s’enfuir. Ca en était trop pour elle. Les émotions qui bouillonnaient en elle menaçaient de l’emporter sans rien laisser de la vierge délicate. Détachant avec force son regard de lui  pour la dernière fois, elle écarta les battants de la porte des toilettes couverte de bambou. Une fois la porte refermée derrière elle, elle put reprendre son souffle. Haletante, elle était recouverte d’une moite pellicule de désir qui lui donnait l’impression de briller comme un phare.

En fixant le miroir au-dessus du lavabo elle ne reconnut pas la fille qui lui rendait son regard. La queue de cheval enfantine et l’innocence du frais visage s’en étaient allées. Elle s’était faufilée hors de sa chambre d’hôtel après s’être maquillée et glissée dans sa plus attrayante robe d’été. Elle savait que cette métamorphose était uniquement destinée à l’inconnu et maintenant qu’elle avait obtenu de lui plus qu’elle n’aurait jamais pu imaginer, elle était perdue.

“Je devrais partir”, pensa-t-elle. “Mes parents se demandent probablement où je suis.”

Ces pensées n’étaient qu’une excuse et elle le savait. Ni ses parents, ni son frère, ne surveillaient ses faits et gestes.  Ils n’avaient même pas remarqué qu’elle était sortie la veille bien plus tard encore. Non, la vérité était que l’emprise que l’inconnu avait sur elle la terrifiait. Jamais elle ne s’était sentie autant attirée vers un homme.

Les hanches de Jasmine commencèrent à se balancer délicatement comme lorsqu’elle était sur le point de changer de direction, puis s’immobilisèrent brusquement. La porte des toilettes s’était ouverte avec fracas et, avec les yeux verrouillés sur Jasmine, le ténébreux inconnu s’avançait vers elle sans même s’inquiéter de savoir si elle était seule.

Jasmine faiblît en sentant l’étranger si proche. Il était grand et fort, et alors qu’il la surplombait presque entièrement , elle put sentir la mer. Son corps encore tourné vers le miroir, elle sentit ses grandes mains fermes parcourir son corps, glisser le long de son torse étroit et agripper sa poitrine. Ses genoux mollirent sous les étincelles qui traversaient son corps.

Pendant que l’autre main de l’inconnu enserrait sa jambe gauche, Jasmine bascula sa tête en arrière. Elle voulait qu’il l’embrasse. Des garçons l’avaient déjà embrassée mais aucun deux ne l’avait mise dans cet état. Elle voulait qu’un homme l’embrasse. Rapprochant ses lèvres toujours plus près des siennes, elle inspira par anticipation.

Lorsque leurs lèvres se touchèrent enfin, elle sut qu’elle était sienne. Et lorsque ses chaudes et fortes lèvres lui ouvrirent fermement la bouche, elle devint sa poupée d’argile, balancée en tous sens par sa langue comme si sa volonté s’était fondue dans la sienne.

Une vague de plaisir culmina et s’échappa d’elle dans un gémissement lorsque, à sa surprise, l’inconnu parfaitement taillé glissa sa main sous sa jupe, écartant ses sous-vêtements délicatement cousus. Aucun garçon n’aurait jamais été aussi direct avec elle. Elle entrait dans un territoire nouveau et elle aimait ça. Sa langue remplissant sa bouche et sa main pétrissant sa poitrine, il se frayait maintenant du doigt un chemin jusqu’à la délicate protubérance qui contenait son sexe. Et lorsqu’il la trouva, cette sensation la souleva de terre.

Tout le corps de Jasmine s’enroula autour de l’inconnu. Ses deux pieds quittant le sol, elle les replia autour de lui comme une pieuvre qui consomme sa proie. Ses bras s’agrippèrent à sa nuque et dans un rien de temps elle se retrouva étalée sur lui comme une deuxième peau, dont le centre était la petite bosse sensible qui ondulait d’avant en arrière sous ses caresses.

“Ahh”, gémit-elle en sentant une force qu’elle n’avait jamais connue. “Ahh!” Elle gémit plus fort, serrant plus étroitement son corps parfait.

Le corps de Jasmine tressauta et se figea en même temps. Ses orteils, ses doigts et sa langue s’étaient tous agrippés là où ils le pouvaient. Ses entrailles frissonnaient. Elles vrombissaient. Et avec une impulsion soudaine qu’elle ne connaissait que par ouï-dire, un flot de sensations déferla de ses reins, réduisant son âme à la compréhension, et la jouissance de plaisir. Jasmine sentit son esprit lâcher prise sur son corps et, quand elle revînt à elle, ses pieds touchaient à nouveau le sol et ses bras avaient glissé du corps de son homme pour retomber à ses côtés comme un poids mort.

Les yeux fermés, elle examina son corps. La chaleur des fortes mains de l’homme lui donnait envie de l’attirer en elle. Elle voulait reposer ses mains dans les siennes pour mieux les sentir, mais, encore incapable de bouger, elle referma les jambes à la place, afin de sentir le plus possible ses doigts immobiles.

Jasmine, sentant qu’elle devait ouvrir les yeux, les leva vers le miroir, y retrouvant ses yeux d’acier. Dans ce regard braqué sur elle, elle lut une implacable détermination à suivre son plan. Lorsqu’il relâcha ses lèvres gonflées, la relevant d’un même mouvement, elle commença à comprendre de quoi il retournait. Le gonflement pressé contre son cul légèrement couvert, c’était lui. Et alors qu’il le découvrait d’un fouettement de main tout en dézippant son jean usé, elle sut ce qui l’attendait.

Jasmine s’immobilisa à nouveau, cette fois de peur. Elle ne le craignait pas lui, ni la perte de son innocence. C’est que cela se passe en ce lieu qu’elle craignait. Elle n’avait pas attendu si longtemps et repoussé tous ses prétendants immatures pour abandonner sa virginité allongée au-dessus du lavabo d’un bar des Bahamas. Non, elle avait rêvé de mieux. Elle n’avait pas la force d’arrêter l’homme qui était peut-être le plus beau qu’elle n’ait jamais vu, mais elle aurait souhaité qu’il s’arrête.

Le souhait suffit. Son regard plongé dans les yeux de l’inconnu miséricordieux, celui-ci s’arrêta. Le cœur de Jasmine se serra à la pensée que leur expérience touchait à sa fin. Elle pria qu’il n’en fut rien.

“Pas ici”, pensa-t-elle en regardant à nouveau les toilettes aux portes battantes et la peinture écaillée des murs. “N’importe où sauf ici.”

L’inconnu, devinant ses pensées, la relâcha complètement. Pour Jasmine, c’était comme si on lui arrachait le cœur. La perte que lui causait son départ était comme une amputation et elle se sut prête à tout pour le sentir à nouveau contre elle.

Sans cérémonie, l’homme remonta sa braguette, regarda Jasmine une dernière fois, puis sorti des toilettes. Ne voulant pas qu’il l’abandonne, elle le suivit. En pénétrant à nouveau l’espace ouvert du bar par la porte arrière elle se moquait de qui pouvait les voir. Oui, ils venaient de sortir ensemble des toilettes des femmes, mais elle était dans un pays qu’elle ne visiterait jamais plus. Pour cette raison, et pour la première fois, elle n’accordait aucune importance aux pensées de quiconque la voyait. C’était l’effet que l’inconnu aux yeux gris avait sur elle et cela lui plaisait.

Lorsque l’homme, dépassant les tables, la conduisit à l’extérieur, elle pensa au verre qu’elle n’avait pas encore payé et s’en ficha. Il la conduisit, un pas derrière lui, sur les planches de bois épaisses du quai où il serpentait à travers le dédale d’une richesse et d’un privilège extravagants.

C’étaient les yachts qui l’avaient attirée, trois nuits plus tôt, vers ce bar. Elle n’avait jamais vu de bateaux aussi grands auparavant. Il y avait des plaisanciers de 15 et 20 mètres qui dépassaient tous son imagination, mais le bateau qui l’avait vraiment époustouflée était celui vers lequel l’inconnu semblait se diriger d’un pas sûr.

Et les voilà qui y parvenaient, et posaient le pied sur la rampe bordée de cordes. C’était le bateau de croisière privé de plus de 45 mètres qui flottait comme un arrière plan pour tous les autres bateaux. C’était le bateau qui devait valoir plus que toutes les maisons de sa rue de banlieue moyenne additionnées. C’était le yacht le plus extravagant qu’elle ait jamais vu et elle était sur le point de monter à son bord.

Posant le pied sur le pont, Jasmine jeta un regard autour d’elle. C’était immaculé. Même dans la seule lumière de la lune elle pouvait voir que les fauteuils du pont était faits d’un bois brillant à l’air coûteux, et les serviettes qui reposaient pliées à leur côté étaient disposées avec soin. Levant le regard elle entrevît deux étages au-dessus d’elle et ne pouvait que supposer le nombre des niveaux inférieurs.

“Tout cela ne peut lui appartenir”, estima Jasmine. “Il ne peut avoir plus de 35 ans. Comment quelqu’un d’aussi jeune et magnifique peut être également si riche?”

Pour la première fois l’inconnu s’arrêta et se tourna pour la regarder. Jasmine s’immobilisa, le sentant la déshabiller des yeux. Elle aimait ça et en voulait plus. Elle voulait qu’il la prenne dans ses bras et qu’il déchire ses vêtements avec ses dents. Des pensées totalement nouvelles lui passèrent par la tête. Elle voulait sentir le rythme étouffant du battement de son cœur. Elle voulait se soumettre à lui de toutes les manières.

Comme un serpent en pleine détente, l’homme étendit le bras à travers l’espace qu’il y avait entre eux et agrippa le cou de Jasmine. Sa soudaineté la fit sursauter. Et, à peine capable de rester debout sur ses pieds, elle sentit son corps contre le sien et sa fine robe d’été vite passée par dessus sa tête.

“Je suis nue”, pensa-t-elle au-milieu de baisers haletants qui lui faisaient tourner la tête. “Qui peut me voir?” se demanda-t-elle. “Qui regarde?”

Sa robe jetée sur le côté, ses seins frottaient contre la douce chemise en soie de l’inconnu. C’était une sensation merveilleuse, mais ce qui l’était encore plus c’était les aspérités et les courbes de ce qui ne pouvait être qu’un corps magnifique caché en dessous. Elle voulait plus de lui. Elle avait rêvé de son premier moment de pure passion comme un sommet de dévoilement personnel. D’abord ce serait à elle de se décortiquer , pensait-elle, puis au tour de l’homme chanceux; puis elle de nouveau, et lui encore, jusqu’à ce qu’ils soient tous deux complètement nus.

“Toi”, murmura-t-elle en espérant qu’il l’entende et comprenne à la fois.

Ce fut apparemment le cas puisqu’il retira sa chemise dans la foulée. Et avant même qu’elle ne touche le sol ses mains couvrirent son dos ondulant comme un chat à l’attaque. Elle le désirait et maintenant elle se fichait de qui les verrait et ce qu’elle devait faire pour l’avoir.

Sa chemise enlevée il repoussa aussitôt Jasmine. Elle ne pouvait s’arrêter, mais aussitôt qu’elle atteignit le point d’éloignement maximal , elle revînt immédiatement. Se jetant dans ses bras elle attrapa ses cheveux et tira dessus .Il tomba à genoux, attrapa fermement ses sous-vêtements et les arracha. Ils ne touchèrent pas un instant sa peau en tombant. Étalés comme une feuille plate sur le pont, ils ne pourraient plus jamais être portés. Elle ne pouvait cependant moins s’en soucier car c’était ce dont elle avait rêvé. Et nue dans la moiteur de l’air marin, c’était ce qui se réalisait.

Encore agenouillé, l’homme mystérieux ne se relevait pas. Au lieu de cela, il fit cesser de battre un instant le cœur de Jasmine, étreint d’une sensation étrange et sauvage. L’homme mystérieux poussa sa langue habile et rugueuse sur sa petite bosse gonflée et la pression fît vaciller ses genoux. Elle ne savait pas comment elle pourrait en supporter plus.

Dans une explosion d’émotions Jasmine éclata en larmes. Elle ne comprit pas d’abord si elle était triste ou heureuse. Mais lorsqu’il recula un peu en se demandant ce qui se passait, elle sut immédiatement. Il enfonça à nouveau sa tête dans ses replis gonflés, les tourments causés par son retrait avaient été trop durs à supporter.

“Je t’en supplie,” murmura-t-elle. “Je t’en supplie!”

Qu’il l’entendisse ou pas, il redoubla ses caresses. Sa tête secouait frénétiquement, alors que la douce rudesse de sa langue sur sa partie la plus sensible la rendait folle.

“Ohhh!” Elle cria sans se soucier que même les clients du bar pouvaient l’entendre.  “Ohhh ouiiii!”

Poussant sa tête vers ses genoux de toute la force dont elle était capable, elle avança plus près en essayant de le pousser en elle. Elle voulait que sa langue ne chatouille pas seulement son chardon rosi, mais aussi la chair à l’intérieur. La pression s’accentuait, un douloureux plaisir tordait son corps en tous sens, elle lâcha prise et cria, sentant une douloureuse palpitation battre et déchirer la moindre parcelle de son corps. 

Incapable d’aller plus loin, Jasmine s’effondra. Prise de tremblements et de pleurs incontrôlables, elle tomba sur l’homme qui l’entoura de ses bras et attira à lui son corps frissonnant.  Elle ne pouvait penser pendant qu’il la tenait. Elle voulait le serrer aussi mais elle ne put contrôler ses bras. Elle voulait lui montrer comment elle l’appréciait, mais put seulement lui lancer un regard fou alors qu’elle tressautait sans contrôle.

Sans qu’elle ne sache où elle allait, elle entrevît le pont. Ils furent bientôt à l’intérieur et le bois au brillant éclat des fauteuils du pont se prolongeait dans les allées puis les escaliers. Entrant dans ce qui ressemblait à la cabine principale, il déposa Jasmine sur le lit où elle tenta d’endiguer ses spasmes. Elle ferma les yeux et fît du mieux qu’elle put pour penser à autre chose, mais les tremblements continuèrent. Incapable même de se replier en boule, elle sauta et tressauta jusqu’à ce qu’enfin son corps épuisé s’immobilise, et s’endormit tranquillement.

 

Lorsque Jasmine s’éveilla ce fut au bruit de la porte qu’on frappait.

“Mlle Cameron, êtes-vous réveillée?” demanda une voix, la faisant sursauter.

Jetant un regard circulaire dans la pièce, elle ne fut pas sûre de là où elle se trouvait. Elle ne reconnut aucun objet familier. Cela n’était certainement pas sa chambre à la maison, et non pas sa chambre d’hôtel. Ce fut l’odeur qui réveilla sa mémoire. Une odeur boisée. Du chêne ou de l’érable peut-être, en tout cas cela lui rappela les magnifiques fauteuils du pont. Elle était sur le yacht du mystérieux inconnu. Abaissant son regard pour confirmation, elle vît qu’elle était bien nue.

“Mlle Cameron, êtes-vous réveillée?” répéta la voix.

“Oui, ” dit Jasmine. “N’entrez pas.”

Elle n’en était pas sûre mais cela ne ressemblait pas à la voix de l’homme amené par la mer qui lui avait donné deux orgasmes.

“Je n’en aurais jamais rêvé. Je voulais juste vous dire que je vous ai laissé des vêtements dans le placard et que le petit déjeuner est servi.”

Jasmine porta son attention sur le reste de la pièce. Tout y était soit de la couleur du bois blond brillant, d’une couleur crème comme les draps et le lavabo, soit de couleur dorée tout comme le mobilier. C’était une chambre majestueuse, certainement la propriété d’un homme exceptionnellement riche.

“OK, merci,” répondit enfin Jasmine avant d’entendre les pas s’éloigner.

Relevant le drap sur ses seins nus elle se demanda combien de temps elle avait dormi. L’homme avait parlé du petit-déjeuner donc elle avait certainement passé ici la nuit entière. En se tournant vers la fenêtre elle vit qu’il faisait jour dehors, et pensant alors à sa famille, elle sut qu’elle devait partir.

Repérant le placard, elle sortit du lit avec le drap encore enroulé autour d’elle. Ouvrant la porte à miroir elle trouva le placard rempli de vêtements. Les passant tous en revue, elle trouva diverses options, mais aucune qui lui ressemble.  Une fois son choix fait, elle se mit à la recherche de sous-vêtements. Elle n’en trouva aucun dans les tiroirs. Au sol elle trouva des sandales et des chaussures de bateau, mais les sous-vêtements restaient introuvables.

Jasmine laissa tomber le drap et mit la robe. Après avoir enfilé une jolie paire de sandales assorties, elle ferma la porte et se regarda dans le miroir.  Elle pouvait voir la bosse de ses tétons sous la douce étoffe mais rien d’autre. La robe d’été légèrement transparente lui tombait jusqu’à mi-cuisse et ressemblait beaucoup à celle qu’elle avait déchirée sur le bateau.

Jasmine ouvrit la porte de la chambre avec appréhension. Elle donnait sur un long couloir avec un escalier au bout. Elle décida qu’elle le monterait. Sa première priorité était de rentrer à son hôtel. Si elle croisait l’étranger sur le chemin, ce serait bien aussi.

Jasmine continua à déambuler dans le labyrinthe des couloirs et des portes. C’était comme une auberge confortable avec des coins cachés et des séries de chambres. Mais lorsqu’elle émergea face au soleil elle éprouva un immense soulagement. 

En posant le pied sur le pont elle le trouva exactement identique à la nuit précédente, la seule différence notable était la vue. A la place du paysage terrestre qu’elle avait vu à ce moment là, elle contemplait à présent l’océan. Traversant le bateau en courant jusqu’à l’endroit où elle avait embarqué, elle ne vit pas la rampe et la jetée, ce qu’elle vit à la place ne pouvait être décrit que comme un domaine insulaire.

Un domaine qui bourgeonnait de cabanes en forme de champignons. Elles n’étaient cependant pas faites de chaume et de branches. Elles étaient d’une matière peinte de part en part qui ressemblait à du bois. Sa première pensée fut que l’ensemble ressemblait à une magnifique œuvre d’art. Sa seconde pensée fut qu’elle avait été kidnappée.

 

En examinant le chemin qui menait de la jetée privée aux cabanes elle vit quelques personnes à la peau sombre qui déambulaient dans les parages. Il était difficile de dire s’ils étaient en vacances ou en train de travailler. Dans tous les cas ça ne ressemblait pas à une menaçante prison, donc plutôt que de s’inquiéter ou d’en venir trop vite aux conclusions, elle descendit du bateau et suivit l’odeur du petit-déjeuner.

Longeant la plage sablonneuse, elle découvrit que c’était un domaine exquis. Il y avait des courts de beach-volley et des bateaux à aubes. Elle remarqua les voiliers amarrés sans surveillance et les embarcations motorisées à l’aide desquelles elle pourrait s’échapper.  Elle suivit le sentier entre les cabanes jusqu’à une grande aire dédiée à la restauration et remplie de monde. Personne ne prenait de petit-déjeuner, mais l’un d’entre eux attira son attention et la dirigea plus loin.

A la fin du sentier, Jasmine se trouva devant la porte d’une grande structure ronde. “Peut-être est-ce le bâtiment principal”, pensa-t-elle. Mais il n’en avait pas la forme. Pour Jasmine, cela ressemblait plutôt à une version agrandie des cabanes qu’elle venait de dépasser. Et alors qu’elle jetait un coup d’œil par la porte entrouverte, elle fut accueillie par un autre homme dont la voix lui était familière.

“Je suis content que vous ayez pu vous joindre à nous, Mlle. Cameron,” dit l’homme plus âgé. “C’est par là.”

“Comment connaissez-vous mon nom?”, demanda Jasmine qui ignorait comment l’homme mystérieux aurait pu le savoir.

“C’est notre travail de connaître les noms de tous nos invités.”

“Je suis donc une invitée”, pensa-t-elle. “Ce n’est pas un enlèvement.  Ou si ça en est un, c’est l’enlèvement le plus poli de tous les temps.”

“Par ici, madame.”

Le serviteur décontracté conduisit Jasmine à travers la pièce ouverte. Elle était aussi fidèle à son design de l’intérieur que de l’extérieur. Elle avait un plafond ouvert et ressemblait à ce qu’elle aurait imaginé d’une véritable hutte de plage décorée par quelqu’un au style impeccable. 

En traversant la pièce, Jasmine aperçut une porte en verre. Et la seule personne qu’elle reconnaissait, c’était l’homme mystérieux. Il était habillé d’un pantalon long léger et d’une autre de ses chemises blanches sur mesure. Son éclatante beauté le faisait ressembler à un de ces mannequins dans les publicités pour parfums. Jasmine se demanda à nouveau qui pouvait bien être cet homme. En le rejoignant sur le balcon, elle décida que la première chose à faire était d’en avoir le cœur net.

“Okay, qui êtes-vous et pourquoi m’avez-vous amenée ici?” Demanda Jasmine en se plaçant à côté de la table dressée pour le petit-déjeuner.

“Eh bien, bonjour à vous aussi. Est-ce ainsi qu’on vous a appris à vous adresser à vos hôtes?” dit l’homme sans se départir de son sourire.

“C’est ainsi qu’on m’a appris à m’adresser à quelqu’un qui m’a enlevée en pleine nuit.”

L’homme rit. “Je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas d’un enlèvement.”

“Alors qu’est-ce que c’est?”

“Pourquoi ne pas vous assoir et me laisser vous expliquer?” Et l’homme fit un geste en direction du fauteuil de l’autre côté de la table en face de lui. Jasmine envisagea de rejeter son offre mais comprit vite que ce serait bien futile. Elle avait faim et la suite était de toute façon dans les mains de son hôte. Jasmine tira la chaise et s’assit.

“Mangez maintenant. Vous devez être affamée.”

Jasmine regarda l’homme car elle avait cru percevoir une accusation dissimulée dans ces mots. Mais comme elle ne trouvait sur son visage aucune trace d’un tel sentiment, elle attrapa un scone et le beurra. Elle était affamée. Elle ne comprenait pas pourquoi mais elle se sentait capable de dévorer tout ce qu’il y avait sur la table.

“Très bien. Bon, nous n’avons pas eu l’occasion de nous présenter formellement la nuit dernière. Vous pouvez m’appeler Jassar.”

L’homme tendit sa main, ce qui permit à Jasmine de l’agripper fermement.

“Et vous?” Continua-t-il.

“Jasmine”, dit-elle dans un souffle, ravie par le goût du scone.

“Jasmine Cameron, n’est-ce pas?”

“Oui”, confirma-t-elle avec appréhension. “Comment savez-vous cela?”

“Quel genre d’hôte serais-je si je ne connaissais pas le nom de mon invitée?”

“Donc vous me dîtes que je suis votre invitée?”

“Bien sûr.”

“Dans ce cas je dois retrouver mes parents. Ils sont sûrement inquiets.”

“Vos parents ont été informés de votre séjour ici et espèrent que vous vous y plairez.”

“Qu’entendez vous par “mes parents savent où je suis?” Comment le pourraient-ils puisque je ne sais pas moi-même où je suis.”

“Vous êtes une invitée sur mon domaine. Vous êtes sur une baie privée dans les Bahamas. Vous pourrez disposer de tout ce que vous voulez durant votre séjour, les ressources ici sont abondantes.”

“Formidable, je voudrais donc qu’on me raccompagne jusqu’au quai où j’ai embarqué.”

“Je suis désolé Jasmine, mais c’est la seule chose que je ne peux vous offrir.”

“Pourquoi pas?” demanda Jasmine tout à coup inquiète.

“Parce que cela ne fait pas partie de notre arrangement.”

“L’arrangement de qui?” demanda-t-elle troublée.

“Eh bien, celui conclu avec votre père, bien entendu.”

“Que voulez-vous dire?”

“J’aurais préféré que vous considériez cette excursion comme une luxueuse surprise, mais je vois que vous réclamez de connaître la peu reluisante vérité. Voyez-vous, votre père possède un commerce.”

“Oui, une entreprise de textile.”

“Oui. Et malheureusement ça ne marche pas autant qu’il l’aurait espéré. Il doit beaucoup d’argent à des gens à qui il ne fait pas bon devoir de l’argent.”

La voix de Jasmine s’altéra devant cette hypothèse. “Je ne sais rien de cela.”

“Et pourquoi le sauriez-vous? Ce dont votre père a besoin c’est d’un très généreux bienfaiteur. Le problème c’est qu’en dehors de son entreprise déficitaire, il ne possède aucun bien…exceptée une chose.”

Jasmine en laissa tomber sa mâchoire. Elle ne pouvait croire ce qu’elle entendait. Et elle ne l’aurait pas cru s’il n’y avait pas eu cette chose au fond d’elle qui lui disait que cela pourrait bien être vrai. Son père, bien que raisonnablement occidentalisé et marié à une américaine blanche, conservait malgré tout certaines croyances de sa culture d’origine. Pendant son enfance, il avait mentionné à de nombreuses reprises des mariages arrangés, auxquels Jasmine avait toujours refusé l’idée. Elle avait toujours considéré ça comme une sorte de jeu entre elle et lui, mais pour la première fois elle entrevit qu’il pouvait s’agir de plus que ça. Etait-ce possible que l’état financier de l’entreprise de son père fut derrière leur jeu qui dure depuis longtemps déjà ?

“Avant que vous ne sautiez aux mauvaises conclusions, je veux vous assurer que vous êtes ici en tant que mon invitée. Notre arrangement stipule simplement que vous resteriez ici avec moi pour trois jours. Rien d’autre n’est attendu de vous.”

Jasmine regarda Jassar d’un air dubitatif.

“Rassurez-vous, je ne suis pas un homme dépourvu d’options. J’ai retenu l’attention de princesses comme de top modèles. Vous n’avez rien de mieux à m’offrir.”

“Alors pourquoi suis-je ici?”

“Vous êtes ici parce que je fais collection de biens très précieux. Et quand j’ai rencontré votre père, j’ai compris que vous étiez la sienne.”

Jasmine se détendit dans son siège pour digérer tout ce qu’elle venait d’entendre. Elle ne comprenait pas. C’était comme si sa vie entière avait été renversée et qu’elle ne pouvait plus retrouver l’équilibre. Son père lui avait toujours semblé tellement aimant, comment avait-il pu lui faire ça. Jassar l’avait convaincue qu’elle n’avait vraiment rien à craindre de lui, mais comment son père aurait-il pu savoir ça.

“Je ne comprends pas comment mon père a pu me faire ça.”

“Peut-être sait-il ce que vous-même savez au fond de vous.”

Jasmine regarda son hôte, interloquée qu’il puisse présumer savoir ce qu’elle “savait au fond d’elle.” “Et qu’est-ce donc?” le défia-t-elle.

“Que vous êtes modérément attirante, mais pas magnifique; que vous êtes au-dessus de la moyenne sur le plan intellectuel, sans être particulièrement intelligente. Peut-être sait-il que sans rien qui vous distingue spécialement, vous étiez destinée à vivre une vie banale. Mais entre mes mains vous pourriez devenir quelqu’un. Je pourrais faire de vous l’envie des femmes du monde entier. Peut-être sait-il qu’entre mes mains puissantes votre vie pourrait dépasser vos rêves les plus fous.”

Jasmine regarda Jassar attraper sa tasse de café et en prendre une gorgée. Il l’avait dévastée avec ses remarques. C’était vrai. Elle savait en son fort intérieur qu’elle n’avait rien de spécial. Elle était toujours entourée de gens plus beaux et plus intelligents et elle en avait conscience. Et cela pouvait aussi bien expliquer les actions de son père. Dès son enfance il l’avait appelée sa princesse et l’avait couverte d’éloges, mais Jasmine avait toujours suspecté que tout au fond de lui, il la voyait telle qu’elle se voyait elle-même.

A la lumière des explications de Jassar, l’accord auquel son père avait consenti ne semblait pas si mal. Peut-être son père considérait-il cela comme une opportunité, pensa-t-elle. C’était son opportunité de convaincre Jassar qu’elle était en fait extraordinaire; peut-être même assez pour qu’il l’épouse. Cette union serait certainement le rêve de son père. Mais ça n’était pas parce que son père en rêvait qu’elle en rêverait aussi. Jasmine prit une autre bouchée du délicieux scone et regarda au-loin vers la mer.

“Vous attendez-vous à ce que je m’offre simplement à vous?” Demanda Jasmine avec un mépris grandissant.

“Ce à quoi je m’attends est que vous me suppliez de vous prendre.”

Jasmine renversa sa tête en arrière pour trouver le sourire séducteur de Jassar. Son arrogance suffisante la rendait furieuse. “Comment ose-t-il?” pensa-t-elle alors qu’elle croisait les jambes pour dissimuler ses lèvres gonflées. “Il ne m’aura jamais,” décida-t-elle. “Je ne le laisserai plus jamais me séduire.”

C’est à ce moment là que Jassar se leva et sans plus lui prêter attention, s’en alla. Jasmine était doublement insultée. “S’il se permet de dire de telles choses, il pourrait au moins me traiter avec un minimum de courtoisie.”

Jasmine ne le quitta pas des yeux pendant qu’il s’éloignait. Il ne regardait pas derrière lui. “Il s’attend vraiment à ce que je le supplie,” pensa-t-elle en regrettant de l’avoir suivi sur son yacht.

C’est à ce moment là que Jasmine repensa pour la première fois à la nuit précédente; enfin elle supposait qu’il s’agissait de la veille. Elle n’était pas sûre de combien de temps elle avait dormi.

La nuit qu’elle avait passée avec lui avait été différente de toutes celles qu’elle avait jamais vécues auparavant. Sentant les chauds monticules entre ses jambes commencer à palpiter elle regarda derrière elle pour voir s’il y avait quelqu’un aux alentours. Il n’y avait personne. Et ainsi le dos tourné à l’entrée elle ouvrit les jambes et laissa la brise fraîche de l’océan titiller sa petite bosse moite. La sensation entraîna sa tête en arrière, les yeux révulsés.

Regardant droit devant elle, elle vît quelques personnes, tous plus proches du rivage. Elle glissa alors subtilement sa main entre ses jambes, ferma les yeux et imagina les doigts épais de Jassar la caresser à sa place. Ses doigts commençaient à devenir de plus en plus humides.

Jasmine déglutit alors que son mouvement s’accentuait. Elle savait que cela risquait de rendre son activité visible aux yeux de tous, mais elle ne pouvait s’empêcher de continuer. Ses caresses avaient été si sensuelles. Cette simple pensée avait déclenché en elle un ouragan. Et alors que crépitait la foudre et mugissait le tonnerre entre ses jambes, elle fut interrompue par une voix.

“Mlle. Cameron, voudriez-vous que je vous conduise à votre chambre?”

Jasmine retira rapidement sa main de sous sa jupe.

“Quoi?” jappa-t-elle en se retournant pleine d’embarras.

“Votre chambre. Voulez-vous que je vous montre où vous serez logée?”

“Oh, bien sûr,” dit-elle en essayant de paraître aussi naturelle que possible.

Jasmine suivit son guide entre les cabanes. Chacune avait une pancarte accrochée sur la porte avec de gentils noms comme “Serviette à Capuchette” et “Case Casse-croûte”.  Sa cabane s’appelait la “Princesse au petit pois.” Jasmine fut agacée par le nom parce que “La Princesse au petit pois” était un conte de fée qu’elle avait sans arrêt demandé à son père de lui lire quand elle était enfant.