AMOURS DOUX-AMERS

Chapitre 1

 

Sam resta assis dans sa voiture, moteur éteint, fixant le bâtiment en face de lui. Il n’était pas certain de pouvoir exécuter son plan. Heureusement, il était venu préparé. Se penchant sur le côté passager, et fouillant sous le fauteuil, il trouva sa bouteille de vodka. L’ouvrant, il prit deux gorgées. C’était de l’alcool pas cher qui brûlait la gorge. Pour Sam, c’était une sensation familière, et il savait que dans quinze minutes, plus rien n’allait avoir d’importance.

Vingt minutes plus tard, il se sentait prêt. Avalant une autre gorgée, il remit la bouteille sous le siège et sortit de la voiture.

C’était une nuit chaude, typique, en Floride. Sam trouvait que ces nuits-là étaient les meilleures pour prendre des mauvaises décisions, et c’était bien une mauvaise décision qu’il prenait maintenant.

Sam se dirigea vers la porte du bar et fixa les yeux du videur. Sam était sûr qu’il pourrait le battre s’il y était obligé, et il était sûr que le videur pensait probablement la même chose.

« Pièce d’identité ? » Demanda le géant, après avoir examiné Sam.

Sam sortit son portefeuille de sa poche. C’était son faux permis de conduire. Il n’était pas parfait, mais sans doute suffisant pour passer un contrôle à la lampe de poche. Sam n’utiliserait jamais son vrai nom pour quelque chose comme ça. Trop de gens le poursuivaient. S’il se retrouvait sur une base de données quelque part, il devrait abandonner la vie qu’il avait inventée, et il était fatigué de s’inventer des nouvelles vies.

« Amuse-toi bien », déclara le colosse en lui rendant sa carte d’identité.

Sam ne répondit rien. Au lieu de cela, il passa devant le videur et entra dans le bar. Celui-ci était différent de ce à quoi il s’attendait. Il avait pensé qu’il serait plus coloré. Au lieu de quoi il ressemblait juste à un bar normal.

Analysant la palette de clients, il se dirigea vers le barman.

« Donne-moi une bière. N’importe quelle pression », dit Sam au barbu en face de lui.

Ce dernier hocha la tête et revint quelques instants plus tard avec un grand verre de bière. Il en but la moitié en un instant. Il sentit l’accumulation d’alcool faire effet. C’est alors qu’il fit pivoter son tabouret et regarda autour de lui. Ses inhibitions étaient tombées. Il pouvait enfin faire ce pour quoi il était venu au bar.

Balayant lentement la pièce du regard une deuxième fois, il remarqua le nombre d’hommes qui le regardaient. Ils ne le fixaient pas des yeux. Ils étaient globalement timides. Quand Sam les regardait, ils jetaient un coup d’œil et se détournaient.

Pour la première fois, cette attention n’a pas dérangé Sam. Il était là pour une raison. Cette attention l’aidait à faire ce qu’il était venu faire.

« Hé, tu veux un autre verre ? » Demanda un homme derrière l’autre épaule de Sam.

Sam se retourna et le regarda. Il était beau. Sam aurait même pu le qualifier de canon. Pommettes ciselées, en forme mais pas trop musclé, il était le genre d’homme que Sam avait fui toute sa vie. C’était le genre d’homme auquel Sam pouvait difficilement résister.

« Si tu en prends une », répondit Sam, sentant la vodka lui réchauffer les entrailles.

Le bel homme se tourna vers le barman et commanda deux autres verres de ce que Sam buvait. Ils arrivèrent alors que Sam finissait son premier verre.

« Je ne suis encore jamais venu ici. Quelle est l’ambiance dans cet endroit ? » Demanda le beau gosse à Sam.

« C’est aussi ma première fois ici », expliqua Sam.

« C’est bien ce que j’ai pensé. Tu n’as pas l’air d’un habitué. »

« Qu’est-ce qui m’a trahi ? »

« T’es trop beau. »

En entendant les mots de l’homme, les pensées de Sam se tournèrent vers sa propre bite. Elle se raidissait. C’était ce qu’il avait espéré lorsqu’il avait élaboré son plan la nuit précédente. En regardant l’homme séduisant, il se demanda jusqu’où irait son fantasme. Allongé seul dans son lit, l’imagination de Sam avait beaucoup travaillé.

« Toi aussi, mec », s’entendit dire Sam.

L’homme sourit. Ses dents parfaites rappelaient quelqu’un à Sam, mais la vodka était forte et il ne trouva pas à qui.

« À ton avis, combien de personnes cherchent juste à baiser ? » Demanda le bel homme en s’asseyant sur le tabouret à côté de Sam.

« Tous », plaisanta Sam. « Sinon, pourquoi venir ici ? »

« Pour la bière, bien sûr. »

« Bien joué », concéda Sam, en lui offrant ses applaudissements.

Trinquant avec leurs verres, ils reprirent tous deux une gorgée. Oui, l’homme lui rappelait définitivement quelqu’un, et il commençait à savoir de qui il s’agissait.

Le bel homme se rapprocha de Sam. « Qu’est-ce que tu aimes ? »

Sam sentit le musc de l’homme, ce qui accéléra son pouls. Il détourna les yeux en tentant de se reprendre. Échec. Sa respiration devint lourde. Il commençait à se sentir comme un animal. C’était un prédateur et cet homme était sa proie sans méfiance.

« C’que j’aime ? » Demanda Sam en sentant sa grosse queue se durcir.

« Tu préfères le haut ou le bas ? »

« Que veux-tu dire ? »

L’homme regarda Sam, confus. Quand il a continué, c’était avec hésitation. « Tu aimes lancer ou attraper ? »

Sam retourna l’analogie dans sa tête. Il en comprit le sens. «Je lance. Tu attrapes ? »

« Je pourrais jouer avec toi », dit l’homme en regardant les genoux de Sam. « As-tu quelque part où on peut aller ? »

A cette question, la poitrine de Sam se serra. « Non ? »

L’homme séduisant dévisagea Sam encore une fois. Sam sentit son hésitation. Il était en train de le perdre. Il allait devoir agir vite. Alors sans réfléchir, il s’avança, lui attrapa la nuque, et l’embrassa intensément.

Surpris, l’homme se détendit vite. Sam le titilla pour qu’il ouvre la bouche, et le beau gosse se soumit.

Quand Sam poussa sa langue dans l’inconnu, son propre corps frémit tout entier. Il n’avait jamais rien fait de tel. Il n’avait jamais pensé qu’il puisse être aussi audacieux, et pourtant, il était là, et il faisait ça. Il avait embrassé un homme.

Son cœur tambourinait de désir. Entremêlant sa langue à celle de l’homme, Sam en voulait plus. Entourant le visage de l’inconnu entre ses mains, la queue de Sam se rebella contre son jean.

Hors d’haleine, l’homme recula. Lui-même haletant, Sam prit le contrôle. « As-tu un endroit où on peut aller ? »

« Oui. »

« Emmène-moi. »

L’homme accepta, acquiesçant de la tête. Laissant quelques billets sur le bar, il mena Sam vers la sortie. « C’est à côté. Tu veux marcher ou prendre ta voiture ? »

« Je vais conduire. »

Les deux hommes s’installèrent dans la voiture de Sam. Heureusement que ça n’était pas loin. Trois pâtés de maisons, plus loin, Sam se gara et l’homme sortit, se dirigeant vers l’immeuble à deux étages.

Sam le suivit, encore incapable de croire que ça se passait enfin. Il avança sa main et toucha le cul de l’homme. Ce dernier ne se déroba pas. Excitée, la virilité palpitante de Sam se tendit encore davantage.

Entrant dans l’appartement, l’homme conduit Sam vers la chambre. Il eut l’air sur le point de dire quelque chose, quand Sam saisit son visage et embrassa ses lèvres. Sam ne pouvait pas attendre une seconde de plus. Il avait besoin d’être en lui.

Tenant cet homme entre ses mains, l’esprit de Sam se pâmait. Son corps s’embrasa de plaisir. L’homme empoigna son cul. Sam aimait la main d’un autre homme sur lui. Désireux de sentir le corps nu d’un homme, il lâcha sa tête et commença à le déshabiller.

Après avoir retiré la chemise de son séduisant inconnu, Sam s’attaqua ensuite à son pantalon. Le dénudant, il empoigna le pénis de l’autre homme. Il était rigide.

Sam inspira brièvement, perdant son souffle. Il aimait tenir une bite plus qu’il ne l’avait jamais imaginé. Et quand l’homme tint la queue habillée de Sam et haleta, Sam ne put plus retenir son désir.

Arrachant ses propres vêtements, Sam pressa l’homme nu sur le lit. Il sentait si bon. Ses larges épaules et sa poitrine tonique tenaient si bien dans ses mains. Sous lui, c’était un homme, incontestablement et inévitablement. Tout en lui rendait Sam fou.

Lui écartant les jambes comme à une femme, Sam partit à la recherche de son trou. L’explorant avec sa bite, il ne trouva rien. Glissant de plus en plus bas, la chair de l’homme céda. Roulant l’homme sur le dos, Sam visa et fut sur le point de réclamer son prix tant attendu.

« Attends », cria l’homme.

Sam se figea. Pendant un moment, Sam envisagea de le prendre quand même. Il lui fallut toute sa volonté pour céder quand l’homme se débattit pour s’éloigner.

S’écartant de Sam, le bel homme rampa sur le lit. Ouvrant un tiroir, il récupéra une bouteille de quelque chose, et la lui tendit. C’était du lubrifiant. Ce n’était pas le signe qu’il voulait que Sam s’arrête. C’était plutôt le signe qu’il voulait que Sam le baise plus fort.

La bite de Sam se raidit, et se figea. Sam avait besoin de le sauter plus encore qu’il n’avait besoin de respirer. Il retourna l’homme sur son ventre et étala le lubrifiant entre les fesses de l’homme. Il poussa un doigt dans son cul. L’homme hurla. L’instinct animal de Sam adora ce son. Visant à nouveau avec sa bite, il cloua sa proie et poussa fort.

Comme un faon, le jeune homme glapit. Il résista et se tortilla en essayant de s’échapper, mais c’était impossible. Sam le baisé sans pitié ; il n’avait jamais été aussi excité de toute sa vie.

Il ne fallut pas longtemps à Sam pour sentir l’arrivée de son orgasme. Il tendit sa bite pour la combattre. Sam gagna en retenant son orgasme.

La sensation battant en retraite, Sam se remit à baiser l’homme à plein régime. Voulant voir son beau visage, Sam le retourna et le roula sur le dos. La queue de l’homme était complètement raide. Bien qu’il se tortilla dans les bras puissants de Sam, ce dernier réalisa qu’il ne voulait pas vraiment s’enfuir. L’homme voulait être retenu et utilisé. Sam n’était que trop heureux d’accéder à ses désirs.

Pinçant ses tétons et lui tirant les cheveux, Sam malmena l’étranger. À la fin, l’homme gisait comme un sac de chair. C’est alors que Sam lui tint le cou et ralentit son rythme.

Touchant leurs lèvres pour un baiser, Sam prit la bite de l’autre homme dans sa main libre. Lâchant sa bouche, il caressa le bel homme. Ses légers gémissements se transformèrent en signes d’un orgasme imminent. Les sons poussèrent Sam au bord.

Fermant les yeux, Sam repensa à ce qu’il faisait. C’était ce qu’il il avait fui pendant si longtemps. Maintenant, il glissait sa bite dans le cul d’un homme tout en le caressant jusqu’à la jouissance. C’était presque incroyable.

Sam sentit ses couilles le tirer alors que la piqûre de son orgasme se rassemblait à la base de sa queue. Il ne serait pas capable de lutter contre la sensation une deuxième fois, et cette fois il ne le voulait pas. Se redressant, il passa sa main libre sur le corps imberbe du bel homme. Cela évoqua en lui de vieux souvenirs.

Quand, sous lui, l’homme se tendit, et que sa bite tressaillit, Sam ne put plus tenir. L’homme gémit et explosa. Sam, agrippant la poitrine de l’homme, fit de même.

« Ahhh ! » Hurla Sam, relâchant dans l’homme un flot effréné.

La bite de Sam tressaillit de manière incontrôlable. Il était épuisé. Il ne voulait pas sortir du cul serré de l’homme mou, mais il devait également s’allonger.

Avec un effort, il abaissa les jambes du bel homme sur le lit. Retirant sa bite encore dure, il s’allongea à ses côtés. L’étranger roula sur le côté pour que Sam puisse l’entourer de ses bras. Il accepta les bras de Sam, avide de proximité.

Câlinant l’étranger, dos contre face, Sam laissa son esprit revisiter des temps plus simples. Il avait connu jadis un homme qui ressemblait à l’étranger. C’était cet homme qui hantait ses pensées. Perdu à l’instant dans le parfum enivrant du bel homme, Sam ne pouvait penser à rien d’autre.

Quand l’homme qu’il tenait dans ses bras se mit à ronfler, Sam se demanda ce qu’il devrait faire ensuite. Tout était possible. L’homme s’était rendu vulnérable. Pourquoi quelqu’un ferait-il ça avec un inconnu ? Comment pouvait-on même faire ça avec quelqu’un qu’on connaissait ?

Appréciant le corps chaud contre le sien, Sam laissa l’homme dormir. Il réalisa qu’il aimait le tenir. Cela le faisait se sentir connecté. Il y avait quelque chose à ce sujet qui abaissa sa garde. Finalement, sa garde complètement baissée, Sam envisagea de faire autre chose qu’il n’avait jamais fait auparavant.

S’assurant de ne pas le réveiller, Sam lâcha l’homme et regarda dans la chambre. Il chercha le pantalon de l’inconnu. Le trouvant au pied du lit, il rampa dans sa direction. Fouillant les poches, il trouva le téléphone de l’étranger. À sa grande surprise, celui-ci n’était pas verrouillé.

Sam saisit un numéro, puis s’arrêta. Pourquoi diable ferait-il ça ? Qu’aurait-il à gagner ? Il connaissait la réponse. Sam voulait entendre sa voix.

Le téléphone n’était pas le sien. Il ne pouvait pas être retracé jusqu’à lui. Non seulement il ne reverrait jamais l’homme nu, mais Sam n’avait même pas dit son nom à l’étranger.

Ce fut donc avec une vague de confiance mal placée que Sam agrippa le téléphone et appuya sur envoyer.

Son cœur battait à la chamade. L’alcool et l’anticipation lui donnaient le vertige. Se ressaisissant, il allait raccrocher quand il entendit une voix.

« Bonjour », annonça la voix résonnante à l’autre bout du fil.

L’entendant, Sam en perdit le souffle. Sa peau picota. Il fut traversé par une chaleur déroutante. Pourquoi se sentait-il ainsi ? Pourquoi avait-il même appelé ?

« Bonjour ? » Demanda à nouveau l’homme. « Sam ? »

En entendant son nom, Sam se figea. Comment ? Pourquoi ? L’avait-il appelé avant ? Il ne pensait pas que c’était le cas. Il était sûr qu’il n’avait pas parlé à Tom depuis des années. Comment Tom pouvait-il deviner que Sam était à l’autre bout du fil ?

« Sam, si c’est toi, rends-toi. Tu sais que tu ne peux pas courir éternellement et je vais deviner que tu ne veux pas. Dis-moi simplement où tu es et je viendrai te chercher. Nous n’aurons pas à en faire une scène. »

Sam ouvrit la bouche pour parler, mais au lieu de cela, il coupa l’appel. Dès que l’écran du téléphone s’éteint, il réalisa l’ampleur de l’erreur qu’il avait commise. À quoi pensait-il en l’appelant ? Appeler Tom devait être la pire des mauvaises décisions de sa vie.

Sam ne pouvait plus rester. Pour autant qu’il sache, Tom était juste devant le bâtiment de l’étranger. Tom aurait pu le surveiller toute la nuit et l’y suivre. Sam devait sortir de là.

Ce n’était plus seulement lui. Il devait s’inquiéter pour quelqu’un d’autre. Il avait appelé Tom dans un moment de faiblesse, et maintenant il n’était pas le seul à devoir en payer le prix.

Sam remit le téléphone dans la poche du pantalon de l’inconnu, puis rassembla ses vêtements. S’habillant, il retourna dans le salon. Jetant un coup d’œil par la fenêtre, il se demanda si l’une des voitures à l’extérieur était celle de Tom. Se rendant compte qu’il ne pouvait rien faire d’autre même si tel était le cas, il sortit de l’appartement et se dirigea vers le parking.

Quand rien ne bougea dans l’obscurité, Sam changea de direction et se dirigea vers sa voiture. Entrant, il la démarra. Quand, à nouveau, rien ne bougea, il se mit en route. Passant le premier virage sans voiture derrière lui, il se dirigea vers l’autoroute. Prenant la 528, il lui fallut vingt minutes de route pour rentrer chez lui.

Plus Sam s’éloignait de l’appartement du bel homme, plus il reconnaissait à quel point il avait été stupide. Déjà, il n’aurait pas dû aller au bar, et il n’aurait pas dû passer l’appel. Cet appel avait détruit sa vie.

Combien de temps faudrait-il avant que Tom et ses amis du FBI ne retracent l’appel ? Pas beaucoup. À ce moment-là, Sam devait être loin de la ville. La seule question était de savoir où il irait ensuite.

Sam entra dans le parking du centre commercial et regarda les appartements au-dessus. La lumière de son appartement était toujours allumée. Il était tard, mais il espérait que ce serait le cas.

Garant la voiture et remontant les escaliers jusqu’à sa porte, Sam entra. Mable, qui dormait devant la télé, se réveilla en sursaut.

Sam demanda à la grande femme plus âgée, « Est-ce que tout s’est bien passé ? »

Mable se tourna vers Sam et fit de son mieux pour vider son esprit. « Ouais. » Mable s’assit et regarda autour de lui. « Ouais, elle ne m’a posé aucun problème. »

Sam traversa la pièce jusqu’à la chambre la plus proche. En ouvrant lentement la porte, la lumière se déversa, éclairant la petite fille endormie à l’intérieur. Rassuré, il ferma la porte et se dirigea vers sa propre chambre.

« As-tu trouvé ce que tu cherchais ? » Lui demanda Mable, en le suivant dans sa chambre.

Sam ne répondit pas. Au lieu de cela, il sortit un sac polochon du placard et le fourra avec ses vêtements.

” Que se passe-t-il ? Tu vas quelque part ? » Demanda Mable.

« Snow et moi allons faire un petit voyage », expliqua Sam.

« Tu emmènes Snow Pea avec toi ? » Demanda Mable, désemparée.

« Bien sûr que oui. C’est ma fille, n’est-ce pas ? »

« Quand la ramènes-tu ? »

« Je ne sais pas. »

« Eh bien, où est-ce que tu l’emmènes ? »

« Je t’ai dit que nous partions en voyage. »

« Tu ne peux pas tout simplement traîner une petite fille à travers le pays comme ça. Elle est à cet âge-là, elle va devoir commencer l’école cette année. Si tu dois y aller, vas-y. Laisse-la avec moi. Lorsque tu te seras occupé de tout ce que tu as à faire, tu pourras revenir. Elle sera en sécurité. »

Avec son sac rempli, il lança un regard mécontent à la femme aînée. « Je ne vais nulle part et je n’abandonne pas ma fille. »

« Pourquoi pas ? Tu sais que je m’en occupe. Pendant ces six derniers mois, je l’ai élevée comme la mienne. Une petite fille comme ça a besoin d’un foyer. Elle a besoin de quelqu’un sur qui compter. »

« Elle l’a. Elle m’a. Écoute, j’apprécie ce que tu as fait. Mais tu n’es pas sa maman et tu n’es pas sa grand-mère »

« J’aurais aussi bien pu l’être. »

« Snow a besoin de son papa. »

« Est-ce que tu sais quoi que ce soit sur l’éducation d’une petite fille ? » L’interrogea Mable.

« J’en sais assez », déclara Sam, sachant pertinemment que Mable avait raison.

Inébranlable, Sam rentra dans la chambre de sa fille. Ouvrant ses tiroirs, il mit le contenu dans son sac. Attrapant son ours en peluche et ses deux poupées, il prit la petite fille dans ses bras et la fit tomber sur son épaule.

« Tu ne vas pas me laisser lui dire au revoir ? » Protesta Mable.

« Je ne veux pas la réveiller. »

Mable suivit Sam vers la porte d’entrée. Sam était sur le point de partir quand il se tourna vers la femme plus âgée et baissa les yeux.

« Écoute, je n’aurai pas le temps de récupérer mon dernier chèque de paie. Tu penses que tu pourrais me prêter un peu d’argent ? C’est pour Snow Pea. »

Mable se tordit le visage, déchirée par la perte de sa petite préférée et la demande d’argent de Sam. « Reste ici. »

Mable quitta l’appartement et revint moins d’une minute plus tard. « Tiens prends ça. » Elle tendit une liasse de billets à Sam. C’était plus qu’il n’aurait jamais imaginé.

« Tu es sûre ? »

« C’est pour Snow Pea. Tu dépenses ça pour Snow Pea, tu m’entends ? »

Sam s’émut du geste de Mable. Pendant une seconde, il envisagea de laisser Snow avec elle, mais il décida qu’il avait eu raison la première fois. Depuis que sa mère était partie en la laissant à sa porte, elle avait besoin d’avoir son papa près d’elle. Elle devait avoir au moins un de ses parents dans les parages.

« Je le ferai, Mable. Je promets. »

« Sois gentil avec elle. Tu m’entends ? » Dit Mable en pleurant.

« Promis. Elle est entre de bonnes mains. Je la garderai en sécurité. »

Mable toucha le visage endormi de Snow. « Prends soin de toi, maintenant. Tu m’entends, petite fille ? » Mable renifla et s’écarta.

Sam était de nouveau sur le point de sortir quand il se souvint de la clé. « Oh oui. » Il remit la clé à Mable, la propriétaire, puis quitta son domicile de deux ans, sachant qu’il ne reviendrait jamais.

Portant son enfant à sa voiture, il déposa la petite fille sur le siège arrière. Elle ne bougea pas. Laissant son sac sur le siège avant et fermant doucement la portière, il contourna la Mustang, s’installa dans le siège conducteur et partit.

Alors que les lumières de la ville disparaissaient dans le rétroviseur, Sam repensa à l’erreur colossale qu’il avait commise.

 Ils s’étaient créé une vie là-bas. Il travaillait comme cuisinier dans un restaurant. Leur quotidien était assuré. Qu’est-ce qui lui avait fait passer cet appel ? La réponse de Sam le hanta toute la nuit pendant qu’il conduisait.

 

Une heure après le lever du soleil, Snow se réveilla sur la banquette arrière. Se redressant, elle se frotta les yeux. Sam la repéra dans le rétroviseur et sentit sa poitrine se serrer. Elle aurait des questions. Qu’est-ce qu’il allait lui dire ?

Sam regarda Snow alors qu’elle regardait par la fenêtre, essayant de se relever. Après près d’un mile de mangroves et de projets de développement de logements, elle a rampé au-dessus de la console centrale, jusqu’au siège passager. Assis tranquillement, Sam fut le premier à parler.

« Mets ta ceinture de sécurité, Snow Pea. »

La petite fille fit ce qu’il lui avait dit. Un peu trop petite pour la bandoulière, elle grimpa dessous. Sous l’œil de Sam, elle se frotta à nouveau les yeux, puis le fixa.

« Où allons-nous, papa ? »

« Nous allons à Naples, Snow Pea. Sais-tu ce qu’il y a à Naples ? »

« Maman », dit Snow, peu impressionnée.

« Tu veux voir maman ? »

Snow regarda de l’autre côté pendant un moment, clarifiant sa réponse.

« Pourquoi allons-nous voir maman ? »

Mal à l’aise, Sam serra les lèvres, se préparant à lui dire la vérité. « Parce que papa continue de faire des erreurs, Snow Pea. »

« Pourquoi tu fais des erreurs, papa ? »

« Parce que papa est amoureux, chérie », admit-il pour la première fois.

« Est-ce que papa est amoureux de maman ? » Demanda Snow Pea en essayant de tout reconstituer.

«Non, mon cœur. Papa n’est pas amoureux de maman. Papa est amoureux de quelqu’un d’autre. »

 

 

Chapitre 2

 

Tom était assis dans une berline noire passe-partout, regardant l’immeuble de l’autre côté de la rue. Il avait retracé l’appel de Sam à un homme du nom de Felix Clarkson qui vivait à Orlando, en Floride. Tom n’était pas absolument sûr que c’était Sam qui avait appelé, mais le schéma se tenait et c’était le meilleur indice qu’il avait eu depuis des semaines.

« Là », fit remarquer Tom à son partenaire, alors qu’un homme s’arrêtait dans le parking de l’immeuble.

Les deux hommes se baissèrent sur le siège tout en surveillant de près le nouvel arrivant. Ils avaient besoin de savoir s’il entrerait dans l’appartement numéro quatre. Si oui, ils tenaient leur homme.

L’homme sortit de sa voiture et récupéra des sacs de courses dans le coffre. Verrouillant la voiture derrière lui, il monta les escaliers et s’arrêta devant la porte de l’appartement quatre. C’était lui. C’était l’heure d’y aller.

Tom et Bill sortirent de leur voiture et traversèrent la rue. Le cœur de Tom battait fort, comme à chaque fois qu’il entrait dans une situation de vie ou de mort. C’était l’une des raisons pour lesquelles il aimait son travail. Il se sentait vivant grâce au frisson de la poursuite.

Ce ne fut que lorsque Tom et Bill montèrent les escaliers en courant que Félix les repéra. La panique le frappa. Il ne savait pas ce qui se passait, mais il savait qu’il était en danger.

Il tordit la clé dans la serrure et tenta de s’échapper à l’intérieur. Ouvrant la porte, il jeta les sacs. Essayant de forcer la porte à fermer, il échoua. Quelqu’un s’y opposait, et ce quelqu’un était beaucoup plus fort que lui.

« FBI. Ouvrez la porte ! » Beugla Tom.

En entendant ces mots, Félix se figea. Ce fut suffisant pour que les deux hommes ouvrent grand la porte et maîtrisent Félix. Poussé en arrière, Félix trébucha pour retrouver son équilibre. Il leva les yeux vers les deux hommes qui entraient dans son appartement. L’un d’eux tenait un badge et tous deux avaient la main sur l’étui de leur pistolet.

« Que se passe-t-il ? » Questionna Félix.

« Dis-moi, y a-t-il quelqu’un ici avec toi ? » Demanda Tom, prêt à sortir son arme.

« Non, je suis seul. Que se passe-t-il ? »

Tom fit un signe de tête à Bill, le poussant à dégainer son arme et à vérifier le reste de l’appartement. Balayant rapidement la chambre et la salle de bain, il revint avec son arme à ses côtés.

« Il n’est pas là », déclara Bill.

« Qui n’est pas là ? Je ne comprends pas. »

Tom retira sa main de son arme et se détendit. Examinant Felix, il ferma la porte d’entrée et le conduisit vers le canapé. Bill attrapa deux chaises de la table à manger et les plaça devant l’homme effrayé.

« Felix Clarkson ? »

« Oui. »

« Je suis l’agent Tom Sweet, voici l’agent Bill McConnell. Nous sommes avec le FBI. Connaissez-vous un homme du nom de Sam Bitter ? »

« Sam Bitter ? Non. De quoi s’agit-il ? »

« Monsieur Clarkson, êtes-vous actuellement en possession de votre téléphone ? »

Félix toucha sa poche et le retira. « Oui, je l’ai ici. »

« Le FBI en aura besoin, monsieur », l’informa Bill.

Félix le remit à contrecœur. « Sérieusement, de quoi s’agit-il ? »

« Il y a deux nuits, nous avons reçu un appel d’un téléphone enregistré chez vous par un homme qui est un criminel connu. »

« Il y a deux nuits ? »

Felix réfléchit. En même temps, Tom sortit une photo de la poche de sa chemise.

” Reconnaissez-vous cet homme ? »

Félix regarda la photo et le reconnut aussitôt. C’était l’homme qu’il avait ramené du bar gay. Le corps de Félix se tendit.

« Le reconnaissez-vous, monsieur ? » Demanda patiemment Tom.

Les yeux de Felix se tournèrent vers Tom. Félix resta silencieux.

« Êtes-vous en danger, M. Clarkson ? »

Refusant d’en dire plus, il secoua la tête en signe de déni.

« Tu as rencontré cet homme ? » insista Tom.

Les yeux de Félix rebondirent sur Bill, puis de nouveau sur Tom. Tom regarda son partenaire, confirmant ses soupçons.

Bill pris la parole, perdant patience. « Retenir des preuves dans une enquête fédérale pourrait vous conduire en prison, monsieur Clarkson. Est-ce ce que vous recherchez ? »

Felix secoua la tête pour dire « Non », mais ne parla pas.

Bill continua. « Vous semblez avoir une assez belle vie ici, M. Clarkson. Voulez-vous vraiment faire obstacle à une enquête fédérale ? »

« Voulez-vous que votre nom fasse la une des journaux ? » Ajouta Tom.

« Pas de presse », répondit rapidement Félix.

Tom regarda Felix et plissa les yeux pendant qu’il rassemblait tout dans son esprit. Quand il parvint à une conclusion, il regarda autour de l’appartement à la recherche de preuves pour sa théorie. Il n’en trouva pas, mais il était prêt à tenter le coup.

« Bill, tu peux attendre dehors une seconde ? Je veux parler seul à Félix. »

Bill regarda son partenaire, confus.

« Donne-nous juste une minute », demanda Tom.

Bill lança un regard noir à Félix, et sortit de l’appartement. Tom regarda son suspect devenir plus nerveux au lieu de se détendre, comme il l’avait prévu.

« Monsieur Clarkson, une conversation ici, maintenant, pourrait nous faire partir, et il y a une chance que cette visite ne finisse jamais dans notre rapport. Mais pour que ça arrive, vous allez devoir me dire la vérité, et je vais devoir vous croire. Vous comprenez ? »

Félix secoua la tête en signe d’accord.

« Bien. Maintenant, il y a deux nuits, avez-vous rencontré Sam Bitter ? »

Félix secoua la tête « Oui ».

« Vous lui avez prêté votre téléphone ? »

Felix secoua la tête. « Non ».

« Saviez-vous qu’il avait utilisé votre téléphone ? »

Encore une fois, « non ».

« Est-ce qu’il s’est passé quelque chose entre vous deux que vous préféreriez garder secret ? »

« Oui », dit finalement Félix.

Tom regarda autour de l’appartement en essayant de confirmer ses soupçons. Encore une fois, il ne trouva aucune preuve le confirmant. Il posa quand même la question.

« Avez-vous eu une sorte de relation intime ? »

Félix baissa la tête avec honte.

« Dites-moi la vérité ou tout le monde en ville saura ce que vous avez fait. »

« Je l’ai invité chez moi mais je ne savais pas qui il était. »

Tom regarda Felix, croyant à peine ce qu’il entendait. « Et vous avez fait quoi exactement ? »

« Nous avons été intimes. »