BRÛLANT BLAZE

Chapitre 1

Blaze

 

 

Est-ce que vous avez déjà passé une nuit durant laquelle vous n’arrivez plus à en croire votre chance? Vous passez l’un des meilleurs moments de votre vie et avez l’impression d’être sur le toit du monde? Mais ensuite, la nuit se termine, vous vous dites que c’est fini, mais non, ça continue. Cette nuit géniale ne s’arrête jamais et aussi amusant que cela ait été lorsqu’elle s’est passée, vivre la même chose jour après jour n’est pas aussi amusant.

Laissez-moi vous parler de ma nuit sans le genre. Elle a commencé avec mon retour en ville et le fait que je me sente excité comme un puceau si vous me passez l’expression. Du coup, qu’est-ce que je fais? Ce que je fais d’habitude. J’appelle quelques amis et leur dis de dire aux leurs que j’organise une soirée.

Ce soir-là, l’ambiance est dantesque dans mon penthouse. Il y a des belles femmes partout et tout le monde s’amuse grâce à moi. Faisant le tour du propriétaire, je décide que je veux pour la nuit, «non, pas elle, pas elle. Oh, et pourquoi pas elles?»

Près du bar, à côté du DJ, je repère un duo de filles devant être des jumelles. Je me sens durcir rien qu’en les regardant. Je décide que je les veux toutes les deux, ce qui serait difficile, même pour moi. Mais je m’approche d’elles pour voir ce qui est possible.

«Vos verres semblent vides. Qu’est-ce que vous buvez?» Leur ai-je demandé.

«De l’eau» dit l’une d’elle avec un accès très sexy.

«De l’eau? Qu’est-ce que vous faites? Vous pouvez prendre ce que vous voulez. Attendez, vous êtes des sirènes toutes les deux?»

Les deux filles se sont regardées, perplexes. Mais elles ont dû trouver ça amusant puisqu’elles se sont mises à sourire. Lorsqu’elles se sont à nouveau tournées vers moi, j’ai dit :

«Les sirènes? Vous ne savez pas ce que c’est?»

La plus proche des deux me fit non de la tête.

«Ce sont des femmes incroyablement belles qui vivent dans l’océan. Elles ont des queues de poisson à la place de leurs jambes sauf quand elles sont sur la terre ferme. Mais lorsque c’est le cas, elles doivent continuer à boire de l’eau.»

Je ne suis pas sûr d’avoir bien retranscrit la légende, mais c’était suffisamment proche pour qu’elles comprennent.

«Ahhhh, des sirènes!» Elles ont gloussé. «Non, nous ne sommes pas des sirènes.»

«Vous êtes sures? Parce que je nagerais certainement à ma perte en vous pourchassant.»

Les filles rirent.

«Je suis désolé, je ne connais pas vos noms.»

«Je m’appelle Kaitlyn et voici Katia, ma sœur,» dit la plus belle des jumelles.

«Content de faire votre connaissance, je m’appelle Blaze. La soirée vous plait?»

Kaitlyn haussa les épaules.

«Vraiment?» Demandais-je, surpris par leur franchise. Les Européennes, pas vrai? «Vous savez pourquoi vous ne vous amusez pas ?»

«Pourquoi?» Demanda Kaitlyn.

J’ai fait un geste en direction de son verre. «L’eau.»

Elles sourirent toutes les deux, sachant que j’avais raison. «Nous ne buvons pas,» dit Kaitlyn.

Ça aurait dû être mon premier avertissement. Mais, qu’est-ce que vous voulez, elles étaient belles, donc je n’ai pas écouté.

«Vous savez pourquoi vous ne buvez pas ? Parce que vous n’avez jamais gouté un Dom Pérignon de 1982.»

Kaitlyn gloussa. «Vraiment?»

«Ça va changer votre vie,» leur dis-je, me sentant très confiant.

«Où pouvons-nous gouter ce Dom Pérignon?»

«Suivez-moi, j’en ai dans ma cave à vins. Je vous montrerais ce qu’est le vrai plaisir.»

«Nous sommes chez toi?» Demanda Katia, montrant enfin une lueur d’intérêt.

«En effet. Vous voulez visiter?»

Après leur avoir fait gouter le champagne et visiter les lieux, elles s’intéressaient beaucoup plus à ce qui se passait. Je savais ce que je devais faire ensuite. Je devais les laisser réfléchir à ce qu’elle venait de voir et profiter de la fin de leur verre. Cet endroit était conçu pour emmener les femmes dans la seule pièce que je ne leur avais pas montrée, ma chambre. Mais il fallait y aller doucement avec des femmes comme elles. Et parfois, vous aviez même besoin d’un petit coup de main.

Les laissant admirer les lieux, je m’assurais qu’elles me voient parler à quelques autres femmes. Je les vis me regarder. Elles avaient du mal à me quitter du regard puis elles finirent par en avoir assez et disparurent sur le balcon.

Il était évident qu’elles n’allaient pas être des cibles faciles, ce qui explique pourquoi lorsque j’ai vu Lane Toros entrer et se servir un verre, je faillis avoir une érection. Lane était le partenaire de chasse ultime. Cet homme était presque aussi beau que moi et gérait des milliards. Et en plus de ça, il pouvait faire se déshabiller une femme plus rapidement que sa gynéco. Ce type était talentueux.

Faire se joindre Lane à la chasse était exactement ce dont j’avais eu besoin. Quelques minutes plus tard, les jumelles étaient dans ma chambre en train d’enlever leurs robes à l’unisson. Lorsque Lane dit à sa fille de se concentrer sur moi, j’eus l’impression de monter au paradis. J’obtenais exactement ce dont j’avais besoin. J’avais deux jumelles autour de mon entrejambe et j’adorais ça.

Le problème apparut lorsque Lane partit brusquement. Ouais, ça m’a permis de me retrouver seul avec deux femmes, mais deux femmes, ça peut être dur à suivre. À un moment elles étaient toutes les deux sous moi alors que je leur donnais du plaisir. La seconde jouit et je me suis à nouveau concentré sur la première. Je pensais être en train de m’en sortir. À quel point est-ce que je me trompais?

J’étais à nouveau en train de pilonner Kaitlyn quand, apparemment, Katia récupéra son portemonnaie et sortit son téléphone. Je ne m’en suis rendu compte que lorsque l’appareil photo de celui-ci fut pointé vers moi. Est-ce que je l’ai arrêté comme l’aurait fait n’importe quel homme sain d’esprit? Bien sûr que non. J’ai une obsession malsaine avec le fait d’être enregistré. J’adore ça. Alors, quand j’ai vu que j’étais filmé, je me suis emparé des sœurs suédoises et me suis vraiment mis au travail.

J’aimerais pouvoir dire que je m’étais assuré que l’on ne puisse pas voir mon visage sur la vidéo avant qu’elles en partent. J’aimerais pouvoir dire ça. Mais je ne vais pas mentir, ce n’était pas le cas. Qui aurait pu s’attendre à ce que les filles veulent devenir des célébrités? Je vous le dis, Kim Kardashian a gâché le plaisir innocent de la sextape pour tout le monde.

Les filles auraient au moins pu avoir la politesse de me faire chanter. L’ont-elles fait? Non. De ce que je pouvais en dire, elles ne l’avaient même pas échangé contre de l’argent. Elles l’avaient simplement mise sur internet pour que tout le monde puisse la voir.

Étais-je gêné par une vidéo de moi me comportant comme un vrai étalon et vivant le fantasme de n’importe quel homme? Non. Katia avait capturé de belles images. Elle savait manier la caméra.

Non, le problème est que je ne suis plus un running-back de la NFL de 25 ans. Je suis le président d’une entreprise de biotechnologie cotée en bourse dont le conseil d’administration contenait des trous du cul. Les actionnaires n’étaient jamais contents lorsque leur PDG apparaissait dans les journaux à scandale pour une histoire de sextape. Peu importe à quel point ils étaient bien membrés sur les images. Les costards-cravates avaient un balai dans le cul pour ce genre de choses. La vie d’entreprise, hein?

«M. Turner, le conseil vous attend,» dit la réceptionniste avant de me faire entrer.

Je dois l’avouer, savoir que toutes les personnes que je connaissais avaient vu la vidéo était très excitant. La réceptionniste qui venait de me parler l’avait vu. Je pouvais le voir à sa façon de me regarder. Avant elle, le garde l’avait vu. Il n’y avait pas une personne que je croise dans la rue qui ne l’avait pas vue. Et mon Dieu ce que c’était bon.

«Blaze, nous allons vous demander de démissionner de votre poste en tant que PDG.»

«Pardon, quoi?» Demandais-je, certain d’avoir mal entendu.

J’ai fait le tour de la table du regard, fixant chaque homme dans les yeux? Qu’est-ce qui était en train de se passer?

«Je ne vais pas démissionner. C’est mon entreprise et je suis le principal actionnaire.»

«Vous êtes le plus grand actionnaire individuel, mais vous ne détenez que 49 % des actions avec droit de vote. Nous en détenons 51 %» dit Charles, le chef des trouducs, aux cheveux gris.

«Ouais, mais cela signifierait que chacun d’entre vous devrait voter pour me démettre. Il est impossible que vous pensiez tous que c’est une bonne idée… Je me trompe?»

J’ai regardé tous leurs visages et ils me regardèrent tous dans les yeux à l’exception de Dillion. C’était un ancien coéquipier à qui j’avais donné 1 % de l’entreprise dans le seul but de me soutenir. Ce bâtard m’avait trahi aussi.

«Écoute Blaze, tu as déjà mis l’entreprise dans l’embarras et le cours de l’entreprise est à nouveau en chute libre.»

 Vraiment? Je n’avais pas vu ça. Merde, la situation est sérieuse.

«Le marché ne vous voit pas comme quelqu’un de stable. Blaze, ce n’est pas que nous ne vous aimons pas. Vous avez créé cette entreprise, vous êtes le visage de cette entreprise. Mais c’est justement le problème. Votre petit numéro nous a couté des milliards de dollars en évaluation boursière. Milliards avec ‘M’, Blaze. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Le conseil doit réagir. Et à présent, vous devez démissionner,» expliqua Charles tel le salopard sans cœur qu’il était.

C’était à cet instant que j’ai dû me demander si la nuit avec les jumelles en valait la peine. Je sais, la réponse devait être évidente, mais vous n’étiez pas là. Elles étaient vraiment canon. Je vous prierais de vous référer à la vidéo.

«Je ne vais pas démissionner,» dis-je à Charles et aux autres.

«Nous ne vous donnons pas d’autre option,» dit Charles d’un ton de défi.

Nous en étions là lorsque la réceptionniste entra dans la pièce et chuchota quelque chose à l’oreille de Charles.

«Mettez là ici,» lui dit-il, me laissant le temps de trouver la meilleure réplique du monde.

«Je ne vais pas démissionner parce que… Laissez-moi vous le dire. Je ne vais pas démissionner parce que… Parce que…»

«… Blaze et moi sommes fiancés,» dit une voix en provenance de la télévision.

Attendez, je suis Blaze Turner, pensais-je en me tournant vers la télévision. J’ai reconnu la femme qui parlait. Elle s’appelait Ariel Katt. Elle était la PDG de Vermagin, une entreprise de biotechnologie rivale et une emerdeuse de classe mondiale. La dernière fois que je m’étais retrouvé dans la même pièce qu’elle, ça s’était terminé par une dispute s’était transformée en combat de nourriture et en 50000 $ de dégâts à une salle de conférence d’hôtel. Comme je l’avais dit, c’était une vraie emerdeuse.

Cela rendit encore plus étrange le fait de la voir à la télévision, organisant ce qui ressemblait à une conférence de presse pour déclarer être fiancée à un type qui s’appelait Blaze Turner. Combien y avait-il de Blaze Turner sur terre?

«Nos fiançailles vont peut-être être une surprise pour certains d’entre vous, d’autres pourront même être choqués, mais je peux vous assurer que c’est réel. Ce n’était qu’à cause de nos postes respectifs que nous avions décidé de rester discrets.»

«À la lueur de la vidéo sortie récemment, nous ne pouvons plus garder le silence. Oui, ceci ne donne pas une bonne image de moi. Oui, Blaze Turner m’a trompé. Mais, comme l’a dit la sage Tammy Wynette un jour, si vous l’aimez, vous lui pardonnerez. J’aime Blaze Turner, donc je resterais à ses côtés.»

Qu’est-ce que c’était que ce bor….

«C’est vrai?» Demanda Charles me faisant revenir à la réalité. «Blaze, est-ce vrai? Êtes-vous fiancé avec Ariel Katt?»

«Euhhh.»

On aurait pu croire que la réponse à cette question serait facile. Évidemment que je n’étais pas fiancé avec cette malade. La femme venait de convoquer une conférence de presse pour déclarer sa flamme pour moi dans un geste digne des pires harceleurs de l’histoire.

«Blaze, êtes-vous fiancé avec elle?» Demanda à nouveau Charles.

«Et si c’était le cas?»

«Cela rendrait les choses un peu différentes.»

«Parce que?» Demandais-je.

«Parce que les relations ne sont pas faciles. Ça ne plait à personne, mais les actionnaires sont prêts à pardonner l’infidélité si elle s’accompagne d’une vraie volonté de changement.»

«Donc, vous êtes en train de dire que si je suis fiancé, je ne serais pas obligé de démissionner?» Demandais-je, ayant du mal à en croire mes oreilles.

«Si vous étiez fiancé – vraiment fiancé – et que le monde entier vous voyait comme tel, alors le conseil pourrait certainement vous donner un peu de temps pour travailler sur votre relation»

«Et tout ça parce que…?» Demandais-je, ayant besoin d’une clarification.

«Parce que, qui n’a jamais connu ça?» Dit Charles en regardant autour de la table, à la recherche d’une confirmation.

Et bien est-ce que ce n’était pas génial? Qui aurait pu deviner que tout ce que j’avais à faire pour me sortir de ce merdier était de m’inventer une fiancée? Certainement pas moi. Si ça avait été le cas, Ariel Katt n’aurait pas été choisie dans le rôle principal. Mais je n’y avais pas pensé. Donc, voilà où nous en étions.

«Blaze, dites-moi, êtes-vous fiancé avec Ariel Katt?» Demanda Charles alors que tout le conseil me regardait, en attente d’une réponse.

 

 

Chapitre 2

Ariel

 

Petit fait méconnu : lorsque l’on parle de génie, moi, Ariel Katt, je suis leur reine. Vous ne me croyez pas ? Laissez-moi vous raconter ce qui venait de se passer. Je venais d’organiser une conférence de presse télévisée où je pardonnais son infidélité à Blaze Turner, mon fiancé. Suis-je vraiment fiancée à Blaze ? Dieu merci, non. Ce type n’est qu’un sportif avec plus de muscles que de cerveaux, complètement obsédé et avec un syndrome de Peter Pan carabiné. Il faudrait être une vraie idiote pour s’approcher de lui.

Du coup, vous êtes probablement en train de vous demander pourquoi j’ai fait ça. Pourquoi ai-je déclaré au monde que ce queutard avait gagné mon cœur et que j’allais rester à ses côtés comme un pathétique mollusque invertébré ? Parce que je suis la reine des génies, voilà pourquoi.

Malgré tous ses défauts, il y a une chose que Blaze a que les autres veulent. Quin Summers, son meilleur ami. Quin est un type étrange. Je le décrirais comme un mélange entre un introverti et un savant fou. Mais peut-être que c’est lui donner trop de crédit. Quin est un ingénieur en biotechnologie qui a fondé lune entreprise avec Blaze avant de partir de ladite entreprise pour faire des recherches tops secrètes seul de son côté.

Il s’avère que je sais en quoi consistent ces recherches. Et, laissez-moi vous dire que ça va changer le monde. Dans quelques années, l’humanité va être définie en deux instants, avant l’invention de Quin puis après. Cela signifie que l’entreprise qui contrôlera le brevet de cette invention pour influer profondément le monde.

Je sais que Quin n’a pas les moyens de mettre son invention sur le marché seul. Il devrait nager dans l’argent suite à son association avec Blaze, mais ce n’est pas le cas. Cela signifie qu’il aura besoin qu’une entreprise intervienne et investisse.

  C’est là que j’entre en jeu. Je possède Vermagin, une startup de biotechnologie au capital de cent-millions de dollars. Ça parait être beaucoup, pas vrai ? C’est parce que vous n’êtes pas dans cette industrie. Dans le meilleur des cas, cet argent représente quatre tentatives de renvoyer la balle. J’avais déjà fait mes quatre tentatives et j’avais échoué.

Mais il me reste de l’argent. Ce n’est pas celui de l’entreprise, c’est le mien. Je suis prête à investir dans ce coup sûr comme le ferait n’importe quelle personne saine d’esprit. Le seul souci est que Quin est un type étrange. Il ne fait confiance à personne et refuse de révéler en quoi consiste son invention.

Il s’avère que je sais ce que c’est. En fait, je suis peut-être même la seule personne en dehors de son labo à être dans ce cas. Je ne crois même pas que Blaze sache ce que c’est.

Ça signifie que je suis en pole position. Je peux conclure l’affaire du millénaire avant que qui que ce soit ne sache ce qui se passe. Et quelle est la seule chose dont j’ai besoin pour y arriver ? Je dois sauver ce crétin de Blaze de lui-même.

Imaginer ma joie quand un petit oiseau m’a dit que Blaze aurait une réunion avec ses actionnaires aujourd’hui pile à cette heure. Étant donné à quel point cette vidéo de lui et de ces deux femmes avait explosé, je n’avais pas besoin que mes informateurs me disent le sujet de la réunion. Ils allaient lui demander sa tête après ça. Le cours en bourse de son entreprise avait chuté de 50 %. Il faudrait un miracle pour que son entreprise s’en remette. Il faudrait un miracle pour sauver ses fesses. Appelez-moi la faiseuse de miracles.

À présent, je n’avais plus qu’à attendre un coup de fil. Vous vous demandez lequel ? Je vais vous le dire dans trois… Deux… Un… et…

Lorsque mon téléphone a sonné, j’ai souri, sachant exactement de qui il s’agissait.

« Allo ? »

« D’accord Ariel, quelle saloperie de coup fourré prépares-tu ? » Demanda Blaze à l’autre bout du fil.

« Blaze, ton langage s’il te plait, ce n’est pas une façon de parler à sa fiancée. »

« Tu n’es pas ma fiancée, » insista-t-il.

« Tu as complètement raison. Je suis ta putain de bouée de sauvetage, Blaze. Je suis la seule personne au monde à pouvoir sauver ton misérable cul de toi-même. Et pour ça, je mérite ton putain de respect ! »

Silence. Blaze n’avait rien à répondre à ça. C’était une bonne chose, ça signifiait qu’il savait que j’avais raison. Je le tenais. Je le tenais vraiment. Est-ce que je vous ai déjà dit que j’étais la reine de génies ?

« C’est mieux, » lui dis-je, me sentant bien plus détendue. « À présent, Blaze, fiancé chéri, je suggère que nous convenions de fixer un moment où nous pourrons nous retrouver et discuter de tout ça. Je te suggère de le faire vite, car qui sait à quelle vitesse un cœur volage pourrait choisir de changer sa position. »

« Quand veux-tu que l’on se voie ? » Demanda Blaze, vaincu.

« Pourquoi pas ce soir ? J’ai une salle de réunion réservée au Soho House à 19 h 30. Nous dinerons et discuterons de la nature de notre arrangement. »

« Notre arrangement ? »

« Quoi ? Tu pensais que je te sauvais les fesses par pure bonté d’âme ? »

« Tu n’as pas d’âme, » cracha Blaze.

« Enfin. Ce n’est pas une façon de parler à ta généreuse fiancée. Qu’est-ce que le monde penserait s’ils t’entendaient me parler comme ça après que j’ai fait preuve de tant de dévotion envers toi ? » Demandais-je, profitant de chaque seconde de cet instant.

« Tu es une femme maléfique, Ariel. »

« Continue à parler comme ça et je te montrerais à quel point je peux être maléfique. Tu sais ce qu’on dit, une femme humiliée, comme moi, est capable de tout. »

« Tu es un psychopathe. »

« Je te renvoie le compliment mon cher. Donc, on se voit là-bas ? »

Ce qui suivit fut une pause plus longue que ce à quoi je me serais attendu, mais il finit par dire, « Ouais, je serais là. »

Et c’est à cet instant que j’ai su que tous mes souhaits étaient sur le point de se réaliser. Est-ce que je peux vous dire à quel point je méritais ça ?

Laissez-moi vous dire quelque chose que l’industrie de la biotechnologie ne veut pas que vous sachiez. Elle est dirigée par un groupe d’égos masculins fragiles et rétrogrades avec un pied dans un seau de produits contre la chute des cheveux et les problèmes d’érection et un autre dans la mentalité des années 50.

À en juger tous les articles triomphalistes qu’ils écrivent à leur sujet, on aurait pu croire qu’ils seraient sur la voie du progrès depuis Marie Curie. Mais laissez-moi vous dire que ce sont des conneries. Ce n’est pas le cas du tout. Et de vrais changements ne se produiront pas tant qu’une meuf courageuse pète la porte de leur club de mec et secoue l’ordre établi comme une vieille nounou anglaise en colère.

Eh bien, laissez-moi vous présenter ladite meuf courageuse. Le prix à payer pour changer le monde pour vous, moi et toutes les femmes du monde est de s’incliner et de faire en sorte de rester aux côtés de mon homme. Mais laissez-moi vous dire que lorsque j’en aurai fini, l’ordre établi ne comprendra pas ce qu’il venait de prendre en pleine tête. Parce que, mesdames, les noix que je vais briser ne tombent pas des arbres.

 

 

 

 

Chapitre 3

Blaze

 

Mon Dieu ce que je la hais. Qu’est-ce qui cloche chez cette femme ? Est-ce qu’elle se rend compte de ce qu’elle fabrique ? C’est clairement une psychopathe. Comment avais-je réussi à me mettre dans cette situation ? Oh, c’est vrai, les jumelles. La vache, elles étaient canon.

D’accord, très bien. Clairement, cette sorcière avait une idée derrière la tête. Quel que soit l’arrangement auquel elle pensait, ça ne pouvait pas être si pire, pas vrai ? Je veux dire, je vais déjà avoir à écouter sa voix de sorcière en allant au rendez-vous. Qu’elle ce qu’elle pourrait proposer qui serait pire que ça ?

Peut-être que je n’aurais pas dû dire au conseil d’administration que j’étais fiancé. J’aurais pu leur dire la vérité. Ou, encore mieux, j’aurais pu utiliser son idée et me trouver une fiancée moi-même. Est-ce qu’ils m’auraient cru après avoir vu Ariel dire la même chose ? Probablement pas. Merde, cette femme savait vraiment comme baiser quelqu’un. Comment avait-elle fait ?

Vous savez quoi ? Je ne serais même pas surpris d’apprendre que c’était elle qui avait envoyé les jumelles à ma soirée. Ça ne m’étonnerait pas d’elle. Et bien, la voilà bien attrapée parce que je les ai bien baisées. Vous ne me croyez pas ? Regardez la vidéo. Et j’avais fait ça avec style.

Nan, je ne vais pas lui accorder le mérite d’avoir mis ces deux filles nues sur mon entrejambe. Tout ça m’était dû à moi… Et à Lane, bien sûr. Non, elle n’est qu’un vautour qui surveille le terrain, à la recherche de carcasses pourries afin de s’en nourrir.

Attendez, dans ce scénario je suis la carcasse pourrie donc oubliez ça. Elle est un vautour qui recherche une carcasse extrêmement bien bâtie et canon pour s’en nourrir… Humpf, je ne sais pas trop si c’est mieux, mais vous voyez ce que je veux dire.

La seule question à présent est quelle approche adopter pour cette réunion ? Est-ce que j’y vais, prêt à me battre, ou est-ce que je garde un esprit ouvert ? Étant donné qu’elle me tient par les couilles, peut-être que garder l’esprit ouvert serait une bonne idée.

D’un autre côté, depuis quand est-ce que je fais ce qui est malin ? Vous avez vu la vidéo avec les jumelles ? Fin de l’argumentaire.

J’avais beau redouter cette réunion avec la sorcière de l’ouest, j’avais quelque chose à faire avant ça. Pour commencer, j’avais besoin d’une coupe de cheveux. J’avais remis ça depuis trop longtemps. Tant que j’y étais, je pourrais en profiter pour me faire faire une manucure, je ne suis pas un animal. Et puisque je serais dans le coin, j’irais récupérer mes nouveaux costumes chez Robert, mon tailleur. Je ne porte que du sur-mesure. Et enfin, je dois passer à la salle de sport, soulever un peu de fonte.

J’avais beaucoup de choses à faire en trois heures. Je devais me dépêcher d’y aller. Est-ce que ça renverrait une bonne image de quitter le bureau tôt le jour où le conseil avait menacé de me virer ? Non, mais cette réunion était importante, je devais être prêt pour la bataille.

Une fois qu’il fut 19 h 30, je me sentais frais et prêt. Robert était un génie. Son costume m’allait comme une deuxième peau. Il était coupé de façon à mettre mes biceps fraichement travaillés en valeur et mes cheveux étaient magnifiques aujourd’hui. J’étais beau à tomber.

À la dernière minute, j’avais décidé de passer à mon caviste préféré et de prendre un Bordeaux de 95. Je trouvais ça approprié. Et, gardant ça à l’esprit, je suis entré dans le Soho House, prêt à affronter tout ce qui pourrait se passer ensuite.

« Je viens voir Ariel Katt, » dis-je au portier.

Le Soho House était un club privé pour ceux qui avaient plus d’argent que de temps. C’était un endroit prétentieux. Il y avait de nombreux acteurs connus et bien trop de types de Wall Street. C’était le genre d’endroit où des chefs d’entreprise puissants complotaient ensemble pour baiser les « gagne-petit ». Je détestais cet endroit et il était absolument logique que Ariel Katt soit l’un de ses membres.

Le rez-de-chaussée était un restaurant. Le premier étage était un salon à cigares. Le second avait des salles de cinéma privées et au quatrième se trouvaient des bureaux.

J’ai pris une longue inspiration en sortant de l’ascenseur. Je ne savais pas ce qui m’attendait, mais j’étais sûr que je n’allais pas aimer ça.

« Ariel ! » Dis-je avec mon sourire le plus charmant.

« Blaze, mon chéri, tu as réussi à venir, » dit-elle sur un ton tout aussi faux.

« Je n’aurais manqué notre fête de fiançailles pour rien au monde, tu le sais, » dis-je en traversant la pièce jusqu’à l’endroit où elle était assise.

« Bien évidemment, » dit-elle, me faisant signe de la rejoindre.

Je me suis assis en observant les alentours. Notre table se trouvait au fond d’une pièce étroite et Ariel était adossée à une grande fenêtre. Il faisait nuit et les lumières de la ville brillaient derrière elle.

Derrière moi à gauche se trouvaient un canapé en cuir et un fauteuil. Devant se trouvait une table à café. Cette zone devait être réservée aux digestifs après un repas. Quel meilleur endroit ou baiser les « gagne-petit » tout en étant bien installé.

« Qu’est-ce que tu as amené ? » Demanda Ariel en voyant le vin.

« Un Bordeaux de 95, » lui dis-je avec un sourire.

Je la regardais, me demandant si elle comprenait ce que je disais.

 « Un vin célébré à sa sortie et depuis considéré comme manquant de charme, » dit-elle en me regardant.

« Étant donné la compagnie, je le trouvais approprié, » dis-je, me sentant très content de mon choix.

« C’est malin. Comment est-ce que ta queue a pu penser à ça ? Au fait, est-ce que tu t’es filmé en train de coucher avec quelqu’un sur le chemin ? »

« D’accord, pour commencer, à propos de cette vidéo, je ne savais pas que j’étais filmé. »

« Blaze, tu t’es tourné vers la caméra, as montré tes biceps et as demandé si elle prenait ton bon profil. »

« Oui, mais je ne savais pas qu’elle enregistrait. »

« Tu t’es retiré de la fille, as montré ton pénis du doigt et as dit à la personne qui enregistrait de ‘ne pas rater ça’ avant de retourner en elle et de faire des mouvements exagérés avec tes hanches. »

« C’était censé être un moment intime qui resterait dans le domaine privé, » dis-je d’une voix un peu défaite.

« Tu as éjaculé partout sur les filles avant de dire à la caméra que ‘vous devriez mettre ça en ligne’ parce que, et je cite, ‘tout le monde devrait voir ça’. » 

« Où veux-tu en venir ? » Demandais-je, détestant encore plus Ariel.

« Je veux en venir au fait que tu t’es baisé tout seul et que tu as besoin de moi, » dit la sorcière avec un sourire autosatisfait. « Oh, et j’ai commandé pour toi. Tu vas prendre le poulet ce soir’, dit-elle comme une authentique connasse.

Je pris un instant pour regarder la personne que je détestais plus que tout face à moi à cette table. Qu’est-ce que cela devait faire d’être-elle ? Après tout, je n’avais jamais cousu de manteau en peau de chien donc je l’ignorais.

« Très bien, » dis-je, résigné. « J’ai fait une erreur. Nous faisons tous des erreurs et voici la mienne. J’ai laissé l’excitation de l’instant prendre le dessus sur moi et j’ai pris une mauvaise décision. Ça ne t’est jamais arrivé Ariel ? »

Ma question fit disparaitre son sourire arrogant. « Évidemment que j’ai déjà pris une mauvaise décision. Je suis assise face à toi à l’instant, non ? »

« Tu m’as invité, » lui dis-je, sentant le poids de la discussion.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. »

« Alors que voulais-tu dire ? »

« Je voulais dire que je ne serais pas assise là si je n’avais jamais pris de mauvaise décision. »

C’est à cet instant que nous avons entendu frapper à la porte.

« Entrez, » dit Ariel, invitant le serveur.

Sans dire un mot, celui-ci posant des assiettes remplies devant nous.

« Si vous voulez bien, » fit Ariel en montrant ma bouteille de vin puis son verre.

Le serveur ouvrit la bouteille et remplit nos deux verres. Lorsqu’il eut fini, il posa la bouteille sur une petite table, demanda si nous avions besoin de quoi que ce soit d’autre puis parti. Ariel leva son verre et me fit un sourire forcé.

« Aux mauvaises décisions, » dit-elle.

« Aux mauvaises décisions, » répétais-je avant de prendre une gorgée. Les critiques avaient raison. La cuvée 95 manquait définitivement de charme.

« Comment est le poulet ? » Demanda Ariel après un long silence.

« Bien, » lui dis-je alors qu’il était très bon. « Et toi ? »

« Pareil, » confirma-t-elle. « Alors, si nous passions aux choses sérieuses ? »

« Pourquoi pas ? » Dis-je en mettant un autre morceau de poulet dans ma bouche.

« Alors, tu as désespérément besoin que l’on réhabilite ta réputation… »

« Je ne dirais pas ça, » dis-je, détestant l’entendre dire.

« Alors que dirais-tu ? »

« Je dirais que j’ai désespérément besoin d’un changement de sujet, » dis-je en me forçant à sourire.

« Très bien. Tu as besoin d’un changement de sujet. Le sujet brulant actuellement est que tu t’es enregistré en train de baiser avec deux filles tout en te comportant comme un crétin ce qui a fait chuter le cours en bourse de ton entreprise et a poussé le conseil d’administration de ton entreprise à vouloir te remplacer en tant que PDG. J’ai raison ? »

J’ai lancé un regard suspicieux à Ariel. « Comment sais-tu pour le conseil ? »

« J’entends des bruits. Mais ce n’est pas l’important. Ce qui est important est comment tu vas réagir. Tu n’es pas le premier homme à mettre sa bite où il ne devrait pas et à t’attirer des ennuis à cause de ça. Bill Clinton a failli être démis de ses fonctions pour s’être fait sucer puis a quitté son poste de président avec l’un des taux de satisfaction les plus élevés de l’histoire. Le public pardonne aux hommes leurs indiscrétions tant qu’ils ont une femme brillante à leurs côtés. »

« Et tu es en train de dire que tu es cette femme ? »

« Je peux l’être. Ça va me demander beaucoup d’effort et j’en détesterais chaque seconde, mais c’est quelque chose dont je suis capable. »

« Et qu’est-ce que tu ferais exactement ? »

« Et bien, il y a de nombreuses options. La meilleure serait probablement de faire croire au monde que nous sommes vraiment fiancés. Si j’ai bien géré la conférence de presse, je devrais avoir attiré l’attention des tabloïdes. Je soupçonne notre serveur supposément discret d’avoir quitté cette pièce et d’avoir immédiatement appelé un ami paparazzi. Si je ne me trompe pas, il y en aura un qui nous attendra en bas à notre sortie, espérant prendre la première photo de nous en tant que couple. »

« Tu le penses ? »

« Je le sais, » dit Ariel d’un ton confiant. « Et cela nous donne une opportunité de leur en donner pour leur argent. »

« Donc nous devrions agir comme si nous étions fous l’un de l’autre ? » Demandais-je, redoutant cette idée.

« Bien sûr que non. Tu viens de te faire prendre en train de coucher avec deux autres femmes. Jamais je ne pourrais te pardonner ces conneries aussi rapidement. Non, tu as des ennuis là. Les gens doivent le savoir. Mais ce sera mon lent pardon qui permettra au public de te pardonner aussi. Puis, enfin, lorsque ton cours en bourse sera suffisamment remonté, nous pourrons annoncer notre rupture amicale et reprendre le cours de nos vies. »

« Et tu accepterais de faire ça ? » demandais-je, me disant que cela allait prendre un moment.

« Oui… À un certain prix. »

« Et quel est-il ? »

« Peut-être que nous devrions en parler dans le canapé, » suggéra-t-elle, semblant gagner du temps.

J’ai poussé mon assiette vide en avant et me suis levé. Laissant Ariel ouvrir la voie, je me suis assis au bord du canapé alors qu’elle s’est installée dans le fauteuil.

« Alors, que veux-tu Ariel ? Qu’est-ce que ça va me couter ? » Dis-je, en venant au fait.

 

« Pas grand-chose. En fait, tout ce dont j’ai besoin c’est quelques mots de ta part. »

« Comment ça ? »

Ariel se tortilla sur place. « Comment est ta relation avec Quin ? » Demanda-t-elle, mal à l’aise.

Je me suis figé.

« Quin ? tu veux dire Quin Summers ? »

« Évidemment Quin Summers. Qui d’autre ? » Craqua-t-elle.

J’aurais eu le droit de lui faire remarquer son manque de politesse, mais n’eus pas à le faire.

« Désolée. Oui, ton ancien partenaire en affaires, Quin, » dit-elle en se reprenant.

J’ai fixe Ariel du regard, ne sachant pas comment répondre. Que savait-elle ? Ma relation avec Quin était questionnable dans le meilleur des cas. Il serait plus exact de dire qu’elle était merdique.

Ce n’est pas ce que les autres en auraient dit ceci dit. De l’extérieur, les gens pensaient probablement que nous étions les meilleurs amis du monde. Après tout, nous avions commencé cette entreprise ensemble et nous étions allés à tous les évènements ensemble. Merde, nous mangions même ensemble tellement souvent qu’à un certain point, des gens s’étaient demandé si nous n’étions pas un couple. Ce n’était pas vraiment l’état des choses ceci dit.

Notre relation s’était vraiment détériorée juste avant que l’entreprise n’entre en bourse. L’un de nos conseillers nous avait donné de mauvais conseils. Il avait suggéré que, puisque j’étais le visage de l’entreprise, je devrais détenir la majorité des actions des fondateurs. Il pensait que les actionnaires potentiels seraient plus à l’aise face à quelqu’un qu’ils connaissaient déjà.

Cela ne serait qu’une différence d’un pour cent entre nous deux. En termes d’argent, ce n’était pas grand-chose. Mais cela me donnait une participation majoritaire. Alors, lorsqu’il fut temps de déposer le brevet de notre premier produit, ce fut fait à mon nom.

Apparemment, cela ne plut pas à Quin. Je veux dire, cela ne lui a vraiment pas plu. Et il a appris ça quelque jour avant notre entrée en bourses. Les choses menaçaient de partir hors de contrôle donc je me suis arrangé pour conclure un autre accord qui assurerait que Quin soit compensé de manière adéquate et qu’en échange il ne fasse pas exploser le cours lors de l’entrée en bourse. Il a singé le contrat et l’annexe qui y était attachée.

L’annexe indiquait clairement qu’il ne pouvait pas parler de moi en termes dérogatoires et que lors de toutes ses apparitions en public, il devait se comporter comme si tout allait bien entre nous. Il avait accepté et l’avait honoré. Mais il avait aussi vendu ses parts dans l’entreprise le plus rapidement possible.

Peut-être que les choses entre nous ne seraient pas aussi mauvaises si peu après qu’il ait vendu ses parts, le prix de l’action n’avait pas été multiplié par dix. Et qu’ensuite, au bout d’une autre année il ait à nouveau été multiplié par dix. Il avait obtenu aux alentours de deux-millions pour des actions qui avaient augmenté jusqu’à valoir près d’un demi-milliard. Oups ! Et puisque notre accord l’obligeait à me vendre ses parts, j’étais devenu incroyablement riche.

Hé, ce n’était pas moi qui lui avais dit de vendre. En fait, j’avais même tenté de le convaincre de ne pas le faire. Il était mon ami. Merde, c’était même mon meilleur ami. Lors des mes années en tant que footballeur pro, c’était lui que j’appelais après les matchs. Durant la fin de saison, je vivais dans une maison dans la même rue que lui. Et, lorsque j’avais enfin gagné suffisamment d’argent pour pouvoir me le permettre, je l’avais engagé pour qu’il travaille pour moi.

Donc, techniquement, lorsqu’il a inventé le supplément autour duquel nous avions basé notre entreprise, il travaillait pour moi. Légalement, le brevet m’appartenait. Peu importe ce qu’il disait, je n’avais rien volé. Malheureusement, ce n’était pas sa vision des choses.

Le problème qui se posait à présent était que cela faisait un moment que nous ne nous étions pas parlé. À nouveau, à cause de l’annexe dans son contrat, personne ne pouvait être au courant de notre éloignement. Mais il était définitivement amer. Alors, à présent, avec Ariel qui me demandait quelle était ma relation avec Quin, je me demandais ce que j’étais censé répondre.

« Elle est bonne, » dis-je à Ariel pour tout résumer. Ouais, bonne, pourquoi cette question ? »

Ariel se tourna dans son fauteuil, mal à l’aise. « Parce qu’en échange de mon aide pour sauver ta réputation, j’ai besoin d’une faveur. J’ai besoin que tu convainques Quin de laisser mon entreprise financer ses recherches. »

« Ses recherches ? » Demandais-je, ne sachant pas où en était Quin.

« Ouais, je suppose que tu ne connais pas les détails de ses dernières recherches ? »

« Quoi, il a découvert un nouveau supplément ? »

« Supplément ? Non. D’accord, donc il ne t’a rien dit. Et bien, ce qu’il recherche n’est pas important. Ce qui l’est est que tu le convainques de me laisser le financer. Tu penses pouvoir faire ça ? »

Laissez-moi réfléchir. Est-ce que je pourrais convaincre le type qui me haïssait de laisser la femme que je haïssais financer ses recherches ? Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de difficile là-dedans ?

« Pourquoi est-ce que je ne te mettrais pas tout simplement en contact avec lui ? Ainsi tu pourrais le convaincre toi-même. »

« Ça ne marchera pas, j’ai besoin que tu utilises ton influence sur lui pour le convaincre de le faire. »

Mon influence sur lui ? C’était hilarant. Je ne pourrais pas le convaincre de respirer s’il s’étouffait.

« Écoute Ariel, je vais être franc avec toi. Je sais qu’on dirait que tout va bien entre Quin et moi, mais ce n’est pas vraiment le cas. »

« Que veux-tu dire ? »

« Comment dire ça ? Il pourrait m’en vouloir un peu, vu la façon dont les choses se sont terminées au niveau de l’entreprise. »

« Mais c’était il y a trois ans, non ? »

« Exactement. »

« Exactement,’ répéta-t-elle.

« En effet, » confirmais-je, perplexe.

« Oh, tu crois qu’il t’en veut encore pour l’avoir baisé pour son brevet ? »

« Son brevet ? Je crois que tu parles du brevet qu’il a créé alors que je l’employais. »

« Ouais, je sais ce qui s’est passé avec ce brevet, » dit-elle, pas intéressée.

« Attends, comment est-ce que tu pourrais savoir ça ? »

« Parce qu’il me l’a dit. »

« Pourquoi est-ce qu’il t’aurait dit ça à toi ? »

« Que veux-tu dire ? »

« Comment ça, que veux-tu dire ? »

Ariel pencha la tête et me regarda en coin. « Tu sais que lui et moi nous sommes fréquentés, pas vrai ? »

Bordel de merde ? Attendez, quoi ? QUOI ? Pour commencer, je l’ignorais. Ensuite, bordel de merde !

Vous pourriez vous demander pourquoi j’étais aussi surpris. Et bien, demandez-vous qui mettrait volontairement sa queue là-dedans. Mais, au-delà de ça, j’étais certain à 98 % que Quin préférait les hommes. Il ne l’avait jamais dit, mais il n’avait jamais eu besoin de le dire.

Quin et moi avions été amis depuis le lycée et durant tout ce temps, il n’avait jamais fréquenté personne. Il parlait à peine à qui que ce soit. D’accord, de temps en temps lorsque je parlais d’une nana au hasard que je me tapais, il parlait d’une fille qui l’intéressait, mais cela n’avait jamais été convaincant. Il aurait pu aussi bien dire qu’il avait une petite amie au Canada avec laquelle il avait perdu sa virginité cet été.

Et son célibat permanent n’était pas la seule raison pour laquelle j’avais pensé qu’il était gay. L’autre était que j’aurais pu jurer que je l’intéressais. Ce n’était pas une action en particulier. C’était tout un comportement.

C’était l’air sur son visage lorsque je le surprenais à me regarder. C’était le fait qu’il ait toujours du temps pour moi, jour ou nuit. D’accord, il travaillait pour moi une partie de ce temps, mais j’avais toujours eu l’impression que c’était plus que ça.