AMOURS DOUX-AMERS : PROLOGUE

Chapitre 1

 

Thomas Sweet est entré dans la salle de briefing du FBI avec un dossier sous le bras. C’était son premier jour après son transfert du bureau de Savannah. Il travaillait pour le département d’Enquêtes Criminelles depuis quatre ans, et avec cette récente promotion, il passait du poste d’Agent Spécial Superviseur à celui d’Agent Spécial Responsable.

Cependant il restait sur le terrain et avait encore un partenaire. Bill se trouvait déjà dans la salle de briefing room quand Tom arriva. Et puisqu’il s’agissait du premier jour de Tom, Bill lui a dit qu’il gèrerait les briefings du jour.

Tom entra et se dirigea vers l’avant de la pièce. Au lieu de prendre l’un quelconque des sièges derrière les trois longues tables, il s’assit sur le rebord de la table la plus proche du devant. Avec son arrivée, et tous les autres installés, Bill commença le briefing.

« J’aimerais vous présenter à tous Tom Sweet. Il arrive du bureau de Savannah pour être notre nouveau S.A.C. Je sais que nombre d’entre vous ne voyaient pas la nécessité de faire venir quelqu’un de l’extérieur, mais je peux vous dire que Tom a le meilleur palmarès d’arrestation du pays. Et j’ai eu l’opportunité d’apprendre un peu à le connaître en tant que nouveau partenaire ; c’est un mec bien. »

Tom s’est tourné vers le groupe, les a salués de la tête avec un sourire sobre. Bill a continué sur d’autres points interne, puis a tourné la conversation vers leur cas actuel le plus important.

« Notre source en Colombie l’a confirmé. Le distributeur de la famille Santanos à Miami est un homme appelé Teo Domiguez. Comme vous le savez, le Maire et notre hiérarchie nous mettent vraiment la pression sur ce cas, et il reste notre principale préoccupation. »

« En fait, ça n’est pas le cas »,  a interrompu Tom.

« Ça n’est pas quoi ? » Demanda Bill, pris de court.

« Ça n’est pas notre préoccupation principale. En tous cas plus maintenant. À partir de maintenant, nous allons diriger les ressources de ce département vers cette affaire. »

Tom lança le dossier au centre du long bureau. Bill s’avança et lut l’onglet du dossier.

«  C’est un cambriolage de banque » , dit Bill, confus.

«  En effet. Il y a trois mois, quatre hommes sont entrés dans une banque à Tampa, en Floride, et sont sortis avec tous les reçus du jour, tirant sur deux personnes pendant ce temps. Cette affaire tombe sous la jurisdiction de ce département, et d’après ce que j’ai pu voir, elle a à peine fait l’objet d’un suivi. »

Sur la défensive, Bill a regardé. « C’est parce qu’on a reçu des ordres d’en haut, on nous a dit de travailler en priorité sur l’affaire Santanos. »

« Ok, ça s’entend. Mais elle n’est plus notre priorité. Maintenant, c’est cette affaire. » 

Bill a balayé la pièce du regard. « Je suis sûr de parler au nom de tous ici si je demande, pourquoi ? »

Tom prit une grande respiration, et se leva, face à l’assemblée. « Messieurs, à quand remonte votre dernière arrestation ? »

Les hommes se sont regardés avant que Bill ne réponde. « Woods a fait une arrestation sur une affaire de vol d’identité il y a deux mois. »

« Et, selon vous, à ce jour, combien ce département en a-t-il réalisées cette année ? » Continua Tom.

« Quatre ou cinq »,  dit Bill.

Tom s’est avancé sur le devant de la pièce, attirant l’attention de tous. « Pendant cette même période, mon ancient département a procédé à vingt-deux arrestations. »

Bill regarda son nouveau partenaire, incrédule. « Avec tout mon respect, Tom, Savannah n’est pas Miami. Ici on traite les grosses affaires. »

« Et pourtant, la direction a choisi de m’amener ici au lieu de promouvoir en interne. »

Bill se hérissa à ce commentaire. Tom remarqua sa réaction Bill, mais s’y était attendu, sachant que le département aurait besoin d’une sorte d’électrochoc afin de les faire adhérer aux nouvelles directives.

« Écoutez, je sais bien qu’aucun département n’apprécie qu’on fasse venir un étranger. Je suis sûr que je ressentirais la même chose en ce moment si cela m’arrivait. Mais je ne serais pas ici si les grands patrons avaient apprécié ce qu’ils avaient vu. »

« Bien sûr, ils dissent qu’ils veulent une chose, mais ce qu’ils veulent vraiment c’est un palmarès d’arrestations qui leur vaudra des promotions. Et c’est ce qu’on va leur donner. On va leur offrir quatre arrestations le mois prochain. Et ces quatre arrestations concerneront cette affaire-ci. »

Tom s’est avancé jusqu’au dossier et l’a épinglé du doigt.

« Messieurs, nous allons leur faire tourner la tête si vite qu’ils vont avoir le coup du lapin. »

 

 

Chapitre 2

 

Sam Bitter était assis à une table dans un assommoir à Gainesville, en Floride. Il était un peu nerveux. Depuis son dernier braquage dans une banque, il se sentait moins sûr de lui. Il avait fait une grosse erreur dans le choix de son équipe la dernière fois, et au final deux employés de la banque s’étaient faits tirer dessus.

Après avoir partagé l’argent, chacun est parti de son côté, mais Sam ne pouvait pas s’empêcher de se remettre en question. Comment son plan avait-il pu foirer à ce point ? Il a décidé que le problème avait commencé lorsqu’il avait fait entrer Louie dans l’équipe. Mais à côté de quoi était-il passé concernant Louie ? Qu’est ce qui aurait dû indiquer à Sam que Louie pourrait tirer gratuitement sur quelqu’un. Incapable d’élucider la question, Sam décida de procéder avec précaution lors de son prochain casse.

La seule personne à laquelle Sam faisait vraiment confiance était Le Beau Jack. Ça n’était pas son vrai nom, mais il lui faisait honneur. Cotoyer Jack avait fait remonter en Sam des émotions qu’il pensait avoir réglées. L’allure de Jack n’était pas la seule raison qui avait décidé Sam à appeler Jack en premier, mais elle ne gâchait rien.

Sam appréciait la compagnie de Jack. Et s’il ne faisait pas erreur, c’était réciproque. Sam a décidé que si Jack et lui pouvait se retrouver, ils allaient soit concocter le plan de leur prochain casse, soit finir au lit. L’un ou l’autre scénario convenait parfaitement à Sam.

Sam levait les yeux vers la porte d’entrée lorsque le bar a soudain été inondé de lumière. C’était lui. En dépit de la chaleur, il portait une veste en cuir confortablement usée, et ses cheveux avaient l’air soit légèrement ébouriffés soit savamment disposés. En un mot, Jack avait belle allure.

Sam sourit et appela Jack de la main. Jack lui répondit en hochant la tête, fit un détour par le bar pour commander une boisson, puis s’approcha de la table de Sam, une pinte de bière à la main.

« Si ça n’est pas notre illustre leader », plaisanta Jack.

« Si ça n‘est pas Le Beau Jack », rétorqua Sam.

« Encore en train de concocter des méga-plans ? » Demanda Jack.

« Toujours. Encore et toujours beau ? » Sam répliqua-t-il.

« Oui. Et je vais être honnête avec toi. Je ne peux pas m’en empêcher », dit Jack avec un sourire.

Sam a fixé le sourire de Jack en se demandant si ce dernier avait la moindre idée de l’effet qu’il lui faisait. Impossible, n’est-ce pas ? Personne dans l’équipe de Sam ne savait ce qu’il faisait en dehors de la ville.

Sam n’avait pas été avec un grand nombre d’hommes, mais il en avait connu suffisamment pour savoir qu’il avait un type. Et Le Beau Jack lui correspondait parfaitement.

« As-tu réfléchi davantage à ce dont nous avions discuté ? » Demanda Sam.

Jack a regardé autour de lui pur s’assurer que personne n’écoutait. « Un autre casse ? Tu sais, le dernier ne s’est pas si bien passé. »

« Je t’ai dit que cette fois, nous n’utiliserons pas Louie. »

« Alors qui va être le poids lourd ? » Dit Jack.

« Nous pouvons trouver quelqu’un. On peut voir si Lamar veut monter de niveau. »

« De chauffeur à poids lourd ? Je ne suis pas sûre qu’il le veuille. En plus, ça fait plusieurs jours que j’essaye de le joindre, sans succès. »

« Il voyage ? » Suggéra Sam.

« Pour aller où ? Tous ceux qu’il connait sont dans les quinze kilomètres autour de chez lui. »

« Alors est-ce qu’on attend qu’il revienne ou on cherche quelqu’un d’autre ? »

« Tu sais quoi, j’ai une idée pour le chauffeur », annonce-t-il avec une excitation croissante.

« Ah ouais ? »

« Ça fait maintenant un bout de temps que je sors avec cette fille, et c’est exactement ce qu’on cherche. »